un essai raté de l’application de rencontres sociales Timeleft

À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier voyage surtout en fuite, son bureau dans son sac à dos, à la recherche de sujets et de gens fascinants. Il s’adresse à tout le monde et s’intéresse à tous les horizons dans cette chronique urbaine.

Voulez-vous briser l’isolement, rencontrer de nouvelles personnes et peut-être même trouver l’amour ? Essayez donc comme moi l’application Timeleft dont l’algorithme regroupe des tableaux de six inconnus sur fond d’affinités… à condition que les personnes inscrites daignent se présenter !

J’arrive au restaurant à 19 heures précises.

Un collègue de table attend sur une banquette en demi-lune à imprimé léopard sous une tête d’éléphant.

Timeleft a sélectionné pour nous sur Le Plateau le restaurant éthiopien Le Nil bleu, à Saint-Denis, qui est un de mes préférés à Montréal.

L’adresse ne nous a été révélée que dans la matinée.

Nous n’apprenons l’adresse de la réunion que ce matin-là.

Louis-Philippe Messier

Des autres invités mystère, on ne connaît que leur domaine professionnel, leur nationalité et… leur signe astrologique (oui !).

Voici le peu que nous savons sur ses compagnons de table potentiels.

Louis-Philippe Messier

Le premier arrivé, Nicolas, 42 ans, est concepteur technique pour Hydro-Québec.

Lui et moi commandons une bière en attendant les autres. Nous attendrons longtemps.

Pour le social, pas pour le sexe

Alors quelle est cette application qui m’a fait payer 22$ pour attendre Godot ?

Timeleft, comme son nom l’indique, est une création française…

Cette application de rencontre n’a pas officiellement une vocation libidinale-romantique.

C’est un outil de socialisation : rencontrer cinq nouvelles personnes de votre âge, moitié hommes, moitié femmes, autour d’un repas peut apporter beaucoup d’oxygène social.

«Nous avons conçu la recette Coca-Cola pour un bon dîner», vantait le fondateur, Maxime Barbier, basé à Paris, dans un entretien avec mon collègue Julien McEvoy il y a quelques mois.

Autre aspect symbolique bien français de Timeleft, hormis le nom inutilement anglais : ça se passe autour de la table… comme dans ces films où la conversation pendant le repas occupe une place prépondérante.

Ces derniers mois, sa popularité a explosé.

Déjà plus de 260 villes sont accessibles sur l’application qui s’occupe de réserver des tables dans les bons restaurants.

« Ça nous amène des clients tous les mercredis, c’est bien ! » se réjouit Romain, notre serveur.

Quel bon endroit que le Nil Bleu pour ce type de rencontre : l’ambiance est joyeuse et les plats sont servis sur une épaisse crêpe Injera que l’on mange avec les doigts.


Au restaurant Le Nil Bleu, on mange avec les doigts avec la crêpe éthiopienne sur laquelle est posé la nourriture.

Louis-Philippe Messier

Aucune excuse

Après presque trente minutes, un troisième invité se présente : Marius, 40 ans.

L’application nous dira plus tard que notre table était prévue pour huit personnes : Annie, Souhade, Benoit, Amé et Marie-Claire sont restés des fantômes.


avec Nicolas

Louis-Philippe Messier

Vers 20h15, une poêlée de filet mignon sauce Awaze me console de cet improbable échec.

Marius et Nicolas ont payé 22 dollars ce dîner à six ou huit qui n’aura jamais lieu car, nouvellement célibataires, ils espéraient peut-être rencontrer une femme intéressante… et non vivre un tête-à-tête à trois entre hommes hétérosexuels d’une quarantaine d’années.

Les cinq absents ont également payé d’avance la candidature… qui a donc empoché son argent malgré le flop.

Et le restaurant nous a réservé sa grande table pour rien…

L’application n’a pas émis de message d’excuses lorsque j’ai indiqué que 5 des 8 invités manquaient à la table.

J’ai demandé un remboursement. Ils m’ont proposé de me donner un crédit pour mon prochain dîner.


avec Nicolas

Ma demande de remboursement…

Louis-Philippe Messier

Vais-je y aller ? Probablement.

Cette deuxième expérience sera sûrement moins frustrante que la première.

 
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