Le premier ministre du Québec, François Legault, n’a cessé de vanter le bilan de gaz à effet de serre (GES) de la province, soulignant que les émissions par habitant sont inférieures à celles de la moyenne canadienne. Mais pris individuellement, les Québécois émettent beaucoup trop de ces gaz polluants pour être cohérents avec l’objectif de limiter les dérèglements climatiques.
«Je suis très fier de pouvoir dire que, si on regarde le niveau de gaz à effet de serre par personne, nous avons le taux le plus bas au Canada et le plus bas aux États-Unis», a déclaré le premier ministre Legault. à New York en 2023, saluant les efforts de son gouvernement en matière de transition énergétique.
Selon le plus récent bilan disponible des émissions de GES du Québec, celui de 2022, les émissions moyennes s’élevaient à 9,1 tonnes par habitant. À titre de comparaison, la moyenne canadienne dépasse les 18 tonnes, tout comme celle des Américains, soit le double de la moyenne québécoise. « De 1990 à 2022, les émissions par habitant ont diminué de 25,1 % », précise aussi le plus récent rapport québécois.
Les pays les plus pauvres de la planète – dont beaucoup subissent déjà les effets de la crise climatique – ont des émissions de GES par habitant bien inférieures. La moyenne pour les pays d’Amérique latine et des Caraïbes est de 2,64 tonnes. En Afrique subsaharienne, cela représente 0,76 tonne, indiquent les données de la Banque mondiale.
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les émissions moyennes par habitant à l’échelle mondiale devraient cependant être réduites à 2 tonnes pour espérer atteindre l’objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement à +1,5°C. , par rapport à l’ère préindustrielle. À 9,1 tonnes, les émissions par habitant du Québec sont 4,5 fois trop élevées pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux.
Et ce n’est pas tout, puisque la consommation des ressources des Québécois est également trop élevée, selon ce qui ressort d’un document publié l’automne dernier par Recyc-Québec, et qui met en avant le fait que notre modèle économique « linéaire » repose sur la surconsommation des ressources.
Globalement, le Québec est responsable d’une « empreinte matérielle importante » de 271 millions de tonnes de ressources par année, soit 32 tonnes par habitant, « qui dépasse largement la moyenne mondiale ». Et un Québécois consomme en moyenne plus de 570 litres d’eau potable par jour, contre 130 litres par jour en France.
Cette réalité résulte, selon l’étude, du fait que « la province a un niveau de circularité relativement faible » puisqu’à peine 3,5% de l’économie est considérée comme circulaire, donc liée à un système de production de consommation. visant à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service. La moyenne mondiale est de 7,2 %.
« C’est un mensonge de se présenter comme une entreprise verte », conclut Yves-Marie Abraham, professeur au Département de gestion de HEC Montréal. « Tout nous démontre que le mode de vie des Québécois est l’un des pires de la planète, selon un certain nombre d’indicateurs. Nous sommes parmi les grands destructeurs du monde. S’il y a une entreprise qu’il ne faut pas imiter, c’est bien la nôtre. Mais il ne s’agit pas de faire la leçon aux Québécois, puisque le changement nécessite des décisions politiques et une transformation profonde de nos sociétés. »