Ce n’est pas elle qui fait le plus de bruit mais la discrète Justine Mettraux, sur Teamwork–Team SNEF, est sur le point de faire grand bruit. Le Genevois, qui a navigué pour la première fois sur le Léman, sort rarement du Top 10 depuis le départ.
Contactée par franceinfo, elle raconte avoir vécu des journées difficiles lors de la remontée de l’Atlantique et après 71 jours de mer, les traits sont un peu creux sur son visage. Mais Justine Mettraux est toute proche de boucler la boucle, même si elle ne veut pas encore penser à arriver aux Sables-d’Olonne. Il y a quatre ans, Clarisse Crémer devenait la femme la plus rapide de l’histoire de la course en 87 jours. Les Suisses feront encore mieux, probablement en moins de 75 jours.
franceinfo : Après plus de deux mois de mer, on sent que la fatigue commence à faire des ravages chez tout le monde. Comment vas-tu, à quelques jours de ton atterrissage ? ?
Justine Mettraux: C’est sûr qu’il y a un peu de fatigue, mais surtout une fatigue mentale. Mais pour le moment, les conditions de navigation sont plus faciles. Cela permet un peu plus de repos, il faut en profiter. L’usure se situe principalement sur le matériel car nous tirons sur les bateaux depuis longtemps. Dans le groupe avec lequel je navigue, la remontée de l’Atlantique a été rude avec beaucoup de navigation contre le vent, face à la mer. Il y avait beaucoup de coups dans les vagues. On a vu chez les concurrents qu’il commence à y avoir beaucoup de casse, à gauche comme à droite. C’est surtout cette usure que je crains. J’espère juste que le bateau tiendra encore le coup jusqu’aux Sables-d’Olonne.
Quel est le sentiment dominant en ce moment ? : pressé d’en finir ou envie d’en profiter au maximum ?
C’est un peu mitigé. D’un côté, j’ai hâte de le finir juste parce que je veux aller au bout avec un bateau qui a tenu le coup. Plus nous passons de temps en mer, plus le matériel se fatigue. Après, j’ai beaucoup aimé la course jusqu’au Cap Horn mais sur la remontée de l’Atlantique, c’était vraiment dur. J’étais un peu moins positif. Je vais essayer de profiter de la fin de course.
« Cela reste une aventure assez exceptionnelle de pouvoir faire le Vendée Globe et de pouvoir passer autant de temps en mer, sur des bateaux toujours aussi magnifiques. Il faut pouvoir en profiter malgré les difficultés.
Justine Mettrauxsur franceinfo
Vous avez toujours été très bien placé dans ce groupe de sept bateaux et vous avez réalisé une course remarquable dès le départ : est-ce que tu te surprends dans cette course ?
-C’est vrai, mais je pense que je suis à ma place par rapport aux courses que j’ai pu faire auparavant. Cette génération de bateaux fait aussi la différence. Nous n’avons pas tous le même potentiel de vitesse et cela joue aussi sur le classement, même si ce n’est pas tout. Les dirigeants n’ont pas eu de problèmes majeurs. Donc être aux alentours de la 8ème ou 10ème position dans cette grosse flotte, c’est ma place.
Quel a été le moment le plus difficile depuis le début ?
Le moment le plus difficile pour moi a été cette remontée de l’Atlantique Sud. J’avais l’impression d’avoir du mal à m’y remettre. Les conditions étaient assez compliquées, avec des tempêtes très actives le long du Brésil.
Vous aviez déjà réalisé de bonnes performances dans d’autres courses : avec ce que vous accomplissez actuellement, est-ce votre plus grande aventure ? ?
Il est certain que le Vendée Globe reste une aventure exceptionnelle. J’essaie d’y participer depuis longtemps. Il m’a fallu six, sept ans pour réussir à construire puis mener à bien le projet. J’ai également participé à pas mal de courses en équipage à travers le monde et c’est quelque chose que j’aime aussi beaucoup partager. Mais sur le Vendée Globe, on est dans une dimension assez singulière. C’est une course qui se démarque.
Vous serez sans aucun doute le marin le plus rapide de la planète. Est-ce que ça compte pour toi ?
Pour l’instant, je suis sur un temps record. On verra bien car tant que la ligne n’est pas franchie, tant de choses peuvent arriver. Pour le grand public, le chemin restant à parcourir semble court, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, beaucoup de transitions avec des conditions potentiellement fortes. Il faut rester vigilant, surveiller l’usure du bateau, continuer à être vigilant dans les manœuvres, dans la surveillance de la météo, dans la surveillance aussi, pour éviter les collisions. Pour l’instant, j’essaie de ne pas penser à l’arrivée, mais plutôt de me concentrer sur les choses à faire.
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