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« Wallace Sititi ? C’est un boucher »

Xavier Garbajosa, notre consultant, a commenté pour BeIn Sport les deux matches de la Nouvelle-Zélande (contre l’Angleterre et l’Irlande). Il analyse les performances XXL des Blacks…

Comment cette équipe des All Blacks est-elle redevenue impressionnante ?

Pour moi, cette équipe n’est pas impressionnante. Pas dans le sens où on l’entend avec ce côté magique, des garçons capables de faire des différences, des « délestés », du jeu en défense, un jeu flamboyant. Aujourd’hui, les Noirs sont efficaces, pas spectaculaires. Tout comme l’Australie l’est actuellement, la Nouvelle-Zélande est beaucoup plus rustique. Lors des deux derniers matches, je les ai vu commettre des erreurs inhabituelles. En revanche, en termes d’engagement, ils ont élevé leur niveau. On le voit dans les rucks, dans les contre-rucks, en défense… Ils sont beaucoup plus durs, plus rudes. Lors de ces deux derniers matches contre l’Angleterre et l’Irlande, nous n’avons pas apprécié le jeu proposé. Mais ensuite, dans le combat, ça pique. Les Néo-Zélandais ont étouffé les deux équipes.

Comment l’expliquez-vous ?

La personnalité du nouvel entraîneur Scott Robertson n’y est pas étrangère. C’était un joueur dur, rustique et solide. Je suis convaincu qu’il a dit à ses joueurs : “Jouer au rugby c’est bien pour l’image des Noirs mais se battre c’est mieux.” Contre l’Irlande, ils ont quand même réussi l’exploit d’obliger les « Irlandais » à multiplier les erreurs. Et ils ont capitalisé. Dix-huit points au pied pour un seul essai.

Sont-ils devenus moins imprévisibles ?

Non, ils le restent. Il n’y a qu’à voir l’essai de Jordan contre l’Irlande… Après, lors de ces deux derniers matches, ils débutaient le match avec Ratina en mêlée qui était un peu en difficulté. Les Noirs sont comme toutes les équipes : dès qu’ils perdent la vitesse de dégagement dans les rucks, ils perdent le temps d’avance nécessaire au déséquilibre. Son remplaçant Roigard a apporté cette rapidité et c’est ainsi que les Noirs ont inscrit ce magnifique essai sur un ballon retourné contre l’Irlande. Jusqu’à l’entrée de Roigard, ils avaient eu du mal à pénétrer dans les couloirs en raison de la maladresse et de la qualité de la défense irlandaise. Pour être honnête, les Australiens ont proposé un rugby bien plus flamboyant le week-end dernier. Mais les Noirs ont mûri leur capacité à se battre.

Le troisième Sititi n’est-il pas le symbole de ce constat ?

C’est un boucher. Il a été exceptionnel contre l’Angleterre. Il a remporté chaque collision et a montré qu’il était aussi un joueur de ballon. On l’a vu un peu moins contre l’Irlande tout simplement parce qu’il avait mis la barre si haute face aux Anglais qu’il lui était difficile de faire mieux. D’ailleurs, on voit aussi moins Ardie Savéa. Sauf que. Maintenant, lui aussi met au rebut. Résultat : dans cette équipe, il y a moins de facteurs X mais un meilleur collectif, notamment sur les fondamentaux de ce jeu.

Pour battre cette équipe, la notion de puissance sera-t-elle impérative ? Et dans ce contexte, la présence d’un joueur comme Meafou est-elle un atout ?

Meafou sera précieux mais ce ne sera pas suffisant. Le rugby reste un sport collectif et chaque joueur doit donner la meilleure version de lui-même. Les Noirs ne sont pas le Japon. Tout le l’a compris. Au combat, ils sont « durs ». Vraiment, j’insiste. Lors des deux matchs que j’ai commentés pour BeIN Sports, je ne les ai pas vu donner un seul ballon facile. Bien qu’offensivement, je ne les ai pas vu proposer des actions de haut vol. Au contraire. Avant de les étudier plus en profondeur, je me suis interrogé sur cette équipe.

Vous ont-ils impressionné dans les zones de mêlée et de touche ?

Oui et non… Les Blacks ont perdu très rapidement Codie Taylor face à l’Angleterre dans le match. Son remplaçant Aumua, un super rugbyman très dense, très rustique, a eu du mal avec ses lancers. Et la mêlée a également été mouvementée, du moins jusqu’à la mi-temps. Et malgré ces problèmes et toutes les erreurs qu’on n’a pas l’habitude de voir de leur part, ils ont remporté leurs deux matches grâce, à mon avis, au niveau affiché dans la lutte. Honnêtement, ils ne sont pas drôles.

Comment les battre alors ?

Comme d’habitude, il va falloir gagner le combat. Sur l’énergie, il faudra les réduire à zéro, si cela est possible.

Une victoire des Bleus permettrait-elle de lancer enfin le deuxième mandat de Fabien Galthié ?

Un mandat se construit étape par étape. Battre la Nouvelle-Zélande samedi sera une étape de plus, pas une garantie de remporter la Coupe du Monde en 2027. Au-delà du côté mythique et symbolique, c’est l’occasion de bien lancer le prochain Tournoi des 6 Nations, d’avancer un peu plus loin dans la construction. d’un nouveau groupe, d’un nouveau projet. Battre les Noirs, à mon époque, ça n’arrivait pas tous les jours. Si les Bleus y parviennent, ils feront un grand pas en avant.

 
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