La retraite de Nikola Karabatic, son symbole depuis près de deux décennies, place l’équipe de France de handball, qui entame mardi sa Coupe du monde, face à un certain vide, plus sur le plan marketing que sur le plan sportif.
Pour la première fois depuis 23 ans – à l’exception de la Coupe du monde 2021 pour laquelle il a été blessé – les Bleus disputeront une compétition sans celui qui est considéré comme le meilleur joueur de l’histoire.
Karabatic, qui a pris sa retraite cet été à 40 ans, l’était selon Nedim Remili “l’icône de notre génération, même de plusieurs générations”ceux de ces handballeurs français qui ont régné sur une bonne partie du XXIe siècle.
Et probablement le seul joueur connu en France au-delà du petit cercle des « balles de colle »comme Jackson Richardson avant lui, première icône française, dans les années 1990.
Les deux « a incontestablement accéléré la notoriété de notre sport »estime Philippe Bana, président de la Fédération française de handball (FFHandball), à l’AFP.
“Les gens qui ne connaissaient pas le handball connaissaient Niko Karabatic”souligne de son côté le demi-centre Aymeric Minne.
Pour François-Xavier Houlet, ex-international et actuel consultant pour BeIN Sports, Karabatic “laisse un grand vide forcément et presque malgré lui, car ce n’était pas quelqu’un qui cherchait forcément la lumière ou qui avait un appétit pour les +punchlines+”.
Nikola Karabatic entouré de certains de ses coéquipiers de l’équipe de France de handball après leur défaite contre l’Allemagne le 7 août 2024 au stade Pierre Mauroy de Villeneuve-d’Ascq dans le nord de la France lors des JO de Paris / FRANCOIS LO PRESTI / AFP/ Archives
« Il était relativement discret, aussi bien à l’extérieur qu’avec l’équipe »ajoute-t-il à l’AFP.
« Qui mettons-nous en avant ? »
L’équipe de France, en effet, ne tourne plus autour de lui depuis plusieurs années, emmenée par Dika Mem, Nedim Remili ou encore Ludovic Fabregas.
Mais la figure tutélaire de l’aîné Karabatic, a priori le seul handballeur dont la carrière (avec celle de son frère Luka) a été racontée en bande dessinée (dont le tome 1 a été publié fin 2024), manquera à Le handball français sur les plans média et marketing.
-« Les médias se posent des questions, de très grands partenaires nous ont interrogés ces dernières semaines : +Mais alors avec qui on passe des contrats individuels ?+, +Qui met-on en avant ? »says Philippe Bana.
Réponse : personne et tout le monde à la fois. Car devenir le porte-drapeau d’un sport ne se décrète pas, mais s’impose finalement progressivement de l’extérieur, subtil cocktail entre performances collectives (les Bleus de Richardson et Karabatic ont remporté des titres) et performances individuelles, et l’image rendue.
« Marque d’équipe »
Les handballeurs français Dika Mem (à gauche) et Nedim Remili après avoir battu le Danemark en finale des JO de Tokyo, le 7 août 2021 au stade national de Yoyogi au Japon / Franck FIFE / AFP/Archives
Dika Mem et Nedim Remili, capitaines depuis plusieurs années, ou Elohim Prandi, dont le coup franc pour arracher la prolongation à la dernière seconde en demi-finale de l’Euro-2024 contre la Suède est entré dans l’histoire, ont le profil.
«(Prandi) a aussi une personnalité, un look, une présence, un jeu un peu particulier et son niveau de jeu est assez extraordinaire», souligne Houlet.
Mais selon l’ancien international, faire avancer une star n’est pas dans les gènes du handball français : « A chaque fois, ça a été ralenti, par le groupe ou le joueur lui-même. Même à l’époque de +Jack+” (Richardson, avec qui il jouait) au moment où la balle collante allait se faire connaître du grand public.
“L’ère Jackson a été difficile car il portait tellement notre sport que pour d’autres, c’était une forme d’ombre”se souvient Philippe Bana, DTN de la fédération de 1999 à 2020 avant d’en prendre la présidence.
« Aussi, nous avons été très prudents avec Claude Onesta (entraîneur de 2002 à 2016, NDLR), dès l’arrivée dans l’équipe de Nikola Karabatic, pour qu’il y ait plusieurs porte-drapeaux »ajoute-t-il.
Plusieurs acteurs ont été mis en avant dans les campagnes de communication car, poursuit Bana, « une marque d’équipe est peut-être plus durable qu’une marque individuelle ». Même si Nikola Karabatic a finalement attiré plus de lumière.
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