MMême si le suspense était faible, la décision de la justice argentine contre les rugbymen Oscar Jegou et Hugo Auradou était très attendue. Mardi dernier, conformément aux requêtes du parquet, la juge Eleonora Arenas a ordonné le classement sans suite des poursuites concernant les deux internationales françaises, respectivement joueuses du Stade Rochelais et de la Section Paloise. Les deux hommes étaient accusés de viol aggravé depuis juillet dernier, lors de leur passage à Mendoza lors d’une tournée du XV de France en Argentine.
« Justice a été rendue »
Dans un communiqué, le centre judiciaire de Mendoza a précisé que « l’acte enquêté ne constitue pas un délit », donc qu’aucun viol n’a eu lieu.
“La réhabilitation judiciaire a été réalisée”, a déclaré l’un des avocats des joueurs, Me Antoine Vey, “les deux joueurs ont été victimes de fausses accusations”. « La justice argentine qui a enquêté, sur la base d’éléments objectifs tels que des vidéos, des témoignages, des expertises, a pu affirmer clairement que les faits qui leur étaient reprochés n’existaient pas »
« Oscar Jegou est innocent ! La décision de classer l’affaire le reconnaît officiellement. La justice argentine a pris connaissance de tous les éléments objectifs recueillis dans ce dossier, qui corroboraient systématiquement les déclarations des joueurs. […] La justice est passée. Je suis soulagé de voir reconnue l’innocence d’Oscar Jegou, qui a surmonté cette épreuve à l’âge de 20 ans, grâce au soutien sans faille de sa famille, de son agent et de son club Le Stade Rochelais, qui n’a jamais retiré sa confiance” a déclaré ” Sud Ouest”Me Céline Astolfe, avocate d’Oscar Jegou.
Les deux joueurs ont été accusés de viol par une femme de 39 ans rencontrée dans une discothèque lors d’une soirée alcoolisée. La jeune femme a déclaré avoir accepté de ramener les joueurs à l’hôtel pour un dernier verre avant d’être battue et contrainte d’avoir des relations sexuelles avec les deux hommes.
La procédure qui a débuté par la garde provisoire des deux joueurs a ensuite connu un tournant spectaculaire au bout de quelques semaines. Une série d’éléments à décharge ont convaincu le procureur de la République qui a souligné “des incohérences et des zones d’ombre bien connues” dans le discours du plaignant.
Ces éléments comprenaient notamment un rapport médical jugé non concluant, des images de vidéosurveillance de l’hôtel avant les événements (dans lesquelles le plaignant a été vu en train d’embrasser Hugo Auradou), des messages audio ambigus envoyés par le plaignant à un ami même au lendemain des événements. comme une compétence psychologique défavorable pour la jeune femme.
« Une décision infondée et incomplète »
De son côté, l’avocat de l’appelant, M.e Natacha Romano a dénoncé une “fausse” procédure, mentionnant au passage que le frère du ministre argentin de la Justice faisait partie de l’équipe juridique des joueurs et avait tenté en vain de récuser les magistrats. La position du plaignant n’a pas changé lors de l’audience sur la sentence de licenciement. Demandé par « Sud Ouest », Me Romano a annoncé son intention de faire appel, dénonçant une décision “infondée, préjudiciable et incomplète”. Si la décision était confirmée en appel, la procédure serait alors définitivement close.
Le Stade Rochelais et l’antenne paloise ont réagi à la décision de classer le dossier. “Après plusieurs mois d’un processus éprouvant, cette décision est un véritable soulagement pour Oscar et sa famille, ainsi que pour le Stade Rochelais qui l’a soutenu sans relâche”, a indiqué le Stade Rochelais.
La Section a annoncé avoir accueilli avec « soulagement et satisfaction la décision de non-lieu prononcée mardi par le Tribunal de Mendoza. Cette décision marque la reconnaissance de l’innocence d’Hugo et met fin à une séquence de 5 mois très difficile pour le joueur, sa famille, le club et tous les amoureux de notre sport. Hugo va désormais pouvoir se concentrer pleinement sur le rugby et sur une deuxième partie de saison importante pour lui et pour le club. »
L’affaire a provoqué un séisme dans le rugby français, jetant une lumière crue sur les troisièmes mi--, ces moments de fête offerts aux joueurs après des matchs traditionnellement alcoolisés. Florian Grill, président de la Fédération française de rugby, avait promis de remettre de l’ordre dans ces pratiques. Il a en tout cas annoncé qu’aucun retour en équipe de France ne serait possible avant le limogeage officiel par la justice argentine. Mardi, la FFR a donc de nouveau déclaré les deux joueurs « sélectionnables ».
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