Ce lundi à 13 heures, le prestigieux prix Goncourt sera décerné à l’un des quatre candidats encore en lice. Mais le suspense semble limité puisque Kamel Daoud, pour son roman Houris publié chez Gallimard, fait partie des grands favoris. Face à lui, deux femmes : Sandrine Collette et Hélène Gaudis. Et un homme : Gaël Faye, son plus sérieux concurrent.
Houris est un livre époustouflant qui retrace les années de plomb en Algérie. Choc littéraire, document pour l’Histoire, il se démarque autant par son contenu politique que par le lyrisme d’une écriture onirique contrastant avec la noirceur du sujet. En 400 pages qui bousculent la chronologie, l’auteur revient sur les années qui ont ensanglanté l’Algérie entre 1992 et 2002. Cette guerre civile qui a opposé le gouvernement algérien, avec l’Armée nationale populaire (ANP), et divers groupes islamistes, raconte Kamel Daoud. non pas avec de grandes explosions d’idées théoriques, mais dans une perspective humaine.
Une femme, devrions-nous dire, puisque la narratrice qui s’appelle Aube évoque ici son parcours fait de sang et de larmes en s’adressant à l’enfant qu’elle porte et dont elle ne veut pas voir naître. Car c’est de la souffrance des femmes que nous parlons ici avant tout à travers le portrait de l’Aube, égorgée à l’âge de cinq ans, le 31 décembre 1999 dans le village de Had Chekala, et qui est restée muette. . Un roman marquant.
Gaël Faye, le plus sérieux rival de Daoud
Le rival le plus sérieux de Daoud est Gaël Faye. S’il ne reçoit pas le Goncourt, ce dernier pourrait remporter le prix Renaudot qui, pour mémoire, fut décerné pour la première fois en 1926 à l’Aixois Armand Lunel pour son roman Niccolo Peccavi. L’auteur du Petit pays raconte dans Jacaranda les massacres au Rwanda.
Magnifique et terrible, poétique et compatissant, ce roman qui porte le nom de l’arbre préféré de Stella, l’héroïne du livre, pose sa narration sur l’histoire de quatre à cinq générations de Rwandais. Histoire d’une société qui se reconstruit après un génocide, histoire du silence dans les familles, chronique multigénérationnelle de cent ans de souffrance au Rwanda, le roman donne la parole à Milan, le narrateur, sorte de double de l’auteur avec les mêmes origines que lui. Beauté du langage, personnages hauts en couleurs qu’il jette dans la machine broyeuse de la violence de l’Histoire, Gaël Faye dessine les manières dont l’âme humaine blessée peut se relever et trouver la lumière nécessaire pour retisser des liens après le chaos.
Olivier Norek revient sur une autre Histoire ou quand Staline envahit la Finlande 1939. La veille de Noël, l’Union Soviétique de 180 millions d’habitants décide d’envahir la Finlande de 3 millions d’âmes. Staline ne se doutait pas que ce conflit, qu’il croyait durer quelques jours, le conduirait à un affrontement dur, interminable, où l’adversaire jugé si faible se révélerait un combattant redoutable.
Olivier Norek revient sur « une guerre oubliée »
Olivier Norek évoque cette guerre oubliée dans The Winter Warriors, un roman en forme de thriller qui s’impose comme l’un des chocs littéraires de la rentrée.
L’auteur bouscule les lignes et montre que le sacrifice des soixante-dix mille Finlandais, morts en héros au combat, a changé le cours de la Seconde Guerre mondiale. Ce sont des scènes présentées comme un film Technicolor avec des gros plans de personnages au départ ordinaires transformés par la force des choses et surtout leur volonté en héros de la tragédie grecque.
Avec ce roman qui défie les lois du genre, Olivier Norek pourrait bien obtenir le Renaudot 2024. À moins qu’un invité surprise ne vienne rebattre les cartes…
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