8h31 par Dolorès CHARLES
Thibaut Fournel (planche)
Crédit : Yann Launay
Une planche de surf à base de champignons : c’est ce qu’ont développé Thibaut Fournel et Pierre Thomas, les créateurs de « Koz Surfboards », dans le Morbihan. Rencontre signée Yann Launay.
Thibaut et Pierre cultivent littéralement des planches de surf dans leur atelier de Carnac (56). Les deux Bretons, qui ont créé « Planches de surf Koz »vouloir démontrer les capacités du mycélium, la partie souterraine des champignons, ces filaments qui peuvent rapidement former un vaste réseau. Après de multiples tests, les résultats sont désormais parfaitement maîtrisés et surprenants. Ils parviennent à créer une planche de surf… faite de champignon.
Quel est le processus de fabrication ?
« Nous allons récupérer les déchets végétaux, explique Thibaut : paille, chanvre, etc… On mélangera avec du mycélium et un peu d’eau. Nous allons mettre tout cela dans un moule en forme de planche de surf. Il y a des conditions à remplir : on est sur un organisme vivant, il a besoin de manger, et il doit avoir une certaine oxygénation. Mais à partir de ce moment-là, vous lui faites faire à peu près ce que vous voulez. On attendra 5 jours, le champignon va croître et agglomérer les déchets végétaux, et on aura une forme complète.
Ensuite nous le sécherons, et nous y ajouterons de la fibre de lin et de la résine biosourcée. Ce sont des planches beaucoup plus souples que les planches en plastique traditionnelles… protégées par des fibres de lin et de la résine, elles ne seront pas détruites par l’eau une fois immergées.
Crédit : Yann Launay
Thibaut et Pierre remplissent un moule de déchets végétaux, et le mycélium en se développant fait le reste, cimentant les déchets entre eux et comblant tous les vides. La planche est démoulée, séchée et recouverte de fibres de lin et de résine. L’objectif est de proposer des planches aussi solides que n’importe quelle planche en plastique, mais nettement plus durables.
Planches “auto-réparable“
Dans tous les sens du terme, puisque ces planches seront «auto-réparable« . Démonstration avec une planche d’essai volontairement percée par Thibaut. « On a enlevé toute la matière endommagée, on l’a à nouveau mélangée et pasteurisée, on a réinjecté un peu de mycélium à l’intérieur. On le laisse pousser et on voit les champignons sortir du plateau. Cela a comblé le trou. L’objectif est que les gens puissent le faire eux-mêmes. Nous sommes en train de voir comment nous pourrions peut-être proposer des kits, pour que les gens ouvrent la zone endommagée, y mettent la matière vivante et laissent le champignon agir.
Thibaut Fournel (planche brute)
Crédit : Yann Launay
L’objectif à terme est de proposer des planches entièrement biodégradables, voire compostables. Des planches développées dans le souci de préserver l’environnement, et de démontrer les pouvoirs encore méconnus du mycélium. « La masse d’une forêt en général est constituée de 60 à 70 % de mycélium. S’il n’y a pas de mycélium, il n’y a pas de vie et on s’appropriera ses pouvoirs consolidateurs pour fabriquer des planches de surf.
Si on peut fabriquer une planche de surf, après tout tout est possible…
Le surf est un super médium, c’est un objet relativement simple, et en même temps super complexe car il y a plein de formes à avoir, il y a des contraintes de poids, des contraintes de chocs, etc… L’idée était de se dire : si on peut faire une planche de surf, alors tout est possible. On pourrait par exemple fabriquer des pales d’éoliennes, on peut l’utiliser comme matériau isolant, on peut l’utiliser comme emballage, pour transporter et protéger vos téléviseurs… La seule limite est l’imagination.
Planche de surf (ponçage)
Crédit : Yann Launay
Thibaut et Pierre cherchent désormais à rendre leurs planches entièrement biodégradables.
Ils prévoient un lancement commercial en 2025, avec des modèles vendus autour de 450 euros, pour les rendre accessibles au plus grand nombre.