Sous la pénombre, des dizaines de joueurs ont les yeux rivés sur leur ordinateur. Au milieu, les parents de la petite Romane, dix ans, découvrent l’univers des gamers. « Je ne m’attendais pas du tout à cette ambiance » dit la mère, « avec des équipes comme ça. C’est sympa ! L’équipement est également impressionnant. Le papa, ancien joueur, découvre les nouveaux jeux « Je ne connaissais pas du tout ces jeux qui ressemblent à Call of Duty. Je jouais à World of Warcraft ». Leur fils envisage déjà d’y aller “Vraiment, ça me donne envie !”
En revanche, cette passion est sous contrôle à la maison. « Pas de jeux vidéo la semaine puisqu’il y a l’école et un peu le week-end. Parce qu’il y a déjà des activités sportives aussi. Il y a pas mal de choses organisées le week-end en général »explique la mère. Le fils est satisfait de cet emploi du temps, même s’il avoue qu’il aimerait “plus, mais mes parents ne voudront jamais”.
Un autre suivi effectué par ses parents concerne les jeux en ligne. “Nous ne pouvons pas le contrôler, donc nous avons toujours un peu peur” décide le papa qui apprécie pourtant le monde des jeux vidéo multijoueurs en ligne « pourtant, on sait que c’est un lieu d’échange, un lieu de sociabilité ». Dans la salle en effet, des joueurs venus de toute la France, qui se connaissaient parfois à travers cette passion et se réunissaient pour jouer côte à côte.
« Il y a des termes qu’on ne comprend pas du tout. Nous sommes vraiment perdus »
Les consoles restent encore une des solutions les plus simples pour jouer à plusieurs dans une même pièce. Anne-Laure, maman, bat son fils de 10 ans à Street Fighter II, jeu emblématique des années 90. “C’est moi qui mène, d’habitude, c’est toujours moi qui gagne !”, rigole Romane, dont les parents contrôlent aussi le temps passé devant les écrans.
Si les parents aiment les jeux vidéo, ils se sentent un peu exclus. Papa Antoine, concède « qu’il y a des termes qu’on ne comprend pas du tout. Nous sommes vraiment perdus. » Alors son conseil pour rester dans le jeu et surtout soutenir ses enfants dans leur passion est de jouer en famille à des jeux moins violents et coopératifs.
Plus de 330 passionnés réunis autour du jeu vidéo
Cette année, l’édition Halloween de la Gamers Assembly a une nouvelle fois attiré plus de 330 gamers ce week-end à Saint Benoit près de Poitiers. L’événement est organisé par l’association Futurolan, qui prépare la grande sœur de ce rendez-vous, la Gamers Assembly, un événement majeur de l’E-sport dont la prochaine édition aura lieu en avril 2025 au parc des expositions de Poitiers.
Ce week-end, au Hune Show Room, c’est une version réduite avec toujours des tournois de jeux vidéo comme League Of Legends, Valorant, Teamfight Tactics avec 5 000 euros de cash prize, mais aussi des tournois amateurs avec des lots à gagner. Des activités étaient également organisées : espace de réalité virtuelle, jeux de coopération, découverte des jeux de société avec la mission locale du centre et du sud de Vienne.
Parmi les participants, on retrouve toujours une écrasante majorité d’hommes, mais on croise toujours de plus en plus de joueuses très motivées et tout aussi passionnées. « En fait, je joue à beaucoup de choses. J’ai découvert le jeu vidéo il y a quatre ans, pendant le Covid-19, sur Among Us notamment” nous raconte Tsyka, 37 ans, qui peut y passer ses soirées ou ne pas jouer pendant plusieurs jours, «Maintenant, j’essaie de découvrir un peu tout. Voilà, j’aime un peu tous les styles, mais j’aime les choses de compétition où je peux quand même me faire plaisir.
Océane, la vingtaine, est venue s’amuser, mais participe aux compétitions de League of Legends. « Pour moi, il s’agit plutôt de jouer avec les gens. Je ne sais pas vraiment ce que j’aime dans la compétition. Ce que j’aime, c’est vraiment pouvoir être avec mes amis » dit le joueur qui passe deux heures par jour à jouer, “Ensuite, c’était l’occasion de se retrouver autour d’un événement pour pouvoir essayer de montrer le meilleur de nous-mêmes.”
Comme beaucoup, les deux joueuses espèrent voir de plus en plus de femmes lors de ces événements, et notamment dans les compétitions. Sur place, Julie, étudiante à la maîtrise, accompagne une équipe. Elle a développé une association qui forme et accompagne une dizaine de joueurs, dont la moitié sont des femmes. « Actuellement, j’ai deux équipes, une équipe masculine et une équipe féminine. C’est comme une académie pour développer les talents, pour donner une chance à ces filles qui veulent un jour jouer en semi-pro »dit l’étudiant, « Je pense que dans le monde du jeu vidéo, on est très très souvent un peu marginalisés. C’est un peu un projet pour prouver qu’on peut changer.