« Le pigment, c’est ce qu’est le GPS avec boussole », résume, en souriant, l’ingénieur formé à l’Ecole des Mines de Paris. Lorsqu’une entreprise cherche à augmenter ses revenus, l’outil d’analyse de données de Pigment devrait « l’aider à prendre l’autoroute », voire à changer complètement de trajectoire en cas d’accident, comme une inflation plus élevée que prévu risquant d’affecter son activité, poursuit-elle. , poussant la métaphore.
Eléonore Crespo est partie du constat que les grandes entreprises géraient leurs revenus et leurs marges sur des tableurs Excel qui n’étaient pas « faits pour avoir beaucoup de données en même -, au même endroit ».
IA. Pour se démarquer des géants comme Microsoft, SAP ou Salesforce, sa start-up mise sur l’intelligence artificielle (IA) générative qui permet de centraliser et de connecter les données d’une entreprise pour y apporter des réponses instantanées.
Grâce à cette technologie, « nous sommes capables de construire des modèles à la vitesse de la lumière », qu’ils soient financiers, commerciaux ou destinés aux équipes des ressources humaines, ajoute le trentenaire. Cette « démocratisation des données » doit permettre aux entreprises « d’accélérer la prise de décision », selon elle.
Une vision qui semble séduire. Pigment, qui compte près de 400 salariés, a réussi à lever 134 millions d’euros en avril, l’une des plus grosses levées de fonds de la French Tech en 2024.
Prisme international. Les fonds serviront à gagner des parts de marché, à investir dans de nouveaux pays et à accélérer dans l’IA avec un doublement de l’équipe d’ingénierie, explique l’entrepreneur. Les Etats-Unis constituent déjà le premier marché pour la start-up, dont les bureaux sont répartis entre Paris, New York, Toronto, Londres et bientôt San Francisco, et qui compte 500 clients dans le monde.
Un prisme international qui s’explique par le parcours d’Eléonore Crespo, qui a travaillé chez le géant parapétrolier Schlumberger au Texas, JCDecaux à New York, Google et le fonds d’investissement anglo-saxon Index Ventures.
L’accent mis sur l’intelligence artificielle, au-delà d’être dans l’air du -, est aussi lié à l’expérience de la jeune femme, diplômée d’un master de physique quantique à l’ENS Paris-Saclay. .
“Très masculin.” « Pour bien comprendre le fond de l’IA, il faut quand même avoir des connaissances assez poussées en physique », note-t-elle, dans les locaux lumineux de Pigment, au cœur de la capitale.
Ses modèles ? Bret Taylor, président d’OpenAI ou Demis Hassabis, fondateur de DeepMind (racheté par Google en 2014), « les penseurs du siècle à venir », confie-t-elle.
Engagé pour l’écologie et les questions d’inclusion dans le numérique, le chef d’entreprise a récemment élaboré avec la secrétaire d’État chargée de l’Intelligence artificielle du gouvernement Barnier, Clara Chappaz, un pacte il y a deux ans pour injecter plus de parité dans une start-up « très masculine » univers.
« Pour comprendre ». « Nous sommes encore dans un monde assez asymétrique », constate-t-elle. « Plus nous aurons d’exemples, plus nous serons dans un cercle vertueux qui montrera que c’est possible », conclut l’entrepreneur, qui dit n’avoir jamais été freinée personnellement dans ses ambitions.
Fille d’un professeur de lettres classiques et d’un médecin, Eléonore Crespo, qui a grandi en Savoie, a été attirée très tôt par les mathématiques et la physique pour « comprendre les choses le plus possible ».
“Je me souviens d’un élève très motivé, très organisé, qui posait beaucoup de questions et était très curieux”, raconte à l’AFP Philippe Mustar, qui fut son professeur à l’Ecole des Mines.
“Conducteur”. Aujourd’hui, en tant que patronne, c’est une figure « énergique », « ambitieuse », « à laquelle tout le monde s’accroche et qui sait motiver les troupes », raconte Romain Niccoli, avec qui elle a cofondé Pigment en 2019.
« Éléonore est capable de présenter une vision et de rassembler, mais plus en chef d’orchestre de terrain qu’en leader inaccessible », explique-t-il.
Daxia ROUGE
© Agence France-Presse
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