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Face à l’AMA, les Etats-Unis relancent la bataille antidopage

En retenant leur contribution à l’Agence mondiale antidopage (AMA), les États-Unis ont relancé leur bataille avec l’instance montréalaise, au risque d’exaspérer le monde sportif qui s’était largement mobilisé sur ce sujet l’an dernier.

Mercredi, l’Office américain de la politique nationale de contrôle des drogues (ONDCP) a suspendu le paiement de 3,6 millions de dollars dus à l’AMA pour 2024, a annoncé l’Agence américaine antidopage (USADA).

Pourtant, les États-Unis sont de loin le premier pays contribuant au budget du gendarme mondial antidopage, près de 53 milliards de dollars pour 2024, financés pour moitié par les gouvernements et pour moitié par le Comité international olympique (CIO). .

Pourquoi les États-Unis suspendent-ils leur paiement ?

Selon l’USADA, il s’agit « protéger les droits des athlètes » que l’AMA aurait violé en n’ordonnant pas “un audit indépendant” de ses opérations après le scandale des 23 nageurs chinois testés positifs en 2021 à une substance interdite mais non sanctionnés.

Cette affaire, révélée au printemps 2024 par le New York Times et la chaîne allemande ARD, a immédiatement pris une tournure géopolitique, ravivant l’hostilité entre le patron de l’USADA Travis Tygart et l’AMA.

Tygart, déjà un critique virulent de la manière dont l’AMA a traité les dossiers de dopage russes révélés en 2015-2016, accuse depuis des mois l’organisation montréalaise d’avoir « a permis à la Chine de glisser les cas positifs sous le tapis ».

Le chef de l’Agence américaine antidopage (USA), Travis Tygart, lors d’une audition au Capitole sur la lutte contre le dopage aux Jeux olympiques de 2024 à Paris, le 25 juin 2024 à Washington / Nathan Howard / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/ AFP

Le policier antidopage, de son côté, insiste sur le fait qu’il n’a commis aucune faute en acceptant la thèse du “contamination alimentaire” avancée par les autorités chinoises, et considère le sujet clos puisqu’un rapport du procureur suisse Eric Cottier, commandé par l’AMA, a jugé qu’elle avait travaillé « de manière autonome, indépendante et professionnelle ».

Comment réagit le monde sportif ?

Interrogés par l’AFP, ni le Comité international olympique ni les associations représentant les fédérations olympiques d’été (ASOIF) et d’hiver (WOF) n’ont pour l’instant commenté cette dernière évolution.

Mais l’année dernière, les trois autorités ont fermement condamné le lancement par la justice américaine, début juillet, d’une enquête menée par le FBI sur la gestion par l’AMA du cas des 23 nageurs chinois.

Cette enquête s’appuie en effet sur « Loi Rodchenkov »promulguée fin 2020 par le président américain élu Donald Trump lors de son premier mandat, par laquelle les États-Unis s’octroyaient une compétence extraterritoriale en matière de dopage.

Or, pour le monde sportif, le risque est d’affaiblir l’AMA, créée en 1999 à la suite de l’affaire Festina dans le cyclisme, pour élaborer le Code mondial antidopage et permettre une lutte cohérente selon les sports et les pays.

« Pouvez-vous imaginer quelle serait la réaction américaine si les forces de sécurité chinoises enquêtaient sur les athlètes américains ? »s’interroge à l’AFP Michael Payne, l’ancien directeur marketing du CIO.

Pour lui, les Etats-Unis « semblent délibérément essayer d’aggraver le problème »un nouvel exemple « l’instrumentalisation politique croissante du sport ».

Quelles conséquences pour le sport américain ?

Mercredi, l’USADA a assuré que le non-paiement de la contribution américaine n’aurait pas « aucun impact sur les droits des athlètes américains de concourir aux États-Unis ou dans le monde ».

A minima, ce nouvel épisode devrait relancer les critiques du double standard américain en matière de dopage, puisque ni ses ligues professionnelles (basketball, hockey, football américain et baseball) ni son puissant sport universitaire n’appliquent le Code mondial antidopage.

Le président de l’Agence mondiale antidopage (AMA), Witold Banka, lors d’une conférence de presse lors des JO 2024, le 25 juillet à Paris / Fabrice COFFRINI / AFP

« Et l’USADA n’a rien fait pour corriger cette situation »plaisantait en juillet dernier Witold Banka, le patron de l’AMA, aux membres du CIO réunis à Paris pour leur 142e session.

Mais surtout, le CIO lui-même avait exercé une pression sans précédent lors de cette même séance, en menaçant d’annuler l’attribution des Jeux olympiques de 2034 à Salt Lake City. « dans le cas où l’autorité suprême de l’AMA (n’est) pas pleinement respectée ».

« Les États-Unis ne peuvent pas assainir seuls le sport »avait promis le gouverneur de l’Utah à la presse, tandis que les responsables de Salt Lake City 2034 et le Comité olympique américain avaient multiplié les paroles d’apaisement.

 
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