Par Peter MURPHY
« Beaucoup de gens pensent qu’il est facile d’être influenceur, qu’il suffit de publier des vidéos de 60 secondes sur TikTok. Mais c’est bien plus que ça ! explique Marta Hughes Bravo, étudiante d’un tout nouveau cursus dédié à ce métier dans une université irlandaise. Depuis septembre, la jeune femme suit des cours de « Création de contenu et réseaux sociaux », dispensés pendant quatre ans à la South East Technological University (SETU) à Carlow, à 80 km de Dublin.
La carrière d’influenceur n’est apparue que récemment, mais elle attire de nombreux jeunes de la génération Z, nés entre 1997 et 2012. “C’est quelque chose qui se développe énormément”, explique le réalisateur à l’AFP. du parcours – une première en Irlande -, Irene McCormick. Cet ancien producteur de télévision a commencé par proposer un cours d’été intensif animé par des TikTokers, qui a attiré 350 candidatures pour 30 places.
« Le projet a eu un succès fou, on a vu qu’il y avait une énorme appétence, donc on a décidé de passer au niveau diplôme », explique-t-elle. La formation enseigne aux aspirants influenceurs comment transformer leur présence et leur contenu sur des plateformes comme Instagram, TikTok et YouTube en une Source de revenus. Après deux ans de préparation, le cours a été approuvé et a accueilli le mois dernier sa première promotion de 15 étudiants.
Dans le campus ultramoderne, entre les cours, ils discutent, prennent des selfies, scrollent sur leurs smartphones. “Mes amis me disent toujours que je parle beaucoup, je me suis dit que peut-être je pourrais gagner de l’argent avec ça et tenter cette formation”, raconte Harry Odife, 22 ans, dans le studio de télévision où il participe à un jeu de rôle.
La plupart des étudiants sont déjà immergés dans le monde numérique mais recherchent des outils et un savoir-faire supplémentaires, selon Mme McCormick. « Vous pouvez essayer d’apprendre par vous-même à la maison, mais acquérir des connaissances pratiques et théoriques sur la manière d’atteindre un public cible fera une grande différence dans votre carrière », dit-elle.
Le terme « influenceur » – une personne connue sur les réseaux sociaux, qui utilise sa célébrité pour recommander, promouvoir ou susciter l’intérêt pour des produits et des marques, souvent contre rémunération – n’est entré dans le dictionnaire que récemment.
Les plus populaires, comme les YouTubers MrBeast ou KSI, touchent des audiences considérables et tirent des revenus importants de leurs partenariats avec des marques ou des publicités. « Nous souhaitons savoir comment monétiser votre influence auprès d’un large public en ligne », explique McCormick.
«Je poste beaucoup de coiffures que je fais sur TikTok et Instagram, j’aimerais apprendre à en faire un vrai business», explique Favor Ehuchie, coiffeuse de 18 ans. Marta Hughes Bravo, passionnée d’équitation, affirme que les haras recherchent désormais du personnel capable de maîtriser les médias sociaux.
Les cours diplômants comprennent la création vidéo, des cours d’entrepreneuriat, de psychologie et de narration, l’analyse de données et la production de podcasts. La création de contenu implique « l’édition, la planification, l’organisation, etc., cela prend plus de temps qu’on ne le pense, les gens ne comprennent pas vraiment cela », explique Marta Hughes Bravo.
Les étudiants apprennent à utiliser des caméras et des microphones et effectuent des stages. « Apprendre à être à l’aise devant les caméras nous aidera à prendre confiance en nous, quel que soit notre métier », souligne une autre étudiante, Naoise Kelly, précisant que sa priorité absolue n’est pas de devenir la prochaine star des réseaux sociaux. Selon Mme McCormick, les possibilités d’emploi sont nombreuses.
« Environ 70 % des marketeurs considèrent aujourd’hui que les influenceurs sont l’avenir du marketing, les gouvernements les utilisent aussi pour faire passer des messages », souligne-t-elle. “Les publications des influenceurs sur les réseaux sociaux peuvent parfois être frivoles, mais l’activité elle-même ne l’est pas, c’est une affaire très sérieuse.”
