Ces dernières années, nous avons croisé le Lannionnais Jean-Claude Simon dans des associations comme Trégor Swing ou Loisir danse Trégor. Il est également moniteur de cyclisme au Trégor bicyclette. On ignore souvent que le souriant Trégorrois est un pionnier de l’optique et de la transmission de données laser.
Retraité depuis 2013, il soutient toujours, en tant que professeur émérite, les travaux des jeunes chercheurs de l’Institut Foton d’Enssat, où il a enseigné de 2000 à 2011. En juin, le physicien s’est de nouveau vu décerner le prix Léon Brillouin, du nom d’un physicien français. exilé aux États-Unis en 1940. Jean-Claude Simon connaît un succès modeste : « Je n’étais pas candidat. Le directeur de l’Institut Foton m’a demandé si j’acceptais de soumettre ma candidature. Je savais que c’était un plus pour le labo, notamment par rapport au CNRS auquel il est associé et qui lui confère des moyens et des postes, j’ai dit oui. »
L’aube de la fibre optique
La carrière de Jean-Claude Simon dans les lasers débute lors de ses études à Paris : « Le laser me fascinait, j’ai donc soutenu ma thèse en 1975 dans ce domaine. » Il arrive ensuite à Lannion pour visiter et rejoindre le laboratoire d’étude des transmissions et des lasers du Cnet (Centre national d’études des télécommunications), à l’aube des travaux sur la fibre optique, qui conduit la lumière et l’information. Cnet, rattachée au ministère des Postes et Télécommunications, devient alors un laboratoire de France Télécom, puis d’Orange.
Son idée : transposer les circuits électroniques en optique et amplifier l’effet laser, afin de transmettre plus d’informations plus rapidement. Un succès, selon l’Institut Foton : « Il obtient des premières mondiales en matière d’amplification dans les lasers à semi-conducteurs. Dix ans avant l’avènement des premiers amplificateurs à fibre, il réussit à démontrer que l’amplification optique constituait une solution viable pour les communications optiques. » Tout cela à une époque où il y a moins d’informations à transmettre. La radio et la télévision étaient diffusées par micro-ondes, les téléphones fonctionnaient via des fils de cuivre et Internet en était à ses balbutiements.
« Une grande liberté et des moyens »
« Afin d’amplifier le signal par diode laser, j’ai acheté aux Etats-Unis des composants bon marché sur lesquels j’ai réalisé des couches minces supplémentaires », explique le physicien, avant de préciser : « Pour faire un laser, il faut des miroirs. Pour l’amplifier, il faut supprimer les miroirs, c’était l’objectif des couches minces. Cela valait une publication scientifique. C’est à ce moment-là que les gens ont commencé à y croire, car on peut intégrer une immense quantité de données dans un seul composant ! »
Jean-Claude Simon vante les années passées chez Cnet : « Nous avions une grande liberté et des ressources, notamment grâce à mon patron, Michel Tréheux, qui y a cru. » Il quitte France Télécoms en 1998, au moment du lancement des premières start-up. Certains de ses collègues choisissent de créer des entreprises, il rejoint le milieu universitaire. « Le directeur de l’Enssat m’a contacté et j’ai préparé un projet financé par l’État et la région pour créer un laboratoire qui hébergerait les recherches et les compétences de France Télécom. »
Le prix Léon Brillouin couronne donc des années de recherche rythmées par de nombreuses avancées et 267 publications scientifiques souvent citées. Ce que le physicien se garde bien de préciser.
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