La flore laurentienne, d’hier à aujourd’hui

L’été dernier, le film Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles par Lyne Charlebois a ravivé l’intérêt pour le frère Marie-Victorin. Le fondateur du Jardin botanique de Montréal est également l’auteur de Flore laurentienneet ouvrage dans lequel il décrit plus d’un millier de plantes. Depuis sa publication en 1935, combien d’espèces ont disparu et combien ont été découvertes ?


Publié à 2h00

Mis à jour à 7h00

Des centaines d’ajouts…

Flore laurentienne s’intéressait particulièrement à la vallée du Saint-Laurent, note l’actuel conservateur de l’herbier Marie-Victorin, Étienne Léveillé-Bourret.

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Étienne Léveillé-Bourret, curator of the Marie-Victorin herbarium

« De nombreuses espèces du Grand Nord ont été identifiées depuis et qui ne pouvaient pas exister dans Flore laurentienne parce qu’ils sont en dehors de son territoire. »

Le nombre d’espèces végétales au Québec est aujourd’hui plus de deux fois supérieur à celui décrit dans Flore laurentienne : 3500 contre 1500. Un millier d’espèces ont été identifiées depuis la dernière édition de Flore laurentienneen 1995.

Parmi ces ajouts, la majorité sont de nouvelles espèces indigènes, précise M. Léveillé-Bourret. Entre 1995 et aujourd’hui, 261 espèces exotiques ont été identifiées et 744 nouvelles espèces indigènes.

…et quelques disparitions

Le nombre de disparitions est bien moindre. Selon le décompte de M. Léveillé-Bourret, seulement huit espèces ont disparu entre 1995 et aujourd’hui.

«Souvent, les espèces ici se situent à l’extrémité nord de leur aire de répartition», souligne M. Léveillé-Bourret. En cas d’urbanisation ou d’autres perturbations, ils sont plus vulnérables qu’aux États-Unis ou en Ontario, où ils restent souvent abondants. »

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PHOTO DU SITE INATURALISTE

Mésochorée du Carex est maintenant disparu au Québec.

Le frère Marie-Victorin a également commis certaines erreurs. C’est le cas de Mésochorée du Carexdisparu au Québec. “Elle n’a pas été mentionnée dans Flore laurentiennemais il l’avait récupéré. Il l’avait mal identifiée. On sait donc qu’elle était au Québec dans les années 1920 ou 1930, mais elle n’y est plus maintenant. »

Mésochorée du Carex est cependant abondant en Ontario et aux États-Unis.

Exemples

  • >Asclépiade tubéreuse : après quelques signalements entre 1974 et 1995, le caractère indigène de cette espèce rare au Québec a été établi en 2000.>

    COMMUNES WIKIMEDIA

    Asclépiade tubéreuse : après quelques signalements entre 1974 et 1995, le caractère indigène de cette espèce rare au Québec a été établi en 2000.

  • >La monarde tachetée : cette espèce rare originaire des milieux sableux a été découverte en 1994.>

    COMMUNES WIKIMEDIA

    La monarde tachetée : cette espèce rare originaire des milieux sableux a été découverte en 1994.

  • >L'iris faux accord : cette espèce envahissante a été évoquée lors d'un voyage en Flandre, en France, par Marie-Victorin. Mais dans Flore laurentienne, elle n'est mentionnée que dans la deuxième édition, en 1964.>

    COMMUNES WIKIMEDIA

    L’iris faux accord : cette espèce envahissante a été évoquée lors d’un voyage en Flandre, en France, par Marie-Victorin. Mais dans La flore laurentienne, il n’est mentionné que dans la deuxième édition, en 1964.

  • >Le myriophylle à épi se propage dans plusieurs lacs du Québec. Cette espèce envahissante était probablement présente au Québec dès 1927, selon M. Léveillé-Bourret. Mais cela n'a pas été mentionné par Flore laurentienne avant la troisième édition, en 1995.>

    PHOTO PRISE DU SITE DU MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT DU QUÉBEC

    Le myriophylle à épi se propage dans plusieurs lacs du Québec. Cette espèce envahissante était probablement présente au Québec dès 1927, selon M. Léveillé-Bourret. Mais cela n’a pas été mentionné par Flore laurentienne avant la troisième édition, en 1995.

  • >L'incertain Draba photographié dans le Wyoming. Cette usine gaspésienne a été mentionnée par Marie-Victorin, mais semble avoir disparu depuis, indique M. Léveillé-Bourret.>

    COMMUNES WIKIMEDIA

    L’incertain Draba photographié dans le Wyoming. Cette usine gaspésienne a été mentionnée par Marie-Victorin, mais semble avoir disparu depuis, indique M. Léveillé-Bourret.

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Trois éditions

Une première révision de Flore laurentienne a été publié en 1964, avec des vignettes indiquant les modifications. Un troisième a été publié en 1995, avec des notes en marge. «Personne n’a fait une liste détaillée de ce qui a été modifié», affirme M. Léveillé-Bourret.

Le temps est venu d’une nouvelle édition, selon M. Léveillé-Bourret.

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

L’herbier Marie-Victorin du Jardin botanique est ouvert au public tous les mercredis.

Nous avons encore les illustrations de 1935. Il faudrait repartir à zéro.

Étienne Léveillé-Bourret, curator of the Marie-Victorin herbarium

Cependant, financer les herbiers universitaires est difficile. « Il existe un soutien public aux collections des musées, mais pas aux herbiers de recherche. »

L’herbier Marie-Victorin du Jardin botanique est ouvert au public tous les mercredis. Techniquement, il appartient à l’Université de Montréal, et non à la Ville de Montréal.

Autres herbiers

L’herbier Marie-Victorin est le quatrième en importance au Canada, selon Isaac Eckert, biologiste de l’Université McGill qui vient de publier une étude dans Communications naturelles sur la numérisation des herbiers.

Un herbier du Québec possède une collection un peu plus importante, et deux herbiers de l’Ontario, au Musée royal de Toronto et à Agriculture Canada à Ottawa, comptent plus d’un million de spécimens, comparativement aux 750 000 de l’herbier Marie-Victorin.

Aux États-Unis, l’herbier du Smithsonian Institute de Washington est bien plus vaste, avec plus de 5 millions de spécimens.

Qui était Marie-Victorin ?

Né Conrad Kirouac en 1885, son frère Marie-Victorin a grandi au Québec. Il entre chez les frères des écoles chrétiennes à 16 ans. En convalescence de la tuberculose, il consulte la flore canadienne, publié en 1862 par le père Léon Provancher.

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PHOTO DU SITE WEB DU JARDIN BOTANIQUE

Frère Marie-Victorin en Minganie, en 1928

Cette nouvelle passion pour la botanique le conduit à l’Université de Montréal en 1920, où il est l’un des professeurs de la nouvelle faculté des sciences, même s’il est autodidacte.

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PHOTO DU SITE WEB DU JARDIN BOTANIQUE

Frère Marie-Victorin dans son bureau de l’Université de Montréal en 1939

Flore laurentienne fut publié en 1935 et Marie-Victorin décéda en 1944, juste après avoir réussi à créer le Jardin botanique de Montréal.

Numériser les herbiers

La numérisation des herbiers facilitera les études sur la biodiversité, notamment parce qu’elles permettront d’estimer les changements survenus sur plus d’un siècle, selon M. Eckert.

« De plus, les premiers herbiers contenaient souvent des notes sur les connaissances traditionnelles des peuples autochtones. Leur numérisation permettra de valoriser la science autochtone. »

Regardez la bande annonce du film Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles

Apprendre encore plus

  • 380 000
    Nombre d’espèces végétales connues dans le monde

    Source : Institution Smithsonian

    17 000
    Nombre d’espèces végétales connues au Canada

    Source : Environnement Canada

 
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