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Un mois sans hommes, la nouvelle thérapie tendance

Léger comme certains amours éphémères, Le retour de Saturne combine amour et littérature dans une histoire qui résonne comme une quête de soi et de reconnaissance. Ce n’est pas un hasard si la jeune Daphné Tamage, belle comme le jour, a tant aimé Martin Éden par Jack London, qu’elle considère comme son alter ego masculin. “Avant de tomber amoureux, je suis tombé amoureux des personnages de romans. »nous raconte-t-elle lors de son passage à Bruxelles, ville où elle est née et à laquelle elle consacrera prochainement un guide pour les éditions L’arbre qui marche.

L’adaptation audacieuse de Martin Eden par Pietro Marcello

Léger donc, mais aussi drôle et « culotté », l’auteur optant régulièrement pour la franchise qui ajoute du piquant à son récit. Où “je“une petite queue” de son dernier amant est présent dès la première page et où la narratrice ose avouer sa jalousie pour sa meilleure amie qui réussit tout, malgré une maladie dégénérative. Pas de tabou, on l’aura compris et si l’héroïne Apolline n’est pas le sosie de Daphné Tamage, elle lui ressemble à plus d’un titre.

L’abstinence

Son éditeur annonce à Apolline qu’elle recevra une avance considérable pour écrire un deuxième roman. “L’argent, avec l’amour et le sexe, est ce dont j’avais le plus besoin au monde. elle écrit. Mais voilà, son psychologue, pour la libérer de son addiction, vient de lui prescrire… un mois sans hommes ! En effet, nous devons survivre au fameux retour de Saturne, annoncé tous les trente ans, selon les astrologues, et responsable d’un véritable chaos dans nos vies. « J’ai écrit cette histoire il y a deux ans mais c’est drôle de voir que l’abstinence devient une tendance sur Tik Tok. Des jeunes femmes se filment en plein manque.»

Apolline se dirige donc vers l’Aveyron, vers le magnifique village de Conques avec son incroyable abbatiale qui abrite le tympan semi-circulaire du Jugement dernier, une des œuvres majeures de la sculpture romane de la première moitié du XIIe siècle. On y retrouve également les célèbres vitraux de Soulages et ses déclinaisons grises. Elle s’installe dans la maison presque abandonnée de sa tante Suzanne-la-Belge, joyeusement fantasque, trouve, comme indiqué, la clé sous le pot de fleur, et entame un ménage de printemps au son du carillon. Mais pourquoi Conques ? “J’y suis allé quand ma vie était dans le chaos. Conques est un village très particulier lorsqu’il est déserté par ses touristes et pèlerins. Le chemin pour y arriver est difficile. Il est isolé du monde. Je ne pouvais pas ne pas le comprendre. J’ai vu à quel point il était stimulant d’être entouré de l’omniprésence de la religion et du sacré. Dans les moments de détresse, on y revient toujours

Pierre Soulages, le départ d’un géant.

Peu de temps après son arrivée, « la abstinente » rencontre frère Charles, qui la dérange immédiatement, comme le raconte l’auteur avec l’humour et l’irrévérence qui la caractérisent. Mais Charles est par définition inaccessible. Elle le trouvera peut-être sexy lorsqu’il répare son réfrigérateur ou viendra à son secours, ou tombera amoureuse de ses yeux bruns et de ses cheveux épais, mais il ne lui appartiendra probablement jamais. En attendant, et comme chacun donne ses conseils pour aider l’héroïne à aller mieux, Apolline dresse sa timeline avec tous les hommes qui ont compté, un retour sur le passé moins intéressant, à notre avis.

Ce qui compte, cela dit, c’est l’avis de chacun. Daphné Tamage nous confie que ce deuxième roman lui a permis de s’affirmer.et ce n’est pas rien car nous essayons tellement de nous conformer à ce qu’on attend de nous. J’ai décidé de ne pas me censurer. C’est la première fois que je fais ça et c’est profondément libérateur..» De cette liberté émerge une tonalité originale et prometteuse.

Le retour de Saturne | Roman | Daphné Tamage | Stock, 235 pp., 20 €, numérique 15 €.

EXTRAIT

« Je me suis présenté au boulanger.

– Vous êtes la filleule de Suzanne-la-Belge. Que faites-vous ici?

J’ai hésité. « Écrire un roman » me paraissait très prétentieux. « Guérissez-moi des hommes » un peu trop féminin et pleurnicheur. « Supprimez-moi » lui aurait paru un peu alarmiste.

– Je rénove sa maison. “C’est le chantier de construction là-bas”, dis-je en désignant le sommet du village.

 
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