Pierre Houde est l’une des voix les plus marquantes de l’histoire du sport au Québec. C’est maintenant au tour du Temple de la renommée du hockey de le reconnaître. Après René Lecavalier, Richard Garneau et Gilles Tremblay, Houde deviendra le quatrième francophone à recevoir le prix Foster-Hewitt, décerné annuellement à un membre de l’industrie de la radio ou de la télévision qui a laissé « une contribution extraordinaire à sa profession et au hockey ». La presse s’est entretenu avec les analystes qui ont travaillé avec lui.
Publié à 00h48
Mis à jour à 6h00
Chaque soir de match au Centre Bell, Pierre Houde observe le même rituel. Michel Lacroix, annonceur maison, et lui s’assoient ensemble et dressent la liste des noms des joueurs attendus sur la glace. La tradition dure depuis au moins un quart de siècle, selon Lacroix.
“Pour les lunes!” estime Benoît Brunet. Quand vous voyez cela, vous voulez vous mesurer à ses côtés. »
Lacroix est une de ses ressources. Son collègue Zdenek Matejovsky, Québécois d’adoption, en est un autre, notamment pour les Tchèques et les Slovaques. « On ne peut pas toujours parler directement aux joueurs, donc Pierre va consulter Zdenek pour avoir la bonne prononciation », ajoute Marc Denis. Et j’essaie de lui rester le plus possible. »
De Tomas Plekanec à Jiri Sekac en passant par Michael Nylander, Pierre Houde s’est toujours fait un devoir de prononcer le plus fidèlement possible les noms des joueurs européens. Ces prononciations sont d’abord des clins d’œil entre amateurs de hockey, avant de passer aux usages.
Mais pour les analystes qui ont travaillé avec Houde, ce n’est qu’un exemple supplémentaire de son professionnalisme.
Quand il y avait des noms compliqués, il me les découpait syllabe par syllabe pour m’aider. Si j’avais du mal à lire le nom au programme, je lui disais : je vais vous laisser ce joueur ! Mais parfois, il le faisait exprès pour essayer de me le faire dire à l’antenne !
Pierre Bouchard, analyste chez Houde depuis 1993
La préparation
Benoît Brunet a analysé les matchs du Canadien aux côtés de Pierre Houde de 2008 à 2011. À l’époque, se souvient-il, RDS détenait à la fois les droits locaux du Canadien et les droits nationaux de la LNH. Le duo a donc disputé les 82 matchs de la saison ainsi que les séries éliminatoires.
“L’année de Halak [2010]nous avions fait les trois rondes du Canadien en plus de la finale à Chicago et Philadelphie. J’ai passé plus de temps avec Pierre et les techniciens qu’avec ma femme ! », se souvient Brunet.
Où Houde excellait-il le plus? « La façon dont il se prépare. J’ai tout fait à la main, mais Pierre travaillait avec des collants. Chaque trio, chaque joueur avait son collant. Ses notes étaient prêtes. »
C’est aussi ce qui a frappé Marc Denis. « Il a un dossier pour chaque équipe. C’est fascinant de le voir partir, témoigne l’ancien gardien. Quand on reçoit le calendrier exceptionnel, on prépare les 80 joueurs invités au camp des Devils et des Flyers. Quand le Canadien jouait contre [Aleksei] Kolosov, il avait probablement une note sur lui du Championnat du Monde 2021 !
« Un tiers des notes que j’ai sur les joueurs ne sont pas diffusées. Pierre, peut-être que 10% n’y vont pas ! Il n’y a pas un vol où il ne met pas à jour sa base de données. »
Conseil de pro
Contrairement au regretté Yvon Pedneault, nos trois analystes sont d’anciens joueurs qui ont chacun appris les ficelles de la télévision aux côtés de Pierre Houde.
« Pour moi, c’est mon flow. Aujourd’hui encore, j’ai tendance à m’emporter, avoue Denis. D’un geste de la main, il me ramènera. »
Il était accueillant, incroyablement serviable et ne m’a pas laissé prendre entièrement en charge le endroit, mais tout maman lieu. Il comprend que ce n’est pas du hockey Pierre et Marc, mais du hockey de la Ligue nationale.
Marc Denis, analyste
Pierre Bouchard n’a eu que de courtes expériences à l’antenne, notamment lors des entractes et à la radio, avant de devenir analyste à RDS. « Il a été très bien pour moi, il a donné une chance à quelqu’un qui n’avait pas l’expérience. »
De Houde, Bouchard a appris « quand garder une seconde de silence ». « Si quelque chose arrivait, au lieu d’essayer de me remplir, il me montrerait de ne pas parler, pour montrer le sérieux du moment. Et il a ajouté de l’humour, il a ouvert la porte pour qu’on puisse se présenter un peu. La description d’un match de hockey n’est pas l’Évangile selon saint Matthieu. Vous pouvez vous détendre un peu ! »
Aujourd’hui, 35 ans après son arrivée à l’antenne de RDS, Pierre Houde rejoint les plus grands de sa profession. Il le fait, faut-il le rappeler, tout en poursuivant la description de la F1, ainsi que l’animation de L’antichambre à temps partiel.
C’est pourquoi Brunet souligne « sa longévité, son énergie ». « Pour faire ça à son âge, voyager, être préparé, je lui tire mon chapeau. Ce n’est pas pour rien qu’il entre dans le Temple. De plus, il a participé aux Jeux olympiques cet été. C’est une machine. Je n’ai pas cette énergie ! »
Intronisés au Temple
Les joueurs Natalie Darwitz, Pavel Datsyuk, Jeremy Roenick, Shea Weber et Krissy Wendell-Pohl, ainsi que les bâtisseurs Colin Campbell et David Poile, seront intronisés au Temple de la renommée du hockey lundi soir. Lundi midi, Pierre Houde recevra le prix Foster-Hewitt, tandis que le journaliste Scott Burnside recevra le prix Elmer-Ferguson.
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