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BlueCare Discovery développe un médicament à base de microalgues pour protéger le cerveau

Alimentation humaine et animale, cosmétique, énergies alternatives… Les domaines d’application des organismes microscopiques unicellulaires que sont les microalgues sont nombreux. Et ils pourraient encore se développer dans les années à venir, notamment dans le domaine médical. La recherche et l’industrie pharmaceutique manifestent en effet un intérêt croissant pour les vertus thérapeutiques de certaines microalgues, pour prévenir et traiter les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’obésité, certains cancers et les maladies neurodégénératives.

C’est à cette dernière famille de maladies, qui entraînent une détérioration progressive des cellules nerveuses du cerveau et pour lesquelles le vieillissement est le principal facteur de risque, que Benoît Serive a choisi de se consacrer. « Je suis passionné par le milieu marin depuis mon plus jeune âge et je travaille dans le domaine de la valorisation des bioressources marines depuis près de 30 ans », confie le fondateur de BlueCare découverte à Mer et Marine.

Potentiel thérapeutique des molécules naturelles

Son parcours débute par un BEP maritime en cultures marines en alternance, complété par des études supérieures en biologie marine et biochimie réalisées notamment à l’Université de Nantes. Il poursuit ses études par un doctorat en pharmacognosie marine et océanographie, réalisé à l’Ifremer et obtenu en 2012. « La pharmacognosie est la science qui étudie les molécules biologiques naturelles à des fins thérapeutiques », explique Benoît Serive.

Ses recherches lui permettent d’acquérir une expertise sur plusieurs familles de molécules de microalgues. Il continue de développer ses compétences au Griffith Institute for Drug Discovery de Brisbane (Australie) pendant deux ans. « Mon projet était alors d’étudier le potentiel thérapeutique de molécules issues de plus de 7 500 espèces de la Grande Barrière de Corail, comme les éponges, les mollusques, les algues, les ascidies, etc.

De la survie des microalgues à celle des neurones ?

Au cours de ses années de recherche, et avec sa double mission en biologie marine et en recherche biomédicale, Benoît Serive constate que certaines molécules de microalgues jouent un rôle crucial dans leur survie en milieu marin. Il émet alors l’hypothèse que l’action positive de ces molécules sur les microalgues pourrait être transposée à l’homme. Et plus précisément, à son cerveau.

« Un cerveau sain possède un arsenal de molécules endogènes lui permettant de lutter contre la neuroinflammation, le stress oxydatif, la mort cellulaire, etc. », explique le chercheur. Cependant, des études cliniques ont montré que certaines de ces molécules disparaissaient chez les personnes souffrant de déclin cognitif et de maladies neurodégénératives. « Compléter le cerveau avec des molécules de microalgues proches de molécules endogènes au cerveau pourrait bien contrebalancer les déviations physiopathologiques du cerveau, qui surviennent lors du développement de certaines maladies neurodégénératives. Ces molécules sont également bien acceptées par le cerveau.

Nom de code : BCD-s1184

De retour en France, Benoît Serive prend le temps de mûrir son idée et se rapproche en 2022 du start-up studio à impact nantais, Imagination Machine. Il fonde ensuite sa start-up BlueCare découverte en septembre de la même année, avec l’ambition de se positionner, non pas sur le marché des compléments alimentaires, mais sur celui du médicament, « car cette molécule a le potentiel d’atteindre le cadre réglementaire pharmaceutique ». .

« Le biomimétisme est au cœur de la stratégie de développement de BlueCare Discovery », précise l’entrepreneur. Le candidat médicament en cours de développement, dont le nom de code interne est BCD-s1184, s’appuie ainsi sur les propriétés naturelles de certaines molécules de microalgues pour les appliquer aux besoins humains. On parle aussi de bioinspiration. « La nature a mis des milliards d’années à innover, à développer des molécules très efficaces pour les systèmes biologiques, il suffit de savoir observer et dénicher ces innovations, plutôt que d’essayer de réinventer la roue à notre échelle de temps. »

« Depuis plusieurs décennies, les chercheurs tentent de créer de nouvelles molécules actives pour la neurologie mais sans grand succès, car, bien souvent, ces molécules de synthèse ou ces immunothérapies n’ont pas vocation à se retrouver dans le cerveau, qui est naturellement protégé de l’extérieur par un membrane appelée barrière hémato-encéphalique », poursuit Benoît Serive. Il considère que l’approche « très originale » de la découverte de BlueCare relance l’espoir de développer un nouveau traitement efficace et sûr contre certaines maladies neurodégénératives, mais « un changement de paradigme dans le développement de nouveaux médicaments ».

Avec Algosolis à Saint-Nazaire et le Neurocampus de Bordeaux

Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant de mettre sur le marché un traitement qui cherchera non seulement à atténuer les symptômes de la maladie, mais également à agir sur ses mécanismes sous-jacents. Outre les tests in vitro pour comprendre les mécanismes d’action de la molécule, un premier essai préclinique a été réalisé en 2023, afin d’évaluer son efficacité.

Ces tests aux « résultats prometteurs » ont été rendus possibles grâce à une première levée de fonds de 220 000 euros, comprenant un investissement d’amorçage d’Imagination Machine et des business angels, complétée par diverses subventions (BPI France, Région Pays de la Loire, etc.). Pour la partie recherche en neurobiologie, Benoît Serive a fait appel à l’expertise du Neurocampus de l’Université de Bordeaux. Et pour travailler sur la bioproduction de l’actif par les microalgues, qui sont de « véritables usines biologiques à faible coût carbone à usage industriel », il a bénéficié de l’aide de la plateforme régionale de R&D sur les microalgues Algosolis à Saint-Nazaire. .

152 millions de personnes en 2050

Sa « technologie de rupture » s’inscrit dans la médecine de précision, qui vise à adapter les traitements à chaque patient de manière spécifique et ciblée, au stade pré-maladie et dans la phase des premiers symptômes légers, avant qu’elle ne devienne trop complexe. manipulé. S’il n’existe actuellement aucun traitement curatif pour la plupart des maladies neurodégénératives, la découverte de BlueCare espère proposer à terme un traitement innovant qui permettra de « retarder, limiter, voire empêcher la progression de certaines maladies comme la frontodémence ». temporel », précise Benoît Serive. « L’objectif ultime est de permettre aux personnes de vivre le plus longtemps possible en bonne santé, tout en préservant leur autonomie. »

Selon les dernières projections de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 152 millions de personnes seront touchées par une maladie neurodégénérative en 2050. Et avec 10 millions de nouveaux cas de démence par an, selon l’OMS, les besoins sont énormes, et le La course au financement pour développer de nouveaux traitements est mondiale. Mais la situation est difficile pour les biotechs, qui peinent désormais à trouver des investisseurs. Après l’euphorie de la période Covid, ils se montrent plus prudents depuis 2022, dans un contexte économique globalement morose. Benoît Serive lance actuellement sa prochaine campagne de financement, afin de financer un nouvel essai préclinique sur un modèle pathologique spécifique. «Je suis toujours à la recherche d’investisseurs», déclare le fondateur de BlueCare Discovery, qui espère mettre son médicament sur le marché d’ici 2032.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans le consentement du ou des auteurs.

 
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