Le combat très médiatisé entre Jake Paul et Mike Tyson a été victime de son propre succès vendredi dernier. Netflix, encore inexpérimenté dans la diffusion en direct, a connu des problèmes techniques toute la soirée. Cet événement prouve néanmoins l’intérêt croissant des géants du visionnage en ligne pour le sport, ce qui change la donne pour les diffuseurs traditionnels.
Netflix est longtemps resté à l’écart du sport. Il a fallu attendre novembre 2023 pour que le leader mondial du streaming présente son premier événement en direct, la Netflix Cup, une compétition de golf entre pilotes de F1 et golfeurs professionnels.
Le combat de boxe entre la star des réseaux sociaux Jake Paul et l’ancien champion du monde Mike Tyson, deux personnages dont la réputation sulfureuse n’est plus à faire, a été le premier événement de cette ampleur à être diffusé sur Netflix. Les serveurs de la plateforme n’ont pas tenu le coup. Sur les réseaux sociaux, plusieurs abonnés se sont plaints de la connexion bancale. La qualité de l’image n’était pas non plus toujours optimale.
“Nous ne voulons pas minimiser la mauvaise expérience qu’ont vécu certains abonnés et nous savons qu’il y a place à amélioration, mais nous considérons toujours cet événement comme un énorme succès”, a ensuite réagi l’entreprise. Elizabeth Stone, CTO de Netflix, dans une note aux employés obtenue par l’agence de presse Bloomberg.
Soixante millions de foyers
L’entreprise californienne confirme que l’affluence record sur la plateforme est à l’origine de ces problèmes techniques. Selon Netflix, plus de 60 millions de foyers à travers le monde ont regardé en direct Jake Paul, 27 ans, donner une solide raclée à Mike Tyson, de plus de 30 ans son aîné.
Malgré les problèmes, il n’en demeure pas moins que Netflix a réussi son pari. Cet événement a été un gros test pour la plateforme, qui souhaite diffuser davantage de sport dans les années à venir. Et 60 millions de foyers, sachant que dans un même foyer il y avait souvent plusieurs personnes qui regardaient en même temps, c’est énorme.
Benoit Séguin, professeur titulaire à l’École des sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa
Dans les prochains mois, le professeur de marketing sportif s’attend à voir débarquer d’autres grandes compétitions sportives sur Netflix, ainsi que sur d’autres grandes plateformes en ligne.
« Cela signifie qu’il y a de plus en plus de concurrence pour la diffusion des grands événements sportifs. Les prix pour obtenir les droits sont devenus exorbitants. C’est inquiétant pour les diffuseurs traditionnels, comme Bell, Quebecor ou Rogers, qui ont déjà de la difficulté à suivre», résume M. Séguin, rappelant que les deux chaînes sportives francophones, TVA Sports et RDS, perdent de l’argent. Actuellement.
Rester en contact
Netflix diffusera deux matchs de la NFL pendant la période des fêtes pour la première fois de son histoire. Prime Video est déjà le diffuseur officiel des matchs du jeudi de la Ligue nationale de football. Dans le football, Apple TV a conclu un accord exclusif avec la MLS en 2022.
Lors de la dernière saison, une vingtaine de matchs joués par le CF Montréal étaient offerts uniquement en ligne. François Messier, qui dirigeait jusqu’à tout récemment le service des sports de Radio-Canada, doute que cela profite au club.
Les médias québécois parlent-ils du CF Montréal autant qu’avant depuis qu’il était sur Apple TV ? Je ne suis pas sûr. La réalité est que les grandes ligues professionnelles ont tout intérêt à maintenir le contact avec les diffuseurs traditionnels pour que les gens continuent à parler de leur sport.
François Messier, ancien directeur du département des sports à Radio-Canada
François Messier, qui a également travaillé pour RDS, reconnaît que les plateformes numériques devraient jouer un rôle plus important dans l’industrie au cours des prochaines années. Mais il ne croit pas qu’ils remplaceront complètement les diffuseurs traditionnels.
« Ce que nous risquons de voir, ce sont de grandes organisations conclure des accords avec les diffuseurs traditionnels et les plateformes pour toucher le plus de personnes possible. Par exemple, pour les Jeux olympiques, Radio-Canada était le diffuseur officiel avec RDS jusqu’à cette année. Il ne serait pas étonnant qu’à l’avenir ce soit Radio-Canada et une plateforme. Je sais que ce sont des choses qui se discutent», a déclaré cet ancien directeur général des sports à Radio-Canada.
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