« J’ai toujours aimé prendre mon temps. » Jetée au milieu de la discussion, cette phrase résume assez bien l’état d’esprit de Mousa Dembélé. Retraité des terrains en 2022 et un dernier passage en Chine, l’ancien international belge vit désormais à son rythme, « sans regarder par-dessus ton épaule ». Ce qui l’a poussé à s’éloigner du football pour investir dans l’immobilier et s’installer sous le soleil portugais. Relaxant.
Mousa, tu n’as pas forcément eu beaucoup de médiatisation tout au long de ta carrière. Mais depuis que vous avez pris votre retraite, on parle de vous comme d’un joueur passionnant, avec des compilations sur les réseaux sociaux ou sur YouTube.
C’est vrai. J’ai ressenti cette reconnaissance après ma carrière. Il existe de nombreuses vidéos de moi sur les réseaux sociaux, certains disent ouvertement que j’étais l’un de leurs joueurs préférés. (Monter.) Le football est comme ça : vous le regardez chaque semaine Match du jour (Programme de Gary Lineker sur la BBC, ndlr.)nous accordons de plus en plus d’attention à ceux qui marquent des buts ou sont décisifs. Moi, avec ma position, les gens ont appris à m’apprécier avec le recul. Mais honnêtement, je me suis toujours senti considéré, tant par mes collègues que par mes supporters.
Était-ce une envie de votre part de passer inaperçue ?
Ce n’était pas un choix, juste ma personnalité. Je ne suis pas vraiment quelqu’un de timide comme N’Golo Kanté par exemple, mais je n’aime pas non plus être au centre de l’attention.
Comme beaucoup de joueurs appréciés des puristes, on vante souvent l’aisance que vous dégagez sur le terrain, à tel point que vous vous retrouvez presque avec aisance.
Clairement, je suis indifférent. (Monter.) Pas seulement dans le football, mais dans la vie de tous les jours. J’ai aimé gagner et on ne devient pas un athlète de haut niveau si l’on ne recherche pas la victoire. Mais disons qu’au-delà de la performance, j’ai toujours eu envie de faire ce que je trouvais agréable à regarder. C’est aussi une question d’éducation. Mes parents m’ont toujours dit de ne jamais me soucier de l’apparence des autres et j’ai toujours gardé cette phrase à l’esprit.
Il y a un chiffre vraiment fou qui circule sur votre compte : vous n’avez perdu que treize ballons en six saisons. C’est vrai?
Cette statistique est ma légende urbaine. (Monter.) C’est évidemment faux, mais cela illustre le joueur que j’étais et la marque que j’ai laissée dans la tête des gens. J’en suis encore plus fier, car c’est un aspect technique que j’ai appris en jouant dans la rue. Quand je jouais football de ruele but était de garder le ballon le plus longtemps possible. Ma protection de ballon est une signature et c’est agréable pour chaque footballeur d’être reconnu pour un aspect particulier. C’est comme une marque déposée.
D’où vient cette maîtrise de soi ?
C’est simple. En entrant sur le terrain, j’ai regardé mon adversaire et je me suis dit : « Premièrement, vous ne me dribblerez pas ; Deuxièmement, vous ne me prendrez pas le ballon. » C’était ma façon de débuter le jeu sans complexes d’infériorité. En revanche, tous mes dribbles fonctionnaient instinctivement. J’ai fait une analyse simple : sur le terrain, quand on planifie quelque chose, ça se passe généralement mal. Cela se voit parfois chez les jeunes qui manquent de spontanéité dans leurs actions. On devine rapidement quand ils veulent exécuter une passe en crochet ou en jambe. Ce que j’ai essayé de perpétuer, c’est précisément ce sens de l’improvisation.
Avez-vous un geste préféré ?
(Il réfléchit.) Pas de geste technique favori, mais un penchant pour les feintes avec le corps : sans toucher le ballon, je balançais avec le corps, l’adversaire partait en sens inverse et paf, j’ai sprinté ! J’ai beaucoup travaillé mon équilibre, pour avoir un bon jeu de jambes. J’ai aussi utilisé ma main pour protéger le ballon. C’est un geste qui me vient du basket, parce que j’en ai beaucoup fait. Quand je sentais l’adversaire derrière moi, je mettais ma main en opposition pour l’empêcher de s’approcher de ma zone, comme un écran inversé au basket. C’était un réflexe, puis c’est devenu une ressource.
Pour préparer cette interview, nous avons discuté avec Georges Leekens, l’homme qui vous appréciait beaucoup lorsqu’il dirigeait les Diables Rouges entre 2010 et 2012. Il nous a dit que la seule chose qu’on pouvait vous reprocher sur le terrain, c’était de vous manquer. . d’objectifs.
Je peux comprendre cette critique, car les statistiques font partie du football. Mais je me souviens qu’à Tottenham, Mauricio Pochettino m’avait dit qu’il ne se souciait pas de mes objectifs tant qu’on gagnait des matches. Il savait que je récupérais beaucoup de ballons, que je cassais les lignes, que je me projetais… J’aurais pu marquer plus, mais je sais aussi que j’ai beaucoup donné physiquement sur le terrain. Un joueur qui lâche le ballon plus rapidement conserve nécessairement l’énergie nécessaire pour se dégager devant le but. C’est un reproche qui m’a été répété tout au long de ma carrière, mes faibles niveaux. Mais après un certain âge, j’ai arrêté d’y penser.
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En parlant de Pochettino, comment s’est passé votre passage à Tottenham (2014-2019) ?
Surprenant! Nous avions d’excellents joueurs, mais surtout une excellente équipe. Quand Pochettino est arrivé, nous avons commencé à nous entraîner beaucoup plus dur. C’était très intense, plus sévère qu’avant… Les résultats sont arrivés plus tard : nous avons gagné facilement des matchs qui nous posaient des problèmes auparavant. C’est dommage que nous n’ayons pas mis la main sur un trophée. Mais j’essaie surtout de me souvenir de ce que nous avons construit en équipe : il y a eu des résultats, de belles actions et nous avons rendu les gens heureux.
Quand on repense à vos années à Londres, on évoque souvent votre match de Ligue des Champions face à la Juventus en 2018 (2-2). Était-ce le meilleur de votre carrière ?
En fait, j’ai très bien réussi ce jour-là ! Après une bonne performance lors d’un match important de Ligue des Champions, et contre une équipe comme la Juventus, on reçoit toujours des compliments. Mais je ne pense pas que ce soit en soi le meilleur match auquel j’ai joué. Même si la Juve avait une bonne équipe, je ne pense pas qu’elle était si forte à l’époque. Par exemple, j’ai joué de bien meilleurs matchs contre Manchester City ou Liverpool que je considère comme plus forts.
On se souvient aussi d’un match contre le Real Madrid, quelques mois plus tôt, dans lequel vous aviez bien contenu Casemiro. Cela vous fait-il du bien de dire que vous avez tenu tête à l’un des meilleurs milieux de terrain de la décennie ?
Je me souviens de ce match contre le Real Madrid : c’était très tendu. En réalité, il a eu des ennuis avec Sergio Ramos, on m’en parle encore. Pour être honnête, je n’avais pas prêté beaucoup d’attention à qui était devant moi. Je n’ai jamais regardé le football et je ne connaissais donc souvent pas les joueurs que j’affrontais. Généralement, si je n’ai pas déjà affronté un joueur, je connais son nom, mais je ne pourrai pas vous parler de ses qualités. Attention, ce n’est pas de l’arrogance, c’est juste que je n’ai jamais aimé regarder le football ! (Monter.)
Était-ce déjà le cas lorsque vous étiez enfant et que vous rêviez de devenir footballeur ?
Mon père adorait le football, il me disait : « Venez voir le match, vous pouvez apprendre beaucoup. » Mais pourquoi regarder les autres jouer quand je peux le faire moi-même ? Je n’ai pas compris ce concept. L’autre jour avec Jan Vertonghen nous avions envie de voir le Classique entre le Real Madrid et le Barça. Mais au bout de quelques minutes, nous avons commencé à discuter et nous n’avons plus suivi le match. Bon, j’essaie encore d’initier mon fils au football en regardant quelques matchs avec lui, ça marche un peu.
Nous avons parlé de vos belles performances. En même temps, il y en a aussi un mauvais : contre la France, en demi-finale de la Coupe du monde 2018.
Ce jour-là, je devais avoir un rôle tactique important : je devais recevoir les ballons, éliminer les joueurs, casser les lignes. L’entraîneur (Roberto Martinez, ndlr) Il m’a donné beaucoup de responsabilités et je ne voulais pas le décevoir. Mentalement, j’ai commis une erreur : me mettre une pression énorme. Pendant le match, j’ai forcé des actions que je ne tente pas habituellement, j’ai dribblé aux moments les plus inopportuns. Même les gestes les plus simples ne fonctionnaient pas pour moi.
Comment l’expliquez-vous ?
Le sélectionneur m’a dit que je jouerais les quarts de finale contre le Brésil, avant de changer d’avis. Contre la France, je me suis trop motivé. Peut-être parce que c’était une demi-finale, peut-être parce que je n’avais pas joué le match précédent et que je voulais démontrer mon niveau. Normalement je suis détendu, j’ai confiance dans le ballon, mais ce jour-là, je voulais montrer que j’étais capable de dribbler contre un, deux gars… Puis quand on perd quelques ballons, on réfléchit. Résumé : Nous avons perdu et je n’ai pas bien fait.
Depuis, France-Belgique est devenue une rivalité assez particulière.
(Couper.) Pas exactement. Pour ma part il n’y a jamais eu de véritable rivalité avec la France. En Flandre, nous ne ressentons pas cette dualité. C’est plus vrai dans la partie francophone, en Wallonie. Pour les Flamands, la rivalité concerne peut-être, au mieux, les Pays-Bas.
Vous avez disputé 82 matches avec la Belgique, mais avez relativement peu joué dans les tournois majeurs par rapport aux autres stars de l’équipe. Pour ça ?
Ce que peu de gens savent, c’est qu’à Tottenham, je souffrais tous les jours. Je jouais sous couverture. Théoriquement, les pauses pour les équipes nationales devraient me permettre de me reposer, mais je devais participer à la sélection. Je n’ai donc jamais eu mes périodes de repos. Je voulais vraiment jouer pour la Belgique et j’aimais ça, mais parfois c’était trop, les déplacements et la charge de matches.
On reproche souvent aux Diables Rouges de ne rien gagner. L’étiquette de « génération dorée » Était-ce trop lourd à porter ?
Pour être honnête, je n’ai jamais prêté attention à ce surnom. Sur le terrain, je savais quoi faire, même Hazard, même De Bruyne… Pourquoi n’avons-nous rien gagné ? Excellente question. Il y a plusieurs facteurs, mais je ne pense pas que celui-ci” la pression » en fait partie. D’autres équipes participaient à ces compétitions et ce n’était pas forcément la meilleure équipe qui gagnait.
Même si vous ne suivez pas beaucoup le football, quels sont vos joueurs préférés à regarder ?
Je vous donne mon top 3, ce sera plus simple. Tout d’abord, mon joueur préféré reste Ronaldinho : j’ai joué deux fois contre lui (pendant les Jeux olympiques de 2008, ndlr.)c’est une immense fierté. Et puis il y a Iniesta, puis Okocha, qui m’ont vraiment plu. Iniesta, je suis prêt à me battre si quelqu’un le critique !
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