
Parfois, il suffit de pousser une seule porte. Comme celui que Thomas Hertog a ouvert en 1998 dans un des couloirs de l’université de Cambridge. C’est là qu’il a rencontré Stephen Hawking pour la première fois. A l’époque, le physicien affaibli par la maladie de Charcot était déjà assis dans son fauteuil roulant.
Le Belge de 23 ans, diplômé en physique à la KULeuven et en maths à Cambridge, et le philosophe de l’univers ne se quitteront plus. Depuis vingt ans, les deux se retrouvent autour de la même passion. Autour des mêmes questions,d’où venons-nous, où allons-nous, quelle est notre place dans l’univers. Ce genre de questions était au cœur de son travail. Stephen Hawking était l’un des rares physiciens à s’être laissé guider par de telles questions.», confie-t-il au Quotidien.
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Mais le point central de la recherche des prodiges de la physique se pose sur les origines du monde. “Existe-t-il un grand architecte de l’univers ? C’est la grande question. C’est elle qui nous a suivi pendant 20 ans. L’univers au niveau physique est parfait pour que la vie apparaisse. Mais changez une seule donnée, et elle devient stérile.“
Mais il y a cinq ans, emporté par la maladie, le maître a laissé son élève seul, avec un dernier devoir. “Il est temps d’écrire un nouveau livre», a convoqué Hawking juste avant de partir. A 47 ans, Hertog rend sa copie. L’origine du temps. Un livre dans lequel il propose leurs dernières avancées. “Avec Hawking, j’ai étudié le big bang. Une nouvelle évolution a été découverte dans laquelle les lois de la physique se sont peu à peu formées avant de se cristalliser. Les lois de la physique sont elles-mêmes le résultat d’une évolution», explique-t-il à La Libre Belgique.
Alors pour retranscrire au mieux la philosophie de cette recherche, en l’absence de son mentor, le Belge a pu compter sur ces deux décennies de collaboration, compliquées par la perte de la langue de Hawking : «Avec son visage, il avait dix types de oui et de non, de totalement d’accord à totalement en désaccord ! Il peut être très riche sans un mot. Ma stratégie était plutôt de me mettre à sa place, face à un problème de trou noir, de Big Bang ou de multivers. Mais cela n’a été possible que parce que nous avions travaillé 20 ans auparavant ; Je connaissais ses idées… Nous avions un langage commun.
Les résultats de cette ultime recherche en binôme poussent le physicien de la KULeuven dans les mémoires : «Stephen Hawking, il a mangé la vie et la physique. Avec lui, c’était 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Et je n’ai jamais fait grève», remarque-t-il d’abord devant les caméras de Quotidien. A La Libre, il va plus loin : «Pour moi, Stephen Hawking est l’un des dix plus grands physiciens du XXe siècle. Son génie était qu’il avait une sorte d’intuition sur les questions les plus profondes, qu’il était capable de capturer cette intuition dans le langage mathématique de la physique théorique et ainsi d’étudier ces questions d’une toute nouvelle manière.