“Et maintenant, le moment que vous attendiez tous !« Sur scène, un homme s’avance sous les acclamations et les applaudissements. La raison de cette excitation n’est pas son identité, mais ce qu’il porte : un prototype de la nouvelle combinaison spatiale qui sera portée par les prochains astronautes sur la Lune.
L’événement était organisé mercredi à Houston, au Texas, par la NASA et la société Axiom Space, qui s’est vu attribuer il y a quelques mois le contrat de développement des combinaisons de la mission Artemis 3.
Cette mission de l’agence spatiale américaine, officiellement prévue pour 2025, doit faire atterrir des astronautes à la surface de la Lune pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle, dont la première femme.
Quelques secrets de plus
À Houston, l’ingénieur en chef Jim Stein, choisi pour enfiler la combinaison, a démontré en agitant les bras, en se baissant et même en s’accroupissant. L’amélioration de la mobilité et de l’amplitude des mouvements est l’une des grandes avancées de cette combinaison moderne, par rapport à celles du programme Apollo.
Mais une chose ne changera pas : il sera toujours blanc, a assuré Russell Ralston, responsable adjoint du programme de sortie dans l’espace chez Axiom Space. Le blanc permet de mieux réfléchir les rayons du soleil, de mieux réguler la température à l’intérieur de la combinaison. Si le prototype présenté mercredi était noir et orange, c’est parce qu’il comportait une couche supplémentaire destinée à garder confidentiels certains aspects du développement.
En effet, pour les contrats des missions Artemis suivantes, Axiom Space est toujours en concurrence avec Collins Aerospace. La NASA a payé 228,5 millions de dollars pour ce premier contrat pour Artemis 3.
Un cahier des charges exigeant
“N’importe quel Européen serait fabuleux dedans, et sans aucun doute beaucoup auront l’occasion de le porter…», a réagi sur Twitter l’astronaute français Thomas Pesquet. “Mais je ne sais pas, je pense que ça m’irait toujours bien, n’est-ce pas ?“
---Sur la Lune, les combinaisons devront pouvoir affronter un environnement particulièrement rude. Le pôle sud, où atterriront les missions Artemis, peut supporter des températures supérieures à 50°C, mais aussi très froides (jusqu’à moins de 200°C au fond de certains cratères). Autres difficultés : poussière, ou pierres pointues.
Les matériaux utilisés pour les différentes couches de la combinaison sont donc isolants, résistants au risque de déchirure, et empêchent la poussière d’adhérer, a expliqué Russell Ralston. Les combinaisons ne seront pas entièrement faites sur mesure pour chaque astronaute, mais différentes tailles existeront. Le casque dispose de feux avant, et d’une caméra haute résolution qui vous permettra de suivre la sortie en direct de la Terre.
Un sac à dos et… des couches
Les astronautes mettront la combinaison en l’ouvrant par l’arrière. Ils porteront également un sac à dos, contenant ce dont ils ont besoin pour rester en vie : “Comme une bouteille d’air comprimé et un climatiseur très sophistiqués, combinés», a décrit Russell Ralston. Les combinaisons peuvent être portées pendant au moins huit heures d’affilée, pour effectuer des prélèvements et d’autres recherches scientifiques.
Si la société a qualifié la combinaison de “révolutionnaire”, une chose ne changera pas par rapport à l’époque d’Apollo : pour leurs besoins naturels, les astronautes porteront toujours des couches en dessous.
Un énorme défi
Développer une combinaison spatiale est extrêmement difficile et n’a pas été fait aux États-Unis depuis l’époque des navettes spatiales. La technologie de ceux actuellement utilisés pour les sorties hors de la Station Spatiale Internationale (ISS) est donc la même qu’il y a environ 40 ans.
Axiom Space et Collins Aerospace sont également responsables du développement de nouvelles combinaisons pour les sorties dans l’espace. Jusqu’à présent, la NASA était propriétaire de ses combinaisons, mais elle a décidé d’un modèle différent pour l’avenir, en les louant au secteur privé.
Celles développées par Axiom, baptisées AxEMU (pour Axiom Extravehicular Mobility Unit), représentent pourtant environ 50% des recherches et développements récents de la NASA, qui a mis ses connaissances à disposition des entreprises, a précisé Michael Suffredini, le patron d’Axiom Space. L’entreprise envisage de construire sa propre station spatiale, et aura donc elle-même besoin de combinaisons pour ses futurs clients à bord.