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« Quand je vois Kolo Muani armé, j’ai le réflexe de courir pour faire la fête »

Axel, si tu devais résumer ta soirée du 18 décembre 2022, de cette finale mythique, en un mot ?

Axel Disasi : Fou ! C’est le mot.

Quel est le souvenir le plus fort de votre finale ?
ANNONCE : Je pense que c’est l’égalisation, 2-2 (Kylian Mbappé, 81st). C’était fou. Il arrive peu après le 2-1 (Kylian Mbappé, 80e, sur penalty). On se remet à peine de ce premier but que le deuxième arrive immédiatement après. Je vois à nouveau l’explosion depuis le bord du terrain… Nous traversons tous le terrain. Je pense aussi au stade. Quand nous sommes arrivés, de l’extérieur, tout était doré. Cela m’a impressionné. Mais si je dois vraiment retenir un moment, c’est bien cette égalisation.

Voyez-vous encore cette explosion de banc ?
AD : A côté de moi, je crois qu’il y a William (Croix)Mattéo (Guendouzi)Adri’ (Adrien Rabiot). C’est arrivé naturellement. Nous y allons. Au poteau de coin, je sais juste qu’on saute tous, qu’on s’écrase tous les uns sur les autres. C’était quelque chose de fort.

La joie des Français après le deuxième but de Mbappé contre l’Argentine en finale du Mondial 2022

Crédit : Getty Images

Est-ce la plus forte dose d’adrénaline de votre carrière ?
AD : Je ne sais pas. Il y en avait d’autres, mais j’étais plutôt acteur, comme sur un but que je marquais. Mais là, en remplacement, oui. Vous vivez les émotions différemment. Quand tu es sur le terrain, tu es un peu plus concentré. Sur le banc, vous êtes un peu plus spectateur. Et vous le vivez.

Avant ce 2-2 fou, par quoi avez-vous été marqué dans cette finale ?

AD : Je me souviens avoir vu mon maillot dans le vestiaire avant le match. Avec l’écriture « Finale de la Coupe du , Argentine- »avec la date. Cela m’a fait vraiment plaisir. Alors je dirais la mi-- (L’Argentine mène alors 2-0). C’était fort. Kylian (Mbappé) Parle, Steve (Manda) Aussi. Ils nous rappellent que ce que représente ce moment, une finale, qu’il faut se rendre compte de la chance qu’on a d’être là, que ça n’arrive pas tous les jours… Moi, je suis là en me disant : “Je suis en finale de Coupe du Monde et ça ne peut pas se passer comme ça, c’est impossible !” Que les gars parlent, ça m’a frappé parce que même moi qui suis un peu réservé de nature, dans un moment comme ça, j’ai commencé à encourager. Je me suis revu avec mon rôle de capitaine quand j’étais à Monaco (2020-2023). Parce que lors de mes premiers pas en équipe de France (NDLR : il a été appelé une première fois chez les Bleus mi-novembre 2022, pour partir au Qatar)ce rôle, je le mets complètement de côté car il faut faire sa place. Mais à ce moment-là, ce côté « encouragement » est revenu.

Vous décidez alors de devenir acteur de votre finale…

AD : Oui, oui. Mais je pense que ça coïncide avec l’entrée de Randal (NDLR : Kolo Muani, 41e minute. L’attaquant entre en même - que Marcus Thuram pour remplacer Ousmane Dembélé et Olivier Giroud). Parce que quand il est entré, il a apporté quelque chose. Nous, sur le banc, nous l’avons ressenti. Il a apporté de l’énergie, se battant pour tous les ballons. Comme la pénalité qu’il reçoit (80e, faute de Nicolas Otamendi). C’était un client. Alors, à la mi--, peut-être que nous avons tous dû ressentir cette énergie qu’il apportait.

Randal Kolo Muani a marqué le premier but du match contre l’Argentine

Crédit : Getty Images

On arrive à la prolongation : 2-3, puis 3-3 et ce nouveau penalty de Mbappé. Nous sommes dans les arrêts de jeu, les pénalités arrivent et Didier Deschamps décide de vous faire entrer à la place de Jules Koundé. Ce qui se passe?

AD : C’est arrivé de façon si étrange. Je ne me suis même pas échauffé. Il n’y avait plus personne sur le banc. Comme dans le quartier, nous étions tous debout, les Argentins aussi. Alors je vis le match et on me dit : “Axel, tu reviens.” J’étais tellement dans l’action que je n’ai même pas essayé de me dire : “Putain, je vais jouer!” J’ai enlevé mon tablier et mon pull et j’y suis allé directement. C’est arrivé très vite. Même ma famille présente à la barre a été surprise. Ce n’était pas comme si c’était un changement préparé. Vous n’avez pas le - de penser à vos émotions. Il y en a 3-3, tu es en finale de Coupe du monde et tu ne peux pas te poser telle ou telle question, c’est mort ! Vous ne pouvez pas. Surtout compte tenu de l’intensité de la fin des prolongations ! C’était coup pour coup !

Quelques secondes avant les tirs au but, Randal Kolo Muani s’est heurté à Emiliano Martinez pour une opportunité qui restera à jamais dans l’histoire. Où en es-tu à ce moment précis ?

AD : Je suis de retour. C’est Ibou (Ibrahima Konaté) qui récupère le ballon après un duel et met une sorte de ballon dans une cloche… Je ne sais même pas s’il le fait exprès. Et quand le ballon rebondit, je marque avec l’ailier argentin (Lautaro Martínez). Quand je vois que Randal s’arme, j’ai un réflexe : je me mets à courir pour fêter ça. J’avance déjà pour avoir cette explosion de joie. Je me suis revu à 2-2, quand nous avons couru sur le terrain. Parce que là, s’il y a un but, c’est fini. Il frappe et l’autre (Emiliano Martínez) met le pied. Je me remets au marquage. Un ascenseur émotionnel fou. De plus, dans le processus, il y a une contre-attaque de l’Argentine et ils marquent de la tête. (Lautaro Martinez manque et ne trouve pas la cible)

Le défilé absolument incroyable d’Emiliano Martinez sur Kolo Muani

Crédit : Getty Images

Vous n’êtes pas parmi les cinq premiers tireurs désignés : comment vivez-vous ce moment toujours un peu flou qui précède une séance de tirs au but, et a fortiori une finale de Coupe du monde ?

AD : Je ne sais pas si c’est avant la prolongation ou avant les tirs au but : mais Randal (Première colonie)Avant de se voir à la Coupe du Monde, je le connaissais un peu car nous avions des amis en commun. Même si après, nous nous sommes vraiment rapprochés en équipe de France. Et nous avons à peu près le même parcours. On a une discussion un peu forte dans le sens où on se dit : ‘d’où on vient… Là, on peut tout renverser !’ Je le vois dans son final, et j’essaie de lui faire prendre conscience de l’importance qu’il dégageait, avec l’énergie qu’il insufflait. Et son tir au but réussi (Kolo Muani est le quatrième tireur français. La finale se termine s’il rate sa tentative) le résume parfaitement. Visage fermé, un pétard, et il l’enfile.

Lorsque Gonzalo Montiel convertit son tir au but et envoie l’Argentine sur le toit du monde, quelle émotion monte en vous ?

AD : Dans les films, quand il y a un bruit de fusillade, vous avez le son qui résonne, puis plus rien, juste le silence. Eh bien, dans ma tête, c’était comme ça. Je sais que je viens de perdre une finale, mais je pense que le moment où je réalise vraiment que cela arrive quelques mois plus tard. C’est à ce moment-là que vous comprenez où vous en étiez. Et je me suis dit que si on avait gagné, ça n’aurait pas eu de sens ! Cela aurait été pour la vie. C’est cette question dans ma tête : “Imaginer? Imaginez si l’histoire aurait été différente ? Il y a aussi quelque chose qui m’énerve encore aujourd’hui : quand les gens me disent “Tu es vice-champion du monde”. Le vice fait mal. Très mauvais. Mais c’est la vie, c’est comme ça. Parfois, il y a des gens qui me le racontent comme s’il s’agissait d’un palmarès. Mais ce n’est pas vraiment un palmarès, car il y a ce « vice ». Et ce vice est tout de même inquiétant.

Axel Disasi après la finale de la Coupe du monde 2022

Crédit : Getty Images

 
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