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Une victoire du CH, un bébé neuf mois plus tard

La publicité, diffusée lors du Super Bowl 2016, a fait un carton. Des choristes ont expliqué, sur l’air d’une chanson de Seal, pourquoi ils étaient nés exactement neuf mois après une finale de la NFL.

« Quand notre équipe a gagné/
Maman et Papa se regardèrent/
Les choses se sont mises en place/
Nous sommes tous des bébés/
C’est arrivé le soir du Super Bowl »

Regarder la publicité (en anglais)

Comme quoi, dans le football, le contact ne se limite pas au terrain. Un concept génial. Mais est-ce vrai ? Sommes-nous réellement témoins d’un baby-boom après de grandes victoires sportives, comme remporter un Super Bowl ?

Pour citer des amoureux peu sûrs sur Facebook : c’est compliqué.

Oui, cela est déjà arrivé. Neuf mois après le triomphe du FC Barcelone en Ligue des Champions en 2009, on constate effectivement une hausse des naissances dans la capitale catalane. Des chercheurs américains ont constaté cinq fois le même phénomène dans des villes championnes du Super Bowl entre 2003 et 2012. Mais que s’est-il passé après les cinq autres finales de NFL disputées durant cette période ? Le contraire. Les naissances dans les villes des clubs vainqueurs ont diminué. Insérez ici le bruit d’un ballon de football qui se dégonfle…

Voilà pour la NFL. Mais qu’en est-il ailleurs ?

Deux professeurs d’économie, Luca Fumarco et Francesco Principe, ont ratissé plus large. Ils ont vérifié les taux de natalité dans 50 pays européens pendant plus d’un demi-siècle et les ont comparés aux résultats des matchs des grands tournois de football. J’envie tellement leur feuille de calcul Excel que je l’ai mise sur ma liste de cadeaux de Noël.

Leur constat : plus on suivait de jeux, moins il y avait de bébés nés neuf mois plus tard. Leur hypothèse est que les supporters étaient tellement investis dans ces grands matches qu’ils manquaient de - pour les sports en salle.

Deux autres chercheurs, Fabrizio Bernardi et Marco Cozzani, ont tenté une nouvelle approche. Ils ont ajouté une variable dans l’équation. Cotes des paris sportifs. Pour quoi ? Pour savoir si une issue inattendue – une victoire du dernier contre le premier par exemple – pourrait favoriser la procréation.

Après les victoires, anticipées ou non, non. L’aiguille n’a pas bougé. Après les défaites inattendues, ils ont cependant remarqué un petit spasme dans leurs données. Une baisse de la natalité, neuf mois plus tard. Mettez cela sur le compte de la déception et de la tristesse.

Et qu’en est-il du hockey au Canada ? Quand le Tricolore gagne, les Montréalais auront-ils plus de bébés ?

Il existe une étude récente sur le sujet. Il date de cette année et a été réalisé par deux professeurs d’économie, Maryam Dilmaghani, de l’Université St. Mary’s, et Min Hu, de l’Université de la Colombie-Britannique. Ils ont utilisé la méthode Bernardi-Cozzani en croisant trois bases de données : les résultats des matchs de la LNH entre 2008 et 2019, les cotes des paris sportifs sur ces matchs et les naissances enregistrées par Statistique Canada dans les sept marchés canadiens de la ligue. durant cette période. Leurs découvertes sont fascinantes.

Commençons par les chiffres bruts. Pour la grande région de Montréal, il y avait à cette époque environ 114 naissances par jour. Exactement 270 jours après une victoire canadienne, il s’élève à 115. En cas de défaite, il descend à 112. Mais, mais, mais, ne tirez pas de conclusions hâtives. Plusieurs autres facteurs doivent être pris en compte. Par exemple, les naissances prématurées, ou encore les quelques césariennes prévues certains jours de la semaine, comme le dimanche.

Et puis, comment doit-on traiter les partisans du Canadien qui habitent à Ottawa ? Ceux des Flames de Calgary qui habitent à Edmonton ? Ceux des Maple Leafs qui… oh non, oubliez ça, à l’extérieur de Toronto, on ne les trouve nulle part. Pour résoudre ces cas, les chercheurs ont laissé de côté les matchs entre deux clubs canadiens. Bref, ils ont nettoyé les données, ils les ont mis dans le grand mixeur de statistiques, et bon sang, ils ont trouvé une corrélation.

Neuf mois après la victoire inattendue d’un club canadien dans la LNH, on constate une légère hausse d’environ 1% des naissances dans la ville des vainqueurs.

“En cas de victoire inattendue, les partisans s’attendaient à une défaite”, expliquent les chercheurs dans la publication spécialisée. Revue de l’économie du sport. « On peut croire que les supporters étaient donc plus enclins à rester chez eux qu’à sortir dans les bars ou les lieux publics en prévision d’une victoire. Nous supposons qu’être dans une maison privée après un match dont l’issue est agréable est plus propice au rapprochement que d’être dans un rassemblement public. Peut-être que cela peut expliquer nos résultats. »

Les victoires et défaites anticipées, quelles qu’elles soient, n’ont aucun impact sur le taux de natalité.

Cela pourrait être une bonne nouvelle pour la natalité au Québec. Car cette saison, presque toutes les victoires du Canadien sont inattendues…

 
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