CeuxAvant l’Euro féminin à Genève –
Les Servettiens se mettent en valeur en retournant à l’école
Onze joueurs du Servette FC Chênois Féminin visitent onze écoles primaires genevoises pour promouvoir le Football dans le canton. Reportage avec Laura Felber à Champel.
Publié : 17/12/2024, 17h08
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- La joueuse du Servette Chênois Laura Felber visite les écoles pour promouvoir le football féminin à Genève.
- Le programme « 1 Ecole – 1 champion », mis en place dans le cadre de l’Euro 2025 à Genève, vise à inspirer les jeunes élèves, notamment les filles.
- Les échanges incluent des discussions sur les inégalités dans le football.
- Les étudiants auront la possibilité d’assister à un match SFCCF en 2025.
Un jeune élève se tient timidement à côté de son professeur, qui parle pour lui : “Il sera absent cet après-midi lors de votre visite dans sa classe, mais il voulait absolument avoir une signature sur son ballon.”
Laura Felber s’exécute avec un large sourire : “Où joues-tu ?” «À Champel!» répond discrètement le footballeur de dix ans. A l’école de Peschier, le joueur du Servette Chênois Féminin est de retour en classe. Cet après-midi, comme la veille, elle visite quatre classes primaires.
Dix coéquipiers genevois participent également à ce tout récent programme « 1 Ecole – 1 Champion ». Chacun était associé à une école primaire. Avant les Jeux de Paris 2024, les athlètes du Team Genève ont visité les classes du canton.
Ce projet mis en place par le Service Ecole et Sport, Art, Citoyenneté (Sesac), l’Office Cantonal de la Culture et du Sport (OCCS), l’Association WEURO 2025 et le Servette Football Club Chênois Féminin (SFCCF) s’inscrit cette fois de l’Euro féminin 2025, dont cinq matches auront lieu à Genève l’été prochain.
Encourager les vocations
L’occasion pour les étudiants d’échanger avec une footballeuse (semi-)professionnelle, de suivre sa saison sportive et de découvrir les coulisses du Servette Football Club Chênois Féminin. « L’idée est aussi de promouvoir le football et plus généralement le sport féminin », souligne Laura Felber. On peut montrer aux jeunes filles qu’il est possible pour elles de jouer au football dans l’élite et, pourquoi pas, susciter des vocations.
Opération gagnant-gagnant pour le défenseur Grenat : licence en sciences du mouvement et du sport en poche, elle coordonne l’opération « 1 Ecole – 1 Champion » avec son club, dans le cadre d’un stage au Service Ecoles et Sport, Art, Citoyenneté (Sesac) de son master en management du sport à l’UNIL.
Les élèves de cette classe 8P (11-12 ans) posent, assis, devant le joueur. Des ballons de football, des maillots et des écharpes ont été apportés par les écoliers. « Pouvez-vous signer mon ballon ? » dit un chasseur d’autographes impatient.
Des réponses cash et des échanges animés
Mais d’abord, place à la présentation du joueur de 23 ans, devant trois affiches. L’une décrit son parcours et son palmarès (deux titres, deux Coupes de Suisse), une autre illustre six exercices (technique, jonglage, souplesse) réalisés par les joueuses du SFCCF avec leurs résultats.
Sur la troisième affiche, encore vierge, les élèves pourront noter leurs scores à ces mêmes exercices. Histoire de se « confronter » au sportif de haut niveau qui leur rend visite. Les classes ont préparé des questions à l’avance, lors d’une discussion avec leurs professeurs.
La veille, Laura Felber avait débattu avec une classe de l’opportunité de jouer ou non les cheveux lâchés. Là, les questions commencent à être plus terre-à-terre. “Combien gagnez-vous?” lâche un écolier. « Pas de quoi être 100 % professionnel, comme dans d’autres pays », sourit Laura Felber. Nous gagnons entre 1000 et 3000 francs par mois ! Ce footballeur en herbe se frotte les yeux.
La numéro 4 de la SFCCF raconte à son jeune public son parcours, des Compesières juniors jusqu’à la Coupe du monde 2023 en Nouvelle-Zélande où elle était remplaçante. Elle évoque ses blessures, ses souvenirs de Ligue des champions, avec une audience bien plus large que lors des matchs de championnat. Mais aussi ses rêves de jouer en Allemagne, en Italie ou en Angleterre, « où le football féminin est bien plus développé qu’en Suisse ».
« Combien coûtent vos crampons les plus chers ? » ; « Aurons-nous suffisamment de - pour signer nos ballons ? » ; « Vous avez réussi à reprendre le ballon à Sam Kerr (ndlr : international australien) contre Chelsea ? Les 8P de ce cours Peschier suivent une série de questions qui font souvent rire Laura Felber.
Naomi, 12 ans, veut savoir si la défenseure de Servetti est victime de discrimination dans le football féminin. “Oui, il reste beaucoup d’inégalités, liées aussi au fait qu’on génère moins d’argent que les hommes”, estime la joueuse. Vous voyez par exemple, les arbitres ne sont pas des professionnels ici, c’est dommage. Après ma carrière, je me voyais travailler à l’UEFA pour promouvoir le football féminin et réduire ces écarts.
Les jeunes filles rêvent du Servette Chênois
Place à la très attendue séance de dédicaces. On retrouve Naomi, excitée par cette première rencontre avec la nouvelle « star du football genevois » de sa classe. “C’est cool de voir que les filles peuvent aussi jouer au football dans de grands stades comme à l’Euro”, se réjouit la collégienne. A ses côtés, Cindy et Aninna, joueuses du FC Champel, rêvent de pouvoir un jour porter le maillot des Grenat et, pourquoi pas, disputer un Euro.
Echarpe du Servette FC (masculin) autour du cou et pull grenat, leur professeur Raoul suivait attentivement les échanges. « C’est formidable de mettre en valeur le football féminin qui est encore assez invisible », reconnaît l’enseignante de l’école Peschier. À cet âge, on peut éveiller, voire changer, la conscience et sensibiliser les enfants au genre.
Au fond de la classe vide, Laura Felber relève un défi de jonglerie avec un jeune footballeur. Le Genevois a même trouvé une astuce pour impliquer les filles. «Je leur propose de passer, parce que je me suis rendu compte qu’ils osaient moins venir me dribbler», sourit la coordinatrice de projet de son club.
« Laura (Felber) reviendra en 2025, pour une activité plus sportive avec les mêmes classes », se réjouit Manon Ginesi, enseignante qui gère le projet pour l’école primaire de Peschier. Nos élèves auront également l’occasion d’aller voir un match du Servette Chênois en 2025, avec l’idée de préparer des pancartes pour soutenir le club et leur joueur.
Afin de garder le contact avec les élèves, Laura Felber leur enverra des photos et vidéos de ses entraînements et de certains matchs. “J’espère qu’ils viendront nous voir à Genève, que certains seront là à l’Euro 2025.” Peut-être même que certains élèves de l’école Peschier deviendront ses équipiers dans quelques années ?
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