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“J’ai fait ce que j’avais à faire, seul dans la nuit, dans le vent”

Vendée Globe Day 11 – Huit jours après avoir quitté la course, la skipper nous raconte ses déboires… toujours avec le sourire.

En huit jours de Vendée Globe, la navigatrice a vécu de multiples aventures et nous appelle du Pot au Noir, cette zone intertropicale redoutée des marins qu’elle aborde à plus de 20 nœuds. Installée dans son cockpit, elle observe le grain instable tout en se remémorant les moments clés de son début de course marqué par une avarie, un intrus poilu, une lecture poignante, un manque de vent et des instants de majesté. Au moment où nous publions ce texte, la navigatrice vient de signaler sur son compte Instagram avoir subi une panne électrique en pleine nuit, éteignant tout son bateau.

Madame Figaro.- Comment vous sentez-vous à ce stade de la course ? Est-ce différent de votre premier Vendée Globe ?
Clarisse Crémer.- Je me sens très bien, très bon moral ! La dernière fois, j’ai eu des moments de déprime à ce stade où j’avais l’impression d’être au pied d’une montagne. Nous venons de vivre trois jours vraiment très calmes qui m’ont permis d’aborder sereinement les moments plus compliqués liés au bateau, sur lequel il y a toujours des choses à réparer.

Dans la nuit du 12 au 13 novembre, vous avez subi des avaries importantes en perdant votre grand gennaker. Comment contrôler ses nerfs dans de telles conditions ?
J’ai fait ce que je devais faire seul dans la nuit, dans le vent. C’est un petit truc qui s’est cassé, qui a dégénéré. Bien sûr, j’ai perdu avec cette voile stratégique plein de petits outils qui étaient mes jokers pour le Vendée Globe, mais j’aurais aussi pu démâter, me blesser très gravement ou même tomber à l’eau.

Cela vous a-t-il poussé à changer de stratégie ?
Nous naviguons avec de nombreux systèmes pour adapter notre stratégie aux configurations du bateau et aux conditions météorologiques. Et cette voile est un peu en bout de chaîne, donc c’est facile d’identifier ce que cela va changer dans la suite de la course.

Vous avez partagé des vidéos de recettes, des photos et d’autres mésaventures, comme la présence d’une énorme araignée dans la cabane. Quel rôle ces actions jouent-elles dans votre quotidien ?
Je ne me pose pas trop de questions à vrai dire, je réalise mes vidéos quotidiennes de trois minutes assez naturellement ! Celles sur la nourriture m’amusent, ça devient une activité en soi quand on a le temps, quand il n’y a pas de vent. Mais c’est très relatif : mardi soir par exemple, il faisait très chaud, on allait très vite, je mangeais ce qui me tombait sous la main. Concernant les photos, j’aime partager mes petits moments de contemplation qui sont très précieux pour moi. J’ai passé de belles nuits, calmes et étoilées, c’est très agréable et ça donne envie de faire du bateau pour profiter de la douceur et des poissons volants !

Vous avez évoqué la découverte à bord d’un roman très difficile, Une journée spéciale, d’Anne-Dauphine Julliand et qui répond à la question deuil parental . La mer – par temps calme – est-elle propice à la lecture ?
La lecture est pour moi un moyen de prendre du recul. Comme il est toujours difficile de commencer un livre en mer, j’utilise des livres audio – j’ai déjà écouté trois fois l’autobiographie de Thomas Pesquet ! Mais après avoir lu ceci, j’ai décidé d’en choisir un autre, peut-être un peu plus long !

Vous courez également depuis huit jours avec votre compagnon Tanguy le Turquais, c’est son premier Vendée Globe. Comment le vivez-vous ?
C’est très spécial. Je dois dire qu’il me manque moins que s’il était au sol. Comme nous sommes chacun sur notre bateau, j’ai l’impression d’être avec lui. On ne parle pas beaucoup, juste pour savoir si on a bien dormi, ce qu’on a mangé… On aime savoir que tout va bien. J’ai hâte de discuter de ses impressions à son arrivée. Il a plus d’expérience que moi, mais la Vendée est particulière !

 
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