La rubrique où les journalistes sportifs répondent avec plaisir à une question
Jean-François Téotonio
Mon année 2024 a été mémorable, peut-être la plus mémorable de ma jeune carrière sportive. La presse. J’ai eu la chance de respirer le même air que Lionel Messi non pas une, ni deux, mais trois fois. Et pas seulement de loin. Je l’ai surpris en train de signer le maillot argentin de Mathieu Choinière alors que je quittais les vestiaires du CF Montréal après le match contre l’Inter Miami, en Floride, en mars. Il n’a malheureusement pas joué le match, mais nous avons pu rattraper ce voyage grâce à cette rencontre fortuite et intime, dont j’ai eu la présence d’esprit de capter la vidéo. Choinière était tout sourire. Moi aussi, je l’avoue. J’ai tenté très maladroitement de lui poser des questions en espagnol lors de sa visite à Montréal en mai, alors qu’il portait son compagnon aux côtés de son coéquipier uruguayen Luis Suárez à son arrivée au stade Saputo. Il a fini par jouer tout le match, devant une foule montréalaise passionnée et conquise. Un mois plus tard, mon ami Messi m’a rencontré à Atlanta, pour le match de l’Argentine contre le Canada en Copa América, au stade Mercedes-Benz. J’avais vécu la folie argentine à l’extérieur du stade avant le choc. J’avais été témoin de la performance très honorable du Canada, et surtout celle du gardien Maxime Crépeau, devant la meilleure équipe du monde, dans une ambiance de feu. Puis j’ai encore une fois sorti mon espagnol du dimanche pour tenter d’arracher une réponse à Léo, dans l’enfer de la zone mixte. Effort gaspillé. J’aurais tout essayé. Permettez-moi un quatrième moment mémorable : le fou match des séries éliminatoires du CF Montréal contre Atlanta United, au stade Saputo.
Alexandre Pratt
La finale du cyclisme sur route masculin aux Jeux Olympiques de Paris. Ce jour-là, j’ai été affecté au tennis. Mais voyant à la télévision des dizaines de milliers de Parisiens se presser sur les trottoirs des quartiers centraux pour encourager les coureurs, j’ai pris le premier métro jusqu’à la ligne d’arrivée, au Trocadéro. Sur le quai, dans les wagons, dans la rue, les gens suivaient la course sur leur téléphone portable. A trois kilomètres de l’arrivée, le Belge Remco Evenepoel, en échappée, a été victime d’une crevaison devant le Louvre. Deux Français le poursuivaient. Tout Paris retenait son souffle. Puis l’équipe d’Evenepoel lui a offert un vélo trop gros ! Evenepoel a quand même réussi à arriver au Trocadéro avant ses concurrents, s’arrêtant net sur la ligne d’arrivée, quelques mètres devant moi, pour poser devant la Tour Eiffel. Magie.
Simon-Olivier Lorange
J’aime dire à qui veut l’entendre que tous les événements organisés par la LNH sont des poches. Cependant, j’ai dû changer d’avis lors du repêchage en juin dernier. L’idée d’organiser la séance dans la Sphère à Las Vegas, nous nous en sommes vite rendu compte, était géniale. Dès notre arrivée sur les lieux, la vue était spectaculaire, avec une infographie des meilleurs espoirs couvrant l’intégralité du grand dôme au-dessus de nos têtes. La Ligue a également réussi à créer une véritable frénésie lors de l’annonce des transactions, avec une sirène retentissante alors que l’arène devenait rouge. Un vrai spectacle, enfin ! Les clubs, de leur côté, avaient pour mandat d’annoncer leurs choix de premier tour de manière non traditionnelle. Le mandat était ambitieux, mais le Canadien a néanmoins remporté la soirée en invitant Céline Dion sur scène. À partir du moment où Kent Hughes a appelé le chanteur à se rapprocher, l’excitation a envahi la salle, particulièrement et surtout au sein du groupe de journalistes de Montréal. « Et bien non ! », pouvait-on entendre ici et là, sans doute de la bouche même du signataire de ces lignes. Royal, l’orgueil de Charlemagne s’est exprimé en français et en anglais, lentement, créant du suspense, avant de prononcer le nom d’Ivan Demidov. La foule excitée a rugi. C’était franchement cool. C’est rare que je m’exprime autant, mais c’était parfait.
Nicolas Richard
L’année 2024 a été extraordinaire en termes de couverture. Mais celui des Jeux Olympiques arrive évidemment en tête de liste. J’ai été témoin de grands moments d’euphorie à Paris. Comme j’ai été témoin d’échecs, de déceptions et de contre-performances. Mais mon moment fort de l’année s’est déroulé à la piscine de la Paris La Défense Arena, le soir du 2 août. Léon Marchand, le roi des océans, le prodige toulousain, le visage de ces Jeux, avait l’ambition de réaliser ce qu’aucun athlète français n’avait réalisé avant lui : remporter quatre médailles d’or aux mêmes Jeux. Il a eu l’occasion de réécrire l’histoire au 200 m quatre nages, et c’est ce qu’il a fait. De manière exceptionnelle d’ailleurs, en battant le record olympique de Michael Phelps. Je me souviendrai toujours du bruit strident, excessif et presque terrifiant de la foule pendant les 1 min 54,06 s qu’a duré la course. C’est impossible à décrire. Et le délire a continué même lorsque le champion est venu rencontrer les médias après sa course. Pour la performance presque surhumaine, la charge émotionnelle et l’importance de cette soirée pour le sport français, difficile de ne pas évoquer ce souvenir en priorité quand on pense à l’année qui vient de s’écouler.
Richard Labbé
Celui-ci est facile. J’ai l’immense bonheur d’avoir deux fils. Le premier était gardien de but au hockey, et ses matchs comptent parmi mes meilleurs souvenirs de hockey, juste devant les gros buts de Guy Lafleur. Le plus jeune est secondeur de football, et lorsque son équipe, lors d’un gros match éliminatoire à l’automne, a réussi à convertir un quatrième essai et 17 yards à parcourir pour la victoire avec environ 50 secondes à jouer, j’ai failli m’évanouir, mais avec joie. Le sport est fabuleux, et il l’est encore plus quand on le regarde à travers les yeux de papa. Joyeux Noël à vous tous.
Jean-François Tremblay
La grande joie d’être directeur des sports chez La presse c’est que cela vous donne la possibilité de tout voir, tout le -. Le point négatif c’est qu’avec la quantité brute d’informations et d’évènements, il en faut beaucoup pour m’épater. Pourtant, c’est exactement ce qui s’est produit lorsque le relais canadien a remporté l’or au 4×100 mètres aux Jeux olympiques de Paris. En effet, comme l’a raconté l’exceptionnel Simon Drouin lors de la soirée dédiée aux donateurs de La pressesa mission principale était le relais féminin avec Audrey Leduc comme fer de lance. C’était, sur le papier, la plus grande histoire pour nous à ce moment-là. Cependant, le choc et l’étonnement de la domination canadienne se sont produits alors que Simon attendait pour mener les entrevues. En fait, j’ai bien mieux vu le triomphe d’André De Grasse et compagnie que Simon… qui était à Paris et dans le stade. Quelle vie nous menons.
Guillaume Lefrançois
Je ne suis pas particulièrement fan de Céline Dion, mais son grand retour au micro m’a littéralement donné des frissons. C’était une conclusion spectaculaire à ce qui existait déjà, avant même les premières notes du classique d’Offenbach. Hymne à l’amourla meilleure cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Quand Gojira crache Ma fauteperché sur les balcons de la Conciergerie, n’est qu’UN élément parmi tant d’autres points forts, il est le signe d’un spectacle réussi. Sur une note personnelle, j’ai eu la chance de le voir en direct car le patron m’a demandé d’animer un chat pour nos lecteurs. Pour cette tâche, mon collègue Alexandre Pratt m’avait remis au préalable le guide média de l’émission, ce qui rendait son écoute encore plus intéressante. Je ne suis pas du genre à subir de telles cérémonies, encore moins par un beau vendredi d’été. Je l’aurais donc raté si je n’y avais pas été affecté. Au final, ça valait la peine de rater un après-midi de vélo. Merci JF!
Appel à tous
Et vous, quel a été votre moment sportif préféré de 2024 et pourquoi ?
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