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« Le Dstny Lot n’est pas pauvre, mais… »

Le directeur général de l’Éducation belge Loterie Dstny, Stéphane Heulota vécu des semaines compliquées, notamment en raison du départ prématuré de Maxime Van Gils dans la direction Red Bull-BORA-hansgrohe. Loterie Dstnyneuvième meilleure équipe de 2024, peuvent être invitées à toutes les épreuves du WorldTour si elles le souhaitent malgré leur statut ProTeam, cependant, comme l’année dernière, l’équipe belge renoncera à s’aligner au départ de la Tour d’Italie. Stéphane Heulot il a expliqué son choix lors d’un entretien avec ’Actu, mais il est aussi revenu sur le sujet Maxime Van Gilssur les différences de budget dans le WorldTour ou encore sur les sponsorings… Bref, plus de 20 minutes d’interview à voir en vidéo ou à lire ci-dessous.

Video – Il Cyclism’Actu… Intervista a Stéphane Heulot

“Je ne suis pas d’accord avec ce type de phénomène”

Comment avez-vous vécu l’affaire Maxim Van Gils ?

Il n’y avait pas grand chose à faire. Il y a plusieurs points. La première c’est que la loi belge est très permissive donc, d’un point de vue juridique, on pourrait évidemment agir, maintenant ce n’est même pas dans nos valeurs de bloquer un coureur pendant sept-huit mois. C’est un coureur qui nous a beaucoup apporté. Il fait partie de l’équipe depuis sept ans et c’était son choix, mais il était tard. Je ne suis pas d’accord avec ce type de phénomène mais je pense qu’il va falloir s’habituer à ces équipes qui ne respectent pas leurs contrats. C’est compliqué, nous avions une vision pour les trois années à venir avec Maxim, Lennert Van Eetvelt et Arnaud De Lie, mais cela nous a aussi obligé à faire des choix concernant les coureurs qui ne sont pas restés. C’est dommage que cela se produise en novembre. Derrière c’est compliqué de garantir à nos sponsors un projet signé.

Avez-vous été surpris par ce qui s’est passé ?

Disons qu’après le Tour Maxim m’a contacté pour me dire qu’il avait changé d’agent en la personne d’Alex Carera, alors j’avoue que je l’ai entendu venir de loin…

Et en 2025 il y a le cas Jarno Widar

C’est autre chose. Évidemment oui. Le cas se présente aujourd’hui, nous y travaillons mais ce qui est sûr c’est que nous ne laisserons pas que cela se produise à chaque fois, et alors nous montrerons probablement les dents.

“Il y a tellement de différence entre les budgets”

Le cyclisme est-il en train de devenir comme le football ?

OUI. Il existe désormais des lois qui nous y obligent. Une loi belge et une loi européenne qui marche dans le football. Il n’y a aucune raison pour que cela ne s’étende pas au cyclisme. Il y a une grande différence entre les budgets des plus grandes équipes et ceux des autres… C’est vrai qu’on n’y arrive pas. Les agents sont apparus massivement au cours de la dernière décennie. Désormais, nous ne sommes plus obligés de mettre tout le monde dans le même panier. Il y a des gens qui font très bien leur travail et d’autres qui ont un peu moins de valeurs et de respect des contrats, même si derrière ça ils mettent en avant la volonté du pilote. Le problème est souvent une question d’argent.

L’argent, épine dorsale de la guerre ?

Il va falloir très vite légiférer tout ça au niveau de l’UCI pour la simple raison qu’aujourd’hui, s’il y a quatre ou cinq équipes réunissant tous les meilleurs coureurs du monde, on va s’en désintéresser. Le cyclisme est un combat, c’est toujours très compliqué de ne voir que les mêmes maillots devant soi. C’est évidemment l’argent qui fait la différence. Nous arrivons à bien faire, nous sommes dans le top 10 depuis deux ans, maintenant avec un budget plus proche des 15 millions que des 20, cela nous amène forcément à réfléchir à tous les détails. On s’attaque au cœur, au développement, c’est l’axe de l’équipe, et on se rend compte qu’aujourd’hui les équipes n’hésitent pas à s’attaquer immédiatement à nos jeunes prodiges.

Le plafond salarial, la solution ?

Je ne sais pas si c’est vraiment la solution. Nous en avons déjà discuté avec l’UCI et également avec le PICG. Le problème est qu’il y aura toujours moyen d’éviter de respecter ce plafond salarial. Avec de l’argent donné directement aux coureurs via les sponsors, et je ne pense pas que cela sera contrôlable. Personnellement, je n’ai pas la solution, le plafond budgétaire pourrait en être une, il y a d’autres propositions sur la table, mais encore une fois il faut voir ce qui peut être faisable et comment cela peut être détourné par certains.

De moins en moins de classe moyenne dans les équipes cyclistes… comme la société ?

Oui bien sûr. Ensuite, je ne me considère pas pauvre avec un budget comme celui-là, qui reste conséquent. Mais il est vrai que même si cela s’inscrit dans l’évolution du cyclisme, ce n’est pas une situation mondiale, c’est limité à une minorité dans le WorldTour. Il est évident qu’aujourd’hui nous sommes pauvres, demain nous serons très riches. Il faut juste garder le cap des valeurs et du respect. Certains ont changé de ton depuis qu’ils avaient des budgets qui ressemblaient à des gouffres. Ce n’est pas cohérent et le cyclisme va perdre beaucoup d’intérêt.

« Sautons encore le Giro »

La saison 2025 du Lotto Dstny… qu’en pense-t-on malgré quelques départs ?

C’est une déception de perdre Maxim. Quand nous avons re-signé en février, je ne pensais pas qu’il pouvait marquer comme ça. Je pense aussi qu’avoir lu ces trois prochaines années l’a mis dans un état d’esprit relativement calme et cela a donc été une excellente saison pour lui, mais encore une fois, nous avons 11 coureurs qui ont gagné, et il a de grandes promesses à venir. avec Alec Segaert, qui est encore à l’école, je le rappelle. Nous repensons nos projets mais nous essaierons encore une fois de transformer cette contrainte en opportunité. C’est un défi, nous savons que nous pouvons souffrir davantage que ces deux dernières années, mais je refuse de tomber dans ces schémas de pensée. L’objectif pour nous est de maintenir cette position malgré ces désagréments de fin d’année.

Vous avez revu vos projets… Quels sont ces projets ?

L’avantage est que nous pouvons toujours choisir notre propre calendrier en tant que ProTeam. L’idée est vraiment d’adapter le programme à notre main-d’œuvre. L’année prochaine nous ne serons que 25, cette année nous étions 28, avec encore une fois 4 pilotes issus de notre équipe de développement. Le programme est évidemment un peu raccourci et adapté à nos capacités. On va encore sauter le Giro, même si au début de l’année j’avais cette envie de pouvoir amorcer mon retour sur le WorldTour en essayant d’enchaîner les trois Grands Tours.

Donc Tour et Vuelta en 2025… On a vu de belles choses d’Arnaud De Lie sur le Tour, pareil en 2025 malgré un terrain de jeu peu favorable aux sprinteurs ?

Arnaud De Lie n’est pas un pur sprinter, donc je tiens à dire que plus la route est cahoteuse, mieux c’est. Je parle évidemment de l’arrivée, pas des montagnes. Les choses ont été faites de manière à diviser un peu le groupe, donc je pense qu’Arnaud fait partie des sprinteurs capables de surmonter ces difficultés. Nous avons également Lennert Van Eetvelt, qui, nous l’espérons, sera épargné en 2025 de toutes les blessures qu’il a subies, car malgré cela, il a quand même remporté deux courses par étapes du WorldTour cette année. Il fera ses débuts sur le Tour de , pour viser le classement général, je ne sais pas, certainement autre chose à découvrir et essayer de retrouver les étapes ciblées.

Patrick Lefèvre… est un monument

Quelle est l’idée des classiques ?

Toujours l’envie et l’objectif d’en obtenir un, ou un semi-classique. Nous en avons le potentiel. L’année dernière au Nieuwsblad on n’est pas allé très loin, on a fait de belles choses avec Florian Vermeersch, mais lui aussi nous quitte. C’était un peu le serpent à deux têtes sur les classiques avec Arnaud, bon c’est vrai qu’on va se retrouver un peu orphelin de Florian, même si cette année il ne nous a pas du tout aidé étant donné que son fémur était cassé en Février . Mais derrière je vois Cédric Beullens, Jenno Berckmoes, Brent Van Moer qui aiment les classiques, donc on sera là.

Le cyclisme est-il déconnecté des valeurs humaines ?

Je ne sais pas. J’ai toujours conçu le vélo de cette façon. Il y a une partie mécanique, mais un pilote dans un environnement favorable sera bien plus performant que le même pilote qui se retrouve dans une équipe où il ne se sent pas considéré et apprécié. Le même coureur aura une performance de 75 à 80 %, alors que dans un autre environnement il pourrait atteindre 110 %.

Des entraîneurs comme Lefevere partent, d’autres comme Serieys arrivent, comment voyez-vous tout cela ?

Je suis convaincu que Patrick ne disparaîtra pas complètement puisqu’il restera au conseil de surveillance de l’équipe. Mais je veux dire, c’est la vie. C’est vrai que la Saint-Patrick est un monument en Belgique et dans d’autres pays aussi, je pense. Son CV est phénoménal. Nous ne pouvons pas réaliser ce qu’il a fait. Sur certains points, il peut être un exemple pour beaucoup.

« Être une équipe belge n’est pas toujours facile… »

C’est votre troisième année à la tête du Lotto Dstny, comment ça se passe ?

Je ne suis pas seul dans cette « success story », car nous sommes à 130 % de ce que nous pouvons faire. Encore une fois, comparé à des moyens limités et à ceux des autres, c’est compliqué. Mais je ne connais pas de manager qui dirait que c’est un travail facile. Je dis généralement que quand je n’ai qu’un problème par jour, c’est une bonne journée. On apprend à vivre avec, on cherche toujours une solution et ça marche. Être une équipe belge n’est pas toujours facile car nous avons une presse flamande très agressive. Ils ont une éthique qui leur convient, dans le sens où ils ont tendance à dire des choses non vérifiées. C’est particulier, dans le même pays on a la partie francophone qui fonctionne plutôt à la française de ce côté-là…

Cette critique vous touche-t-elle personnellement ?

De moins en moins, dans le sens où je sais d’où ça vient et ce serait donner trop d’importance à ce qui n’en a pas. On dira qu’on a beaucoup moins de ce genre de trucs sur Patrick Lefevere ou Jean-François Bourlard… Pourquoi Lotto ? Je n’ai pas la réponse, mais nous faisons notre travail, c’est le plus important pour moi.

Comment le directeur général de Lotto Dstny peut-il être un homme accompli ?

Tout d’abord, concluons tous les bons contacts que nous avons. Je pense que trouver un deuxième nom pour l’équipe est sur la bonne voie, mais la situation économique n’est pas facile. Nous commencerons la saison avec juste Lotto dans le nom, mais à mesure que nous nous rapprochons de 2026, date à laquelle nous devrions revenir sur le WorldTour, il est important de pouvoir élargir notre équipe. C’est urgent. Sur le plan sportif, cela signifierait que tout le monde fasse un pas en avant. Nous avons gagné 25 courses cette année, je ne veux pas me fixer d’objectifs là-dessus. Le cyclisme n’est pas une science exacte, il va falloir faire preuve de résilience, nous appliquerons les mêmes indications.

 
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