Derrière sa réputation de club pépère, où rien ne se passe ni ne dépasse, le Stade rennais possède un certain savoir-faire quand il s’agit de plonger dans la crise, qu’elle soit sportive, institutionnelle, ou les deux à la fois. . En l’espace d’un mois, les grands patrons ont coupé deux têtes, celles du président exécutif Olivier Cloarec (le 4 octobre dernier) et de l’entraîneur Julien Stéphan (ce jeudi midi). Une certaine idée du football et des révolutions qui sont inhérentes à ce terrible milieu, même s’il faut être honnête et dire que Rennes n’avait pas viré de technicien depuis Sabri Lamouchi en décembre 2018, depuis Stéphan en mars 2021 et Bruno Genesio en novembre. 2023 s’était écoulée toute seule. Ce qui ne suffit pas non plus à faire des Rouge et Noir un modèle de stabilité.
Les hommes vont et viennent, c’est l’histoire du football et du Stade rennais. Arnaud Pouille est ainsi devenu le mois dernier le douzième président de l’ère Pinault, qui a débuté en 1998 (sachant que René Ruello et Frédéric de Saint-Sernin ont eu deux mandats), alors que le quatorzième entraîneur en 26 ans de hauts et de bas devrait s’appeler Jorge Sampaoli. (sachant que Christian Gourcuff et donc Stéphan ont eu droit à deux passages). Selon les informations de L’équipeles deux parties ont même trouvé un accord de principe. A moins d’un nouveau retournement de situation, que l’on ne peut jamais exclure dans ce match, l’Argentin de 64 ans devrait s’engager avec le SRFC dans les heures ou les jours à venir, nous a-t-on confirmé, lui qui était encore au Brésil. ce jeudi et qui pourrait remettre les pieds en Bretagne d’ici ce week-end. Mais alors, quel a été le processus pour arriver à ce choix ? Surtout : que dit cette étrange semaine du club breton ?
Trop long film d’erreurs
Elle rappelle que rien n’est gravé dans le menhir et que la situation sportive (un 13e place au championnat avec 11 points en 10 matches) n’est pas la faute de la malchance, mais plutôt d’une succession d’erreurs et de décisions prises au mauvais moment, ou pas prises du tout. Le retour de Julien Stéphan, dont le second mandat a duré un peu moins d’un an, n’a pas été une réussite et a symbolisé tous les maux de Rennes. Trois ans plus tôt, il avait démissionné tout en conservant l’étiquette de héros local, après avoir remporté la Coupe de France 2019, le premier trophée depuis des lustres, et qualifié le club pour la première fois en Ligue des champions. Son départ fut même accompagné, dans un élan de mélancolie, de dizaines de banderoles « Merci Julien » affiché par les ultras aux quatre coins de Rennes. Cette fois, il n’a pas abandonné son tablier, laissant le club lui montrer la porte, après avoir mené une ultime séance jeudi matin. Sans remerciements des supporters et avec une image ternie, même s’il n’est pas question d’oublier le passé plus glorieux.
Le technicien de 44 ans n’a donc pas survécu à la gifle reçue à Auxerre dimanche (4-0), ponctuant un bilan catastrophique depuis sa prolongation en mars (11 défaites en 19 matches), contrastant avec un premier match plutôt réussi (14 victoires en 22 matches). Sa nomination en novembre 2023, quelques jours après le dernier point fait par Genesio, annonçait en effet déjà la couleur : ça ne pouvait pas marcher, pas comme ça, pas de cette façon. Il a été le choix de François Pinault, avec qui il dit avoir eu « une relation particulière »contre l’avis du président Olivier Cloarec et du directeur sportif Florian Maurice, qui ont fini par décider de rester après quelques jours de réflexion. Quelque chose s’était alors brisé dans le processus de décision : un club sérieux et ambitieux ne pouvait pas fonctionner ainsi. L’histoire s’est répétée en mars lorsque Stéphan a été prolongé jusqu’en 2026, toujours piloté par le père Pinault. Ce choix devrait lui coûter plus de trois millions d’euros, soit le montant de l’indemnité de départ de Stéphan.
Sampaoli-Rennes : un mariage inattendu et un choc culturel
Après une parenthèse plutôt enchantée rythmée par six qualifications européennes d’affilée, un trophée, deux records de points en championnat et même du beau jeu, les supporters rennais ont commencé à se dire qu’ils avaient remonté dix ans en arrière. La quête d’un nouvel entraîneur a été perturbée par les luttes d’influence, habituelles dans le football et au Stade rennais, entre différentes tendances, en quelque sorte entre le passé et ce qui pourrait devenir le présent. Le local, proche du patriarche François Pinault, 88 ans, semblait pencher vers Habib Beye, accompagné de Mathieu Le Scornet, ancien adjoint de Stéphan et fin connaisseur du milieu rennais ayant passé de nombreuses années en formation. Le nom de l’ancien entraîneur du Red Star avait même pris le dessus, selon certaines sources, dans la journée de mercredi. Ensuite, le morceau Jorge Sampaoli est sorti dans les colonnes de L’équipe et il a continué à gagner en épaisseur. Plusieurs rencontres ont eu lieu et l’entourage de l’Argentin a indiqué qu’il était intéressé par le projet.
Ce choix serait plutôt celui de Frédéric Massara et Arnaud Pouille, et il aurait davantage séduit François-Henri Pinault, le fils, et son bras droit Alban Gréget, directeur général adjoint de la holding familiale Artémis et président du directoire. des administrateurs de la SRFC depuis mai. Ce serait un retour à la normale dans le processus de décision : un coach qui ne serait pas imposé par l’actionnaire, mais choisi par les deux hommes mis en place par la FHP (Massara cet été et Pouille en octobre), qui semble avoir pris contrôle des événements. Le Stade rennais ferait les choses comme il faut, enfin, après dix-huit mois chaotiques qui ont conduit à cette énième cacophonie et cette révolution sportive, car elle en est une. Ce serait même du jamais vu dans l’histoire moderne du club breton, d’abord parce qu’il serait le premier entraîneur étranger depuis László Bölöni à poser les fesses sur le banc (2003-2006) et accessoirement le premier non-francophone depuis le règne. des Pinaults (Bölöni et l’entraîneur Vahid parlaient français), tandis que l’actionnaire est connu pour aimer discuter avec ses entraîneurs au téléphone.
Ensuite parce que la personnalité de Sampaoli est à l’extrême opposé de ce que représente le Stade rennais, un club qui aime le calme, la discrétion et animé d’une modestie très bretonne. C’est peut-être ce qui rend cette association aussi curieuse que passionnante, avec beaucoup d’interrogations, entre la capacité de la batterie électrique à se fondre dans un tel environnement et celle de réussir à imprimer ses principes et son intensité sur une main d’œuvre largement renouvelée ce été. Il doit encore prouver qu’il peut jouer les premiers rôles dans ce championnat. Sampaoli reste sur deux aventures courtes et mitigées au Séville FC (30 matches) et à Flamengo (38 matches). Le vainqueur de la Copa América avec le Chili en 2015 devrait retrouver la Ligue 1, un peu plus de deux ans après avoir claqué la porte au nez de l’OM, où il avait soufflé le chaud et le froid, emmenant encore Marseille au 2e place et en demi-finale de la Conference League. Il pourrait même arriver avec Samir Nasri dans son staff, même si cela n’a pas encore été confirmé ces dernières heures, où Sébastien Tambouret a assuré l’intérim en conférence de presse à deux jours de la réception à Toulouse. Sans Benjamin Bourigeaud, sans Martin Terrier et sans repères, les supporters rennais disaient ne plus reconnaître leur équipe et leur club depuis plusieurs mois. Cela ne devrait pas fonctionner avec le pari Sampaoli, aussi risqué qu’intéressant, mais ce mariage du feu et de la glace incarne au moins ce vendredi l’espoir de découvrir du nouveau.
Le Stade rennais licencie Julien Stéphan, Jorge Sampaoli pour le remplacer ?
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