Peu importe notre âge, peu importe ce que nous faisons dans la vie, un changement de carrière est intimidant. Parfois même terrifiant. Mais pour Justine Dufour-Lapointe, c’était devenu nécessaire.
Un petit voyage dans le -, jusqu’aux Jeux de Pékin 2022 plus précisément. Le skieur tombe en finale de l’épreuve de bosses. Sa compétition est terminée. Pas exactement le scénario qu’envisageait, disons, le médaillé d’or à Sotchi en 2014 et médaillé d’argent à PyeongChang en 2018…
S’ensuit un long interrogatoire. Arrêter ou continuer ? Pour Dufour-Lapointe, la réponse se situe quelque part entre ces deux options. Elle avait largement couvert les bosses. La passion s’était estompée avec le -. Mais pas question de ranger ses skis.
« J’ai remarqué au cours de mes dernières années en bosses que j’aimais apprendre et me développer en tant que skieur. Mais je pense qu’à un moment donné, je me suis senti un peu essoufflé par l’environnement. Quand tu fais la même chose depuis 12 ans, tu connais la poutine», a-t-elle confié lors d’une généreuse entrevue avec La pressemardi.
C’est finalement vers une discipline alors inexplorée pour elle, le ski hors-piste (ou freeridesi vous préférez), qu’elle trouvera son salut. Et ce sont les étapes et défis liés à cette transition vers ce nouveau sport qui seront évoqués dans le documentaire. Le grand saut : le pari de Justine Dufour-Lapointe. Les deux premiers épisodes seront mis en ligne sur la plateforme Tou.tv le 21 janvier, tandis que les deux autres suivront le 18 février.
« Se lancer dans l’inconnu, changer de carrière comme ça à 30 ans, c’était audacieux. Mais pour moi, je n’avais rien à perdre, juste tout à gagner », souligne-t-elle.
« Purisme du ski »
Que mange-t-il exactement en hiver ? freeride ? En résumé, ce sont des descentes sur pentes naturelles, sans aménagement particulier. Les concurrents sont amenés par hélicoptère au sommet de la montagne et se retrouvent souvent à la merci des éléments.
Après avoir découvert ce sport, notamment sur les réseaux sociaux, Dufour-Lapointe a décidé de s’y consacrer et ainsi « vivre le purisme du ski ».
« C’était un peu fou d’imaginer retomber sur les rochers, d’avoir le courage de se lancer dans l’inconnu », décrit-elle. Mais je pense que j’avais soif d’aventure. J’avais clairement confiance en moi, il faut y croire ! »
Évidemment, la transition vers ce type de ski ne s’est pas trop mal passée : Dufour-Lapointe a été sacrée championne du monde Freeride World Tour dès sa première saison de compétition, en 2023.
« Je pense que c’était ma plus grande victoire à la fin de cette année-là », se souvient-elle. Pour me dire : câlin, il y a un an, je pleurais [Pékin] Pékin, et me voilà en train de gagner et de soulever le trophée de champion du monde dans les airs. »
La vision d’une mère
L’euphorie du triomphe fut cependant tragiquement interrompue. Après une seule épreuve en 2024, Dufour-Lapointe a dû interrompre sa saison pour accompagner sa mère Johane, atteinte d’un cancer du poumon. Elle est décédée le 21 mars.
« C’était un choix déchirant d’arrêter de skier comme ça, mais en même -, c’était la meilleure décision de ma vie d’être avec elle. Je ne pense pas que je le regretterai un jour», dit-elle avec émotion.
C’est en suivant les enseignements de sa mère, qui lui disait toujours qu’il devait suivre ses rêves et ses passions, que Dufour-Lapointe s’est laissé convaincre par le freeride. « C’était sa vision de la vie selon laquelle nous devrions vivre à 100 %. […] Je savais qu’il y avait une partie d’elle qui était extrêmement fière de moi”, dit-elle.
Elle s’apprête désormais à reprendre les rênes de l’édition 2025 du Freeride World Tour, qui s’ouvrira en Espagne le 18 janvier. Coïncidence : la dernière étape de la saison débutera le 21 mars en Suisse. Un an, jour pour jour, après le décès de Johane Dufour.
Le skieur anticipe un peu le moment, on peut le comprendre. Elle sait que l’émotion risque d’être à son paroxysme au sommet de la montagne, dans les instants précédant sa descente.
«Ma mère va certainement me manquer», admet-elle. Ça va certainement être dur. Elle va me manquer à tout moment. Elle laisse un grand vide. En même -, je pense qu’elle serait vraiment heureuse de savoir que je fais cela et que je continue à suivre mes rêves. C’est ce qu’elle voudrait. »
D’ici là, au-delà d’un autre championnat, Justine Dufour-Lapointe n’a qu’un seul objectif pour l’année prochaine : « skier avec le sourire tous les jours ». Poussée par cette passion renouvelée pour le sport qu’elle aime tant.
Tout cela sous le regard bienveillant de maman, sans aucun doute.
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