14 janvier 2025
Yohann Taberlet a consacré sa vie au ski para-alpin. Selon ses propres mots, ce n’est pas seulement une passion, mais une partie de son identité. Désormais, le Français est prêt à redonner au sport en travaillant dans les coulisses, rejoignant la Fédération Internationale de Ski et de Snowboard (FIS) en tant que délégué technique (TD).Il a été le premier DT en ski assis à officier lors d’une épreuve de la Coupe du monde de ski para-alpin FIS à Saint-Moritz, du 11 au 13 janvier. Son rôle était de garantir l’équité de la course, la sécurité des athlètes et le bon déroulement de l’événement, avec un timing précis et fiable.
Le quadruple paralympien apporte une perspective unique à ce nouveau poste, ayant lui-même parcouru les pentes. De par son expérience, il sait que les participants ne réalisent pas toujours tout ce qui est nécessaire pour garantir le bon déroulement des compétitions.
Anja Skutelj, directrice des courses de ski para-alpin FIS, se réjouit particulièrement de pouvoir compter sur l’expertise de Taberlet au sein de la fédération :
« Nous avons déjà travaillé ensemble lorsqu’il était athlète. Retrouver Yohann sur le circuit de la Coupe du monde para-alpine, maintenant comme délégué technique, est un réel plaisir. Son expérience en tant qu’ancien athlète de la Coupe du monde est d’une grande valeur pour ce rôle, et j’ai toute confiance dans son engagement à donner la priorité aux intérêts des athlètes. »
Yohann, après la fin de ta carrière professionnelle de ski de compétition, quand et pourquoi as-tu choisi de devenir Délégué Technique (TD) de la FIS ?
Après avoir terminé ma carrière en ski de compétition, il était important pour moi de rester connecté à ce sport qui a tenu une place si importante dans ma vie. Le ski alpin n’est pas qu’une passion ; cela fait partie de mon identité et j’ai voulu continuer à contribuer à son développement et à son succès, mais d’une manière différente.
Le rôle de Délégué Technique (TD) de la FIS s’est imposé naturellement. Il offre un regard unique, tant technique qu’organisationnel, sur les compétitions. J’ai toujours été fasciné par ce qui se passe dans les coulisses : préparer les pistes, faire respecter la réglementation et, surtout, assurer des conditions équitables et sûres pour les athlètes.
Devenir DT m’a permis de mettre à profit mon expérience d’athlète de haut niveau. Je comprends les attentes des concurrents, les défis qu’ils rencontrent et les subtilités de la course. J’ai souhaité mettre cette expertise au service d’une organisation qui répond aux standards d’excellence que j’ai toujours valorisés.
Ce rôle requiert également une grande précision, une capacité à prendre des décisions rapides et une vue d’ensemble de l’événement. Ces qualités, que j’ai développées au cours de mon parcours sportif, m’ont aidé à m’épanouir dans cette nouvelle mission. En résumé, devenir FIS DT était pour moi une manière de redonner au ski tout ce qu’il m’a apporté, tout en continuant d’évoluer dans ce monde qui me passionne tant.
Pouvez-vous expliquer le processus pour devenir délégué technique FIS ?
La formation pour devenir délégué technique FIS dure généralement environ deux ans et comprend plusieurs étapes clés pour garantir que les candidats sont pleinement préparés aux responsabilités du poste.
Première année : Les candidats doivent assister au séminaire annuel FIS DT, qui comprend des mises à jour sur les réglementations et les procédures. Ils doivent également acquérir une expérience pratique en participant à au moins deux courses FIS dans leur pays d’origine : une dans une discipline technique et une dans une discipline de vitesse. Dans ces courses, les candidats travaillent sous la supervision d’un TD expérimenté pour apprendre les subtilités du rôle et acquérir une expérience sur le terrain.
Deuxième année : Cette phase se concentre sur l’évaluation et la certification. Les candidats doivent réussir un examen écrit et un examen oral, tous deux menés en anglais. De plus, ils sont évalués lors de deux courses pratiques (une en discipline technique et une en discipline vitesse), sous la supervision d’un représentant officiel de la FIS. Ces évaluations testent leur capacité à gérer des tâches, à garantir le respect des réglementations et à prendre des décisions sous pression.
En résumé, la première année se concentre sur l’apprentissage et l’expérience supervisée, tandis que la deuxième année met l’accent sur l’évaluation formelle au moyen d’examens et de scénarios pratiques. Ce processus rigoureux garantit que seules les personnes bien préparées et compétentes sont certifiées FIS DT.
Quel a été le plus grand défi pour vous dans ce processus ?
Le plus grand défi pour moi a été d’adapter les examens pratiques à ma situation de personne handicapée. Comme je skie en position assise, il a fallu trouver des solutions pour assurer l’accès à certaines zones, comme les cabines de chronométrage et des sections spécifiques des pistes. Cependant, il était très important pour moi d’être traité comme tout le monde, avec ma particularité, mais sans traitement de faveur concernant les tâches pratiques ou les évaluations.
Cette approche a été pleinement respectée, ce que j’ai beaucoup apprécié, car elle valorisait encore plus ce diplôme. Les ajustements m’ont permis de compléter l’ensemble du processus sans compromettre la rigueur de l’évaluation.
En fin de compte, surmonter ces défis m’a permis de grandir tant sur le plan personnel que professionnel. Cela m’a également permis de mieux comprendre les complexités de l’organisation de compétitions de ski de haut niveau, ainsi que l’importance de l’inclusion dans ce sport.
Pouvez-vous expliquer quelles sont les principales tâches d’un délégué technique FIS ?
Les principales tâches d’un DT FIS sont de veiller au respect des règles et directives de la FIS, de superviser le bon déroulement de l’événement et d’assumer la responsabilité de la sécurité des athlètes, ce qui est un aspect crucial de son rôle.
De plus, le TD doit vérifier tous les paramètres de course, y compris les systèmes de chronométrage. Sans timing précis, il n’y a pas de course. Il est essentiel de s’assurer que l’équipement de chronométrage fonctionne correctement, car cela a un impact direct sur l’équité et l’intégrité de la compétition.
En résumé, un TD FIS doit garantir l’équité de la course, la sécurité des athlètes et le bon déroulement de l’événement, avec un chronométrage précis et fiable.
Dans quelles disciplines et à quel niveau travaillez-vous en tant que délégué technique FIS ?
Jusqu’à présent, j’ai eu des missions officielles dans des disciplines techniques, notamment en slalom et en slalom géant. Mon travail a varié des événements FIS urbains aux championnats nationaux et même aux événements de la Coupe du monde.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre rôle de délégué technique FIS ?
Ce que j’apprécie avant tout, c’est que ce rôle me permet de revenir sur les sites de compétition et de renouer avec mes amis du monde du ski, qu’ils soient athlètes ou entraîneurs. C’est le premier aspect que j’aime vraiment. Mais plus sérieusement, j’aime aussi prendre des responsabilités, et le rôle de DT est très important, notamment en ce qui concerne la sécurité physique des athlètes et le bon déroulement des courses.
Ce que j’aime le plus, c’est organiser et diriger de grands événements où tous les athlètes rentrent chez eux sains et saufs, avec le sourire et le sentiment d’avoir vécu une compétition inoubliable.
Comment votre expérience en tant qu’athlète de Coupe du monde vous aide-t-elle dans ce rôle ?
Mon expérience en tant qu’athlète et paralympien m’aide principalement parce que je connais déjà plusieurs des règles entourant les compétitions de haut niveau. C’est aussi une expérience acquise de l’autre côté de la barrière : en tant qu’athlète, on ne se rend pas toujours compte de l’étendue des tâches et des responsabilités de chacun autour de la course. Maintenant, en tant que DT, je comprends cela. Cette expérience me permet, je crois, de prendre des décisions justes dans mon rôle.
Quelles qualités sont nécessaires pour être un bon Délégué Technique FIS ?
Pour moi, être un bon DT FIS nécessite d’être une personne calme, capable de garder la tête froide et à l’écoute des athlètes et des entraîneurs. En même temps, il est important d’avoir le charisme pour prendre des décisions les plus justes possibles, tout en restant cohérents avec tous les éléments en jeu à ce moment-là. Cependant, la principale qualité reste d’être humble face aux éléments. Il est essentiel de se rappeler que personne n’est parfait et qu’il n’existe pas de vérité absolue. Il faut savoir rester humble dans toutes les situations, ce qui signifie être attentif et constructif dans les choix et les décisions que l’on prend.
Quels sont vos objectifs dans votre rôle de Délégué Technique FIS ?
Comme je l’ai mentionné plus tôt dans l’interview, ce que j’espère accomplir dans ce rôle, c’est que les athlètes vivent de grands moments de performance et d’excellence sportive et rentrent chez eux indemnes. Je veux avant tout qu’ils se souviennent d’avoir participé à une compétition de niveau mondial, avec des conditions de sécurité optimales et surtout du plaisir.
Source : entretien réalisé par le FIS
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