Comme le cyclisme, la voile voit des concurrents s’affronter sous les couleurs de marques qui sponsorisent un sport à très gros budget, 6 à 7 millions en moyenne rien que pour la construction d’un monocoque. Pour la dixième édition qui s’élance ce dimanche des Sables-d’Olonne (voir pages 30-31), la grande majorité des quarante partants comptent sur leurs voiles une grande entreprise ou une PME familiale : Macif, Arkéa, La Mie Câlin. , Foussier… La course à la voile constitue ainsi une vitrine publicitaire, et permet également de fédérer les équipes et salariés d’une entreprise sponsor autour d’un projet de long terme.
Ces dernières années, un nouveau mode de financement a été déployé dans la course : le « sponsoring de mission ». Une trentaine d’associations sont traditionnellement défendues par l’ensemble de la flotte cette année encore, mais une poignée de bateaux ont entièrement porté les couleurs et les emblèmes d’une bonne cause, étendard habituellement réservé aux « gros » sponsors qui financent massivement le projet du navigateur.
Pionnier dans le domaine, Initiatives cardiaques a pour objectif de récolter des fonds pour Mécénat Chirurgie Cardiaque, une association qui propose aux enfants atteints de malformations des opérations auxquelles ils n’ont pas accès dans leur pays. Le bateau bénéficie du soutien de trois « sponsors-mécènes » qui choisissent de rester discrets pour mettre en valeur l’association humanitaire : Vinci Énergies, K-Line, fabricant vendéen de menuiseries aluminium, et Chocolats du coeur, filiale d’Initiatives, PME du Mans qui vend des solutions clé en main pour… des levées de fonds. Franck Vallée, patron d’Initiatives, a lancé ce projet en 2009 avec le navigateur Tanguy de Lamotte ; Classé voiliers depuis, ce dernier a passé le relais à la Britannique Samantha Davies. Quelques jours avant le départ, le marin, quatrième du Vendée Globe 2008, se confiait dans un français parfait avec un accent britannique qui « Défendre une cause, c’est une motivation supplémentaire, qui donne un coup de boost quand les choses ne vont pas dans mon sens… Je pense à tous ces enfants courageux ! »
Pour chaque nouvel abonné au compte Facebook du bateau, les sponsors versent 1 euro à l’association. La prise en charge complète d’un enfant coûte 12 000 euros, l’association affirme que 394 enfants ont déjà été sauvés grâce à la visibilité du Vendée Globe, et ambitionne de dépasser les 500 à l’issue de l’édition 2024. Franck Vallée se réjouit que ce modèle ait inspiré d’autres : « Nous n’avons pas le monopole du cœur ! » Je trouve que la voile est un formidable relais pour les bonnes causes, l’histoire du Vendée Globe est pleine de solidarité, de sauvetages emblématiques… » For Charlotte Gesly, partnership manager for Mécénat Chirurgie Cardiac, « le projet solidaire au cœur du projet sportif est dynamisé par le développement de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Notre action est simple : au final, un enfant malade est guéri… Nous avons la chance que cela parle à tout le monde ! » Et d’avoir en Sam Davies un ambassadeur fougueux.
L’association Lazare a son bateau grâce à 27 partenaires
Modèle différent mais même esprit chez Wonderbox, l’un des sponsors du bateau Lazaredu nom d’une association qui propose des logements partagés entre jeunes actifs et personnes en quête de sortie de la rue. Fabrice Lépine, directeur général du groupe coffrets cadeaux, prône le choix de la discrétion : « S’impliquer en interne va au-delà de l’envie d’afficher notre marque sur une voile ». Le PDG s’est converti lors de sa rencontre avec le skipper Tanguy Le Turquais, « très engagé, ensoleillé, avec une énergie impressionnante… Et Lazare est une super association ! » Le marin de 35 ans, qui dispute son premier Vendée Globe, a découvert l’association grâce à son épouse Clarisse Crémer – également au départ, mais sous les couleurs d’un sponsor classique (L’Occitane en Provence).
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Pour compléter le budget, 3 millions d’euros sur trois ans, l’un des plus modestes de la flotte, « nous avons construit la communication ensemble, notamment via des vidéos en ligne décalées qui ont eu beaucoup d’audienceexplains Aliénor de Sentenac, communications delegate for Lazare. Tanguy était connu dans le monde de la voile, mais il fallait toucher le grand public. Nous avons marché ensemble comme nos « colocataires » solidaires. Le plus dur a été de trouver le premier sponsor ! Aujourd’hui, une trentaine de partenaires nous ont rejoint dans l’aventure ». Certains colocataires de Lazare se sont également passionnés pour la course à pied : « Daniel, un de nos « colocataires » à Rennes est devenu un fan absolu de Tanguy ! » s’enthousiasme Eléonore. Pour l’association, prendre le départ est déjà une victoire, la promesse d’une grande exposition… et l’espoir que le mécénat perdure. Le défi sportif reste aussi un objectif dans une compétition relevée : pas de quart entre marins ! A l’exception du devoir de solidarité en cas de problème.
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