Retrouvera-t-on le livre de Jordan Bardella dans les rayons des librairies mayennaises ? L’autobiographie du président du Rassemblement national, intitulée « Ce que je cherche », sort samedi 9 novembre aux Éditions Fayard… mais plusieurs librairies indépendantes de notre département ont choisi de ne pas la précommander.
Alors que la SNCF a finalement renoncé à annoncer les travaux dans ses garesSous couvert du principe de neutralité, les librairies indépendantes de Mayen boycottent le livre de l’homme politique d’extrême droite. C’est le cas de la librairie M’Lire de Laval. Le gérant, Simon Roguet, ne l’aura pas dans ses rayons, car le livre a notamment été présenté”sous X» par la maison d’édition, ce qui fait que les libraires n’ont aucune information, ni sur l’auteur, ni sur le contenu du livre avant de le précommander.
“Nous ne savions pas ce que c’était. Après, comme tout le monde, nous l’avons appris par la presse.», explique-t-il. “Il y avait encore de gros soupçons, car on sait ce qui se passe dans le groupe Hachette, racheté par Bolloré, et Fayard est la maison d’édition la plus impactée sur le plan éthique par ce rachat.», poursuit Simon Roguet.
“M. Bardella diffuse déjà suffisamment ses idées”
Plusieurs salariés du groupe Hachette ont démissionné depuis l’arrivée de Vincent Bolloré. Selon eux, le patron breton fait le jeu de l’extrême droite. Pour ce libraire, l’ouvrage de Jordan Bardella est un nouvel exemple. “Vincent Bolloré a affirmé ses convictions politiques et clairement, Fayard devient une de ses vitrines», déplore-t-il, rappelant que l’éditeur d’Eric Zemmour (Reconquête !) a été nommé à la tête des éditions Fayard en juin dernier.
“Ces partis ont clairement des visions racistes, non tolérantes envers les étrangers, les migrants, la communauté LGBT, le féminisme.dit-il. Vincent Bolloré a le droit d’afficher ses idées, nous avons le droit de répondre en ne voulant pas de ce type de livre chez nous.» Un avis partagé par Valérie, fidèle cliente de la librairie de Laval. “Je pense qu’il pourrait être intéressant de ne pas diffuser les idées de M. Bardella. Il les distribue suffisamment lui-même, donc pas besoin d’en rajouter. J’ai acheté un autre livre ici à la place : « Comment lutter contre les idées de l’extrême droite ?», sourit-elle.
Violation de la liberté d’expression ?
Le livre de la tête de liste RN aux dernières élections législatives sera imprimé à 150 000 exemplaires, un tirage très élevé pour un livre politique. Si elle ne peut pas le trouver dans les librairies indépendantes, Nathalie, de Laval, sait qu’elle peut l’acheter ailleurs. “Ce n’est pas à eux de décider, cela pourrait être une atteinte à la liberté d’expressionelle croit. Je pense que chacun devrait être libre de savoir s’il souhaite l’acheter ou non.“
En Mayenne, Olivier Dorgère est le gérant de la librairie du Marais. Le commerçant a commandé 15 exemplaires…même s’il ne savait pas alors qui en était l’auteur. “Je vais probablement les vendre, on dirait que ça va être une grosse vente. Si je n’ai pas tout vendu, je les mettrai de côté au fond de mon magasin, et je les ressortirai quand on me les demandera.« En revanche, aucun libraire ne peut refuser une vente : si un client souhaite acheter l’ouvrage de Jordan Bardella, le commerçant doit le commander.
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