Martin St-Louis, l’entraîneur qui a d’abord été décrit comme un Peewee, puis comme un visionnaire, est aujourd’hui à un cheveu d’écrire son nom dans les livres d’histoire de la LNH.
Et pas n’importe comment : en menant aux séries éliminatoires une équipe jeune, inexpérimentée, mais pleine de potentiel.
Ce serait un exploit monumental, digne de Jack Adams. Mais pour en arriver là, Saint-Louis a dû traverser une tempête de critiques, de doutes et surtout une reconstruction qui semblait vouée à l’échec.
Revenons quelques mois en arrière, alors que Montréal traversait une période sombre. Peewee, ces jeunes joueurs ?
Bien sûr. Mais ce qui a semblé les plus bouleverser, c’est ce fameux système défensif hybride d’homme à homme que prône St-Louis.
A l’époque, plusieurs voix, tant médiatiques que sympathisantes, n’hésitaient pas à critiquer cette démarche.
Trop complexe, disaient-ils. Trop ambitieux pour une si jeune équipe. En novembre, après une série de défaites difficiles à avaler, il n’était pas rare d’entendre des murmures évoquant un changement d’entraîneur.
Oui, vous avez bien lu : certains voulaient déjà que St-Louis fasse ses valises.
Pour quoi? Tout cela à cause de ce système qui semble, pour le novice, aussi simple que résoudre un Rubik’s Cube en un clin d’œil.
Le principe de base est le suivant : dans les zones basses, chaque joueur défend une portion précise de la glace, appelée couverture de zone.
Mais en zone haute, chaque joueur doit suivre un adversaire désigné, ce qui demande une concentration et une coordination incroyables.
Le problème ? Le moment où les joueurs doivent passer de l’un à l’autre, la fameuse transition entre les hommes à hommes et le système hybride.
Si un seul joueur fait une erreur, tout le château de cartes s’effondre et vous pouvez déjà entendre les sirènes de but hurler dans votre tête.
Les critiques n’étaient pas infondées. Ce système est exigeant, et pour une équipe aussi jeune que le Canadien, il représentait un défi de taille.
Il a même été suggéré, avec une pointe de condescendance, de revenir à un système défensif purement zonal, bien plus facile à maîtriser pour les joueurs débutants.
Après tout, lorsque vous débutez au hockey, on ne vous demande pas de jongler avec des concepts avancés ; nous vous disons simplement : “Restez dans votre zone, couvrez votre espace et ne vous laissez pas battre.”
Mais Saint-Louis, fidèle à sa réputation obstinée, refuse de céder.
C’est là qu’il faut lui donner du crédit. De nombreux entraîneurs, confrontés à une telle pression, auraient ajusté leur approche pour calmer les critiques.
Mais St-Louis voit au-delà des résultats immédiats. Il voulait bâtir une équipe qui ne se contenterait pas de jouer en défense pour survivre, mais qui utiliserait cette structure pour exceller.
Et il avait raison : les meilleures équipes de ces dernières années ont adopté ce type de système.
-Regardez les Panthers de la Floride se diriger vers la finale de la Coupe Stanley l’année dernière. Leur succès reposait sur une défense hybride efficace et disciplinée.
Et aujourd’hui, où est le Canadien ? Eh bien, non seulement ils se battent pour une place en séries éliminatoires, mais ils pourraient également devenir la plus jeune équipe de l’histoire de la LNH à y parvenir, avec une moyenne d’âge de 25,95 ans.
On parle d’une reconstruction réalisée à la perfection, où chaque jeune joueur, de Nick Suzuki à Cole Caufield en passant par Lane Hutson, a trouvé sa place dans un système qui leur semblait autrefois trop complexe.
Saint Louis n’a pas seulement fait taire les critiques ; il les a rendus ridicules.
Car ce qui était considéré il y a quelques mois comme un pari fou est désormais perçu comme une vision avant-gardiste. “Je veux que mon équipe apprenne à gagner avec ce style” dit-il.
Et aujourd’hui, cet entêtement porte ses fruits. Si Montréal atteint les séries éliminatoires, ce sera non seulement un accomplissement pour les joueurs, mais une validation du plan de St-Louis.
Mais revenons à l’histoire que cette équipe pourrait écrire.
Depuis la création de la LNH, la plus jeune équipe à atteindre les séries éliminatoires était les Maple Leafs de Toronto en 2012-2013, avec une moyenne d’âge de 26,0 ans.
Les Penguins de 2006-2007, avec Sidney Crosby à la barre, ont partagé ce record.
Mais Montréal, avec ses 25,95 ans, briserait cette norme. Imaginez : une équipe si jeune, dirigée par un entraîneur qui était encore considéré comme un novice il y a deux ans, défiant les attentes pour entrer dans les livres d’histoire.
Et si cela se produit, Saint-Louis ne méritera pas seulement des applaudissements ; il méritera le trophée Jack Adams.
Car il n’y a pas qu’une jeune équipe qui performe. C’est une équipe jeune, en reconstruction, avec un système défensif complexe, qui parvient à surmonter tous les obstacles pour prouver qu’elle peut rivaliser avec les meilleurs.
Il y a encore du travail à faire, bien entendu. Rien n’est garanti, surtout dans une Conférence Est aussi compétitive.
Mais si cette équipe, avec toutes ses faiblesses apparentes et son inexpérience, parvient à se qualifier pour les séries éliminatoires, ce sera un moment que nous n’oublierons pas de sitôt.
Et ce sera grâce à Martin St-Louis, qui a refusé de reculer, même lorsque tout semblait jouer contre lui.
Alors, à tous ceux qui doutaient, à tous ceux qui critiquaient, souvenez-vous de ce moment.
Car si St-Louis et ses jeunes réussissent, ils ne marqueront pas seulement l’histoire de Montréal ; ils marqueront celui de la LNH.
Et cela, mesdames et messieurs, est ce que nous appelons un véritable leader.
Amen
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