Retour d’expérience du Design sprint : immersion dans les mines artisanales de Namibie

Cette année encore, les étudiants du master CCST (Communication et Culture Scientifique et Technique) de Grenoble ont relevé le défi de «écrire des informations scientifiques » en moins d’une semaine, sous la forme d’un Sprint de conception.

???? La méthode de Sprint de conception est une approche de travail collaborative et intensive, destinée à résoudre des problèmes complexes et à tester des idées dans un délai très court (ici, en quatre jours). Il combine les principes du design thinking, du prototypage et des tests utilisateurs pour transformer une idée en une solution concrète et testée.

L’objectif de ce module ? Permettre aux étudiants d’exercer leur pensée créative, de consolider leurs compétences en production médiatique et en gestion de projet, tout en s’affranchissant des barrières qui entravent souvent la créativité ????

Et quoi de mieux que de prendre l’air pour développer son imaginaire ? Bingo, ou plutôt Eurêka ! Nous partons à Chambéry pour découvrir où se déroulera notre projet. La mission des étudiants est de scénario et prototype un dispositif de médiation destiné aux visiteurs du Galerie EurêkaCentre de Culture Scientifique Technique et Industrielle (CCSTI) de Chambéry. Leur défi consiste donc à concilier les contraintes propres à la galerie et celles du projet. ARTICLE LABEX Géotourcréer un problème de médiation scientifique. 

Le contexte

Le projet LABEX ITEM Géoextour, porté par le laboratoire EDYTEM, porte sur la valorisation du patrimoine naturel et culturel dans les territoires fragiles, notamment à travers le développement des géoparcs. L’un de ses domaines de recherche se situe à Namibieoù les tensions entre l’exploitation des mines artisanales et le conservation des zones protégéescomme les sites d’art rupestre. Le projet vise à concilier ces activités en proposant des solutions pour médiation sensibiliser le public, tout en favorisant un tourisme géologique durable, respectueux des populations locales et de l’environnement ????

La Namibie est un grand pays d’Afrique australe. Colonisée par l’Allemagne, elle obtient son indépendance en 1990. La Namibie est connue dans le monde entier pour sa richesse en ressources minérales. Le diamant, l’uranium, le cuivre et l’or sont des minéraux qui comptent parmi ses principales exportations. L’exploitation minière a commencé à se développer après l’indépendance du pays, puis a connu un essor considérable, notamment lors de la pandémie de Covid-19. Cette activité constitue aujourd’hui la principale Source de revenus financiers du pays. Il existe des mines industrielles (grandes exploitations dotées de technologies avancées) et des mines artisanales (mineurs indépendants ou en coopératives, travaillant souvent de manière informelle). ⛏

Jour 1 : Découverte du projet dans la Galerie Eureka à Chambéry

La semaine a débuté par une présentation approfondie des enjeux du projet par Mélanie Duval (USMB – CNRS), Marie Forget (USMB), Justin Missaghieh-Poncet (USMB), Hugo Quemin (USMB), Antoine Latarge (USMB), chercheurs du laboratoire Edytem et Jean-Yves Maugendre, directeur de la galerie Eureka. Ils nous ont expliqué les objectifs et les contraintes, tant scientifiques que muséographiques, afin de nous permettre de mieux comprendre les attentes. Par exemple, nous avons pu apprendre que le public de la galerie était majoritairement familial et que pour ce projet, il faut contacter le public adulte.

A l’issue de cette séance, quatre équipes ont été constituées. Notre équipe, nommée “Les cailloux curieux », est composé de cinq membres aux compétences complémentaires ????

• Audrey aime particulièrement l’écriture de scénarios et la narration
• Leila a un esprit créatif très développé et adore l’artisanat.
• Thibault, inventif et joueur, possède de bonnes capacités de narration et d’écriture
• Jeanne, la plus organisée, gère la gestion de projet au sein de l’équipe
• Camille préfère les réseaux sociaux et les jolis visuels

Chaque groupe a commencé par créer un personnageou un visiteur type de la galerie, afin d’identifier clairement le public cible. On vous présente Philippe ! ????????

Philippe, 41 ans, est coach sportif. Il est père de 2 enfants âgés de 9 et 14 ans avec qui il aime faire des sorties sportives et culturelles. Passionné de bricolage, il adore les activités manuelles. Il vient avec sa femme et ses deux enfants à la Galerie pour s’ouvrir sur le monde et développer sa culture.

Ensuite, chaque équipe a proposé un problématique autour duquel le système de médiation pourrait être structuré.

Jour 2 : Choix de la problématique et idéation (toujours à Chambéry)

Cette deuxième journée a été consacrée à partage d’idées. Nous avons choisi une problématique commune, qui permettrait au public de la galerie d’avoir une porte d’entrée personnelle vers les travaux de recherche du laboratoire :

???????? Comment sensibiliser le public aux enjeux économiques, aspects sociaux et environnementaux de l’origine des pierres semi-précieuses à travers l’exemple des mines artisanales en Namibie ?

Dans le même temps, un la veille sur les projets des années précédentes a été réalisé pour voir ce qui pouvait être réalisé en quelques jours.

Chacun a proposé des idées de système autour de cette problématique, avant de les rassembler dans un tableau Excel pour sélectionner les plus prometteuses. Au final, quatre ont été sélectionnés et chaque groupe s’est vu attribuer un de ces appareils pour développer son prototype. Pour les Cailloux Curieux, c’est le tunnel immersif (notre préféré !!????) qui sera développé.

Nous avons alors commencé à travailler en équipe pour imaginer notre système, avant de préparer un pitch destiné à être présenté aux sponsors. La journée s’est terminée par une présentation des quatre projets à l’équipe de recherche et au personnel de la galerie, suivie d’une séance de questions/réponses pour nous guider ????

Vous pouvez suivre les aventures des 3 autres équipes en lisant leurs articles :

???????? Le jeu de société « C’est dans la poche »

???????? Le bac de fouille

???????? L’exposition photographique

C’est déjà la fin de notre séjour à Chambéry, nous retournons à Grenoble pour travailler sur nos projets ! ????

Jour 3 : Prototypage de l’appareil

Notre système de médiation, le tunnel immersif, a commencé à prendre forme lors de cette journée dédiée à prototypage.

Nous avons imaginé, dans la plus grande salle de la galerie, recréer le parcours depuis le camp minier jusqu’à l’achat des pierres sur les marchés. Le tunnel représenterait la plus grande partie de la salle, pour s’immerger dans les mines artisanales namibiennes. A l’intérieur, ambiance tamisée, bruits de pioches et de pierres, équipements, citations et explications permettent de mieux comprendre les conditions de travail des mineurs, au-delà de l’effet « waouh ».

Nous avons donc construit un une partie du tunnel en taille réellegrâce aux matériaux disponibles (duvets, cartons, tissus). Nous avons intégré une bande sonore aux enregistrements des chercheurs, pour coller au plus près de la réalité. Visuellement, le tunnel était sombre mais les accessoires que nous avions placés (petites pierres en strass, citations, cordes) étaient visibles grâce aux lampes de poche. A la sortie, des craies huileuses sont à votre disposition pour laisser votre empreinte sur un fresque d’art rupestre. Ce prototype permettait d’imaginer l’expérience immersive que vivrait le visiteur ????

Parallèlement, nous avons réalisé une Modélisation SketchUp de la pièce entière et j’ai esquissé un papier de plan détaillé.

Jour 4 : Préparation de la présentation finale

Cette dernière journée était dédiée à finitions et la préparation du présentation finale. Nous avons ajusté les détails de notre prototype et affiné notre pitch, en vue de le présenter aux chercheurs, au directeur de la galerie, aux nouveaux étudiants en master et à nos professeurs.

Le tunnel immersif que nous avons conçu a été très apprécié. Il proposait une expérience visuelle, sonore et tactile, plongeant les testeurs dans un voyage au cœur des mines artisanales de Namibie et des espaces protégés qui les entourent. Le module participatif a aussi eu son petit effet : admirez le talent sur la photo ci-dessous !! ✍???? Notre système visait à sensibiliser le public aux enjeux environnementaux et culturels de la région, tout en offrant une expérience éducative ludique (et impressionnante !✨).

Conclusion

Cette semaine (intense) a permis à notre équipe de développer non seulement un dispositif sur un nouveau sujet, mais également de nouvelles compétences en gestion de projet, en storytelling et en prototypage. Le format de sprint de conception s’est avéré être un cadre idéal pour libérer notre créativité tout en répondant à notre problématique en un temps record ! ???????? De la part des sponsors, les retours ont été très positifs : ils ont même été surpris du niveau d’avancement, compte tenu des quelques jours dont nous disposions pour créer nos appareils.

Article rédigé par Jeanne Nurizzo, Audrey Le Borgne, Leila Dufresne, Thibault et Camille Lathuile