Meta avance ses premiers pions. Ce jeudi, l’entreprise présente les deux premières versions de son modèle d’intelligence artificielle : Llama 8b et Llama 70b, le « b », faisant référence au nombre de milliards de paramètres de l’IA, soit à sa taille. En gros, plus un modèle est petit, plus il produira des résultats rapidement et moins son fonctionnement sera coûteux.
A l’inverse, plus un modèle est grand, plus il pourra réaliser des tâches complexes, mais plus son utilisation sera coûteuse. Avec ces deux premiers modèles, Meta s’attaque à l’écosystème des modèles de petite (8b) et moyenne taille (70b), suivant ainsi la stratégie adoptée par Mistral ou Anthropic, qui proposent leur IA en trois tailles.
Mais pour voir toute la puissance de Llama 3, il faudra attendre encore quelques mois. Dans son article de blog, l’entreprise confirme qu’elle forme une version du modèle avec 400 milliards de paramètres. C’est cette version qui rivalisera dans les classements de performances avec les meilleures références du marché, GPT-4 Turbo d’OpenAI et Claude 3 Opus d’Anthropic.
Plus encore, cela pourrait bousculer l’écosystème : Meta a la particularité de proposer ces modèles en open Source, avec une licence d’exploitation qui permet à presque n’importe quelle entreprise de les utiliser gratuitement, là où ses principaux concurrents développent des modèles propriétaires dont ils facturent l’exploitation. ” Le plancher de performances imposé par les modèles open Source ne cesse de croître et la distance avec le plafond imposé par les meilleurs modèles propriétaires se réduit très rapidement. », prévenait Joëlle Pineau, directrice de l’IA chez Meta, la semaine dernière dans La galerie.
Llama 3 déjà gratuit partout
En attendant la grande version de Llama 3, les modèles présentés aujourd’hui n’apportent pas de nouveaux cas d’usage par rapport à l’état de l’art. En revanche, selon les tests présentés par l’entreprise dans son article, ils s’imposent comme les nouvelles références pour leurs tailles respectives. Concrètement, ils doivent permettre d’adresser des cas d’usage existants à moindre coût et/ou avec de meilleurs résultats.
Course à l’IA : OpenAI est-il vraiment rattrapé par la concurrence ?
Les deux versions de Llama 3 sont déjà accessibles pratiquement partout, que ce soit auprès des fournisseurs de cloud (AWS, Microsoft Azure, Google Cloud, IBM Watson) ou de l’incontournable Hugging Face. C’est l’un des avantages de l’open Source : il permet à tous les acteurs de l’écosystème de s’approprier les modèles pour les proposer aux entreprises. Mais ces derniers peuvent aussi exploiter eux-mêmes les modèles Meta, à condition d’avoir les compétences nécessaires pour développer les couches logicielles environnantes. En résumé, Llama 7b et Llama 70b sont des moteurs, mais il faut construire le reste de la voiture autour d’eux pour les utiliser dans des cas d’utilisation – ce que proposent de faire les partenaires Meta susmentionnés.
Meta, futur numéro 1 de l’IA ?
Si le géant des réseaux se permet de proposer gratuitement le fruit de son travail, contrairement à OpenAI ou Anthropic, c’est parce qu’il ne compte pas générer de revenus directement avec ses modèles d’IA, mais grâce à l’intégration de fonctionnalités d’IA dans ses produits (Facebook , Instagram, WhatsApp et réalité virtuelle). Llama 3 équipe déjà Meta AI, un assistant concurrent de ChatGPT qui sera directement accessible sur les différentes plateformes du groupe. Mais l’outil, présenté comme « le plus intelligent du marché » de son créateur, n’est actuellement pas disponible en France. En même temps, l’open Source est un argument de recrutement pour les meilleurs chercheurs, a assuré Joelle Pineau.
Cette première démonstration de force de Llama 3 expose les ambitions de Meta et de son leader Mark Zuckerberg en matière d’IA. La société a investi dans l’un des (sinon le) plus grand stock de GPU Nvidia (les puces essentielles à la formation de l’IA) au monde. Avec ses deux pôles de recherche dédiés au sujet, elle s’appuie sur un grand nombre d’experts parmi les plus renommés au monde, comme Joelle Pineau et le Français Yann Le Cun. Meta a donc tous les atouts pour redevenir la référence en matière d’IA. La pression est désormais sur OpenAI, dont le prochain modèle GPT-5 reste attendu…
