Retraitée des pistes depuis 2015, spécialiste de la vitesse (50 départs en Coupe du monde, deux titres de championne du monde juniors), Marine Gauthier, aujourd’hui institutrice, nous accompagnera cet hiver et en vers en jetant son regard sur le grand Cirque Blanc. Pour cette nouvelle carte blanche, elle évoque le thème de la blessure, dont Marcel Hirscher est l’une des victimes.
La nuit, tu dors peu parce que tu souffres tellement,
Et le réveil est souvent très tôt.
Quand tu te réveilles de ton sommeil, toujours dans le coma,
Vous n’avez même pas besoin d’ouvrir les yeux.
Tu le sens, dans ton corps, quelque chose ne va pas,
Même du fond de ton lit, tu ne saurais pas quoi dire.
Alors, vous initiez un mouvement,
Vous bougez chaque partie du corps une à une, doucement,
Jusqu’à ressentir une décharge, une brûlure intense,
Une douleur vive qui vous traverse.
Soudain tu es complètement réveillé,
Et vous revenez péniblement à la réalité.
Revenez ensuite dans l’ordre chronologique,
Souvenirs du moment fatidique :
La chute, le pied tordu, la douleur,
“Ce n’était pas un cauchemar, j’en ai bien peur.”
Puis la salle d’attente du médecin et votre esprit bat,
Contrairement à votre corps immobile, qui sait déjà…
Les minutes semblent des heures, l’attente est interminable,
Quand va-t-on enfin vous dire que ce n’est rien de grave ?
Envie de savoir ce qu’il y a, pour être rassuré,
Laissez-vous dire que c’est l’histoire de quelques jours, que votre saison n’est pas terminée.
Et puis le diagnostic tombe, comme une phrase,
Ce qui en un instant gâche l’ambiance.
Au loin tu entends le docteur,
Qui indique le nombre de jours pour rester absent.
Loin du groupe, loin des skis,
Loin de vos objectifs de la saison aussi.
Loin des yeux, loin du cœur,
“Allez, ça va aller, n’aie pas peur !” »
Qu’est-ce qui est difficile quand tu es blessé,
C’est quand on réalise qu’en une seconde, tout s’est arrêté.
Vous restez sur la plateforme, pendant que vos amis continuent l’aventure,
Laissez-les quand même lancer les dés pour leur carrière, pendant que vous restez sur la case « blessure ».
“Et toi, sur ce lit d’hôpital, tu restes cloué”
Tout le monde est parti pour la prochaine tournée,
Et toi, sur ce lit d’hôpital, tu restes cloué.
Avec un peu de chance, vous ne parlez même pas la même langue que les soignants,
Pour peu qu’il vous reste un ou deux films à sensations sur votre ordinateur… !
Peu importe les projets que tu avais,
Là pour les prochaines semaines, c’est repos forcé.
De retour à la maison, béquilles à la main,
Changement de décor et régime draconien.
Au menu glaces, argile et petits pois surgelés,
Cocktail parfait pour combattre la douleur et dégonfler.
Zapez les réseaux sociaux pendant quelques mois,
Je ne veux pas savoir ce qui se passe sur les pistes sans toi…
Entre les hématomes suite à l’opération et votre humeur,
Le noir est définitivement votre couleur…
Au programme de vos occupations,
En tête de liste : l’acceptation.
Accepte ce qui t’est arrivé,
Comprenez pourquoi pour ne pas recommencer.
Pourquoi cette blessure est-elle survenue ?
Pourquoi cela vous est-il tombé dessus à ce moment de la saison ?
Parce qu’une blessure n’arrive jamais par hasard,
A vous de regarder pour mieux voir :
Surcharge physique ou mentale, ou les deux combinées,
Alertes de votre corps que vous avez ignorées,
Manque de repos ou de motivation,
Vous avez l’embarras du choix, à vous d’en tirer les bonnes conclusions.
« Comprendre le pourquoi pour accepter le comment »
Comprendre le pourquoi pour accepter le comment,
Tirez des leçons pour avancer.
Profitez de ce - libre pour vous vider l’esprit avant de faire le plein,
Faire ce que vous ne pouvez habituellement pas faire pour repartir encore plus affamé !
Comme dans toute situation, il y a des bons côtés,
Encore faut-il être suffisamment ouvert pour pouvoir les trouver…
Donc point final ou nouveau point de départ,
Motivation à fond ou au placard,
Toi seul peux décider,
Que vous ayez ou non assez d’énergie pour continuer…
suisse
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