A La Réunion, il n’y a que sept maréchaux-ferrants en activité. Et pourtant, le travail ne manque pas, sur les 2 000 chevaux et poneys recensés sur l’île, 1 000 doivent être ferrés au moins une fois toutes les 6 semaines. Le ferrage est une pratique quasiment indispensable au bien-être animal, il permet de soulager les pieds des chevaux dont les sabots sont inadaptés aux zones urbaines.
On connaissait celui qui murmurait à l’oreille des chevaux, Eric Fontaine leur chatouillait les sabots. Marteau à la main, sur son enclume, il fait chanter le fer. Le morceau de ferraille doit être parfaitement découpé avant d’être déposé sur Eva, la jument du jour.
Les sabots des équidés n’étant pas conçus pour se déplacer en milieu urbain, il est nécessaire de les protéger. Travail de précision pour que le fer s’adapte au sabot et non l’inverse. Un traitement qu’il faut répéter près de 8 fois par an.
Nous mettons des fers aux chevaux qui travaillent, pas aux chevaux au repos ou au vent. Lorsque le cheval travaille, il est tout de même préférable de porter des fers pour protéger ses sabots. Et en même temps, il offre également une meilleure adhérence sur les terrains de compétition. Si on ne le fait pas, le pied pousse et cela peut être dangereux pour les tendons. Ce sont ses chaussures personnalisées.
Eric Fontaine, maréchal-ferrant
Avant d’installer les nouveaux fers, Eric enlève d’abord les précédents à l’aide de grosses pinces, puis procède à leur taille. L’équivalent d’une grosse manucure pour enlever l’excès de corne du cheval.
Le pied du cheval c’est comme nos ongles, comme les cheveux, c’est la kératine. Il grandit, il faut donc ferrer le cheval toutes les cinq à six semaines. Cela représente environ 1 cm par mois.
Eric Fontaine, maréchal-ferrant
Le fer est chauffé au four à 900 degrés pour un meilleur modelage et adaptation au pied du cheval. Encore chaud une fois installé, il dégage un gros nuage de fumée. Une chaleur qui ne semble pas perturber la jument qui reste immobile.
Ça ne fait pas mal du tout, le fer doit être très chaud. C’est bizarre mais plus le fer est chaud, moins il risque de brûler. Cela ne brûle que le superficiel.
Eric Fontaine, maréchal-ferrant
Eric connaît tous ces gestes par cœur, chaque coup de marteau se fait désormais instinctivement grâce à ses 42 années de pratique. Métier qui fait un peu partie de son ADN, la maréchalerie est une affaire de famille. Il est la quatrième génération à exercer ce métier.
J’y baigne depuis toute petite, mon père était maréchal-ferrant à Chantilly. Il ferrait les chevaux de courses des grandes écuries de Chantilly. Nous avions des chevaux à la maison. Quand j’étais toute petite je le suivais partout donc j’ai fini par en faire mon métier.
Eric Fontaine, maréchal-ferrant
Au fil du temps, Eric crée une véritable connexion avec les chevaux. Un lien qui facilite le travail avec l’animal.
Les chevaux sont des éponges, ils vous récupèrent tout de suite. Il sait si vous avez peur, qui vous êtes, il le sait tout de suite. Il y a cette relation qui se crée, le cheval donne le pied avant qu’on le lui demande. Il y a vraiment une connexion qui se fait ensemble. Quand on le chausse, on sait quand il va bouger, on ne rêve pas, on est connectés entre eux.
Eric Fontaine, maréchal-ferrant
Malgré l’amour qu’il porte à ses chevaux et la passion qui l’anime, travailler avec des animaux de plus de 400 kilos n’est pas sans conséquences, le corps en prend forcément un coup.
La jument s’appuie sur moi, je dois la soutenir. Alors physiquement en plus des chaussures, j’accompagne Madame, pour enfiler ses chaussures. J’avoue que je tire un peu la langue après 42 ans.
Eric Fontaine, maréchal-ferrant
Une passion qui commence à être trop éprouvante pour Eric. A 53 ans, il entame progressivement une reconversion vers la création de meubles en résine époxy.
Même s’il aime les chevaux, le maréchal-ferrant préfère prendre sa retraite doucement avant que son métier n’ait un impact sur sa santé.
Écoutez le reportage de Réunion la 1ère :
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