William Yared a appris à patiner à Dubaï, sur la patinoire d’un centre commercial. Aujourd’hui, il exerce sa passion sur les patinoires de la Ligue de hockey junior des Maritimes-Québec. Narratif.
Publié à 1h25
Mis à jour à 7h00
William Yared n’avait que 4 semaines lorsqu’il est arrivé à Dubaï avec sa famille. Cette dernière s’y est installée pour le travail de son père, alors banquier chez JP Morgan.
À ce jour, l’attaquant des Sea Dogs de Saint John a peu de souvenirs de sa vie aux Émirats arabes unis, et c’est compréhensible, étant donné qu’il n’y a passé que les quatre premières années de sa vie. Il garde cependant quelques bribes de souvenirs, comme la dalle de béton coulée par ses parents dans leur jardin.
«Je jouais dehors toute la journée», dit-il lors d’un appel avec La presseentre l’entraînement et une sieste avant son match à Sherbrooke le 25 octobre.
En tant qu’expatriés, les parents de Yared avaient deux priorités : que leurs enfants parlent français et qu’ils sachent patiner.
Comme le hockey n’est pas exactement le sport le plus populaire dans cette région du monde et que les cours étaient rares, les parents ont décidé de couler ladite dalle de béton dans leur cour arrière. Ils l’ont teint en vert pour qu’il ressemble à de l’herbe.
« On installait des filets de hockey, des bâtons, des rondelles, des cônes… Notre aîné jouait beaucoup », raconte sa mère, Marie-Christine Thibault. William n’avait pas 2 ans quand c’était le seul endroit où il voulait aller. Il était tout le temps sur cette surface de jeu. »
Armé de son petit bâton de Sherwood en bois, le petit William s’entraînait au maniement de la rondelle et au tir.
Il y a passé des heures, des heures et des heures, poursuit la mère. En été, à Dubaï, on dépasse les 50 degrés avec le facteur humidex. Il voulait sortir. Je lui ai mis une casquette et je lui ai donné de l’eau !
Marie Christine Thibault
Lorsque les parents ont remarqué que leur fils, à l’âge de 3 ans, était assez fort physiquement, ils lui ont acheté ses premiers patins. Mais où apprendrait-il les bases, dans cette ville où « personne ne parle de [hockey] », dit le jeune homme ?
Les parents ont d’abord trouvé une petite arène au milieu du désert, avant d’opter pour le Dubai Mall, où des cours étaient proposés. Nous parlions précédemment d’un centre commercial ; Précisons que le Dubai Mall n’est pas exactement le Carrefour Laval ou les Galeries de la Capitale. Ce gigantesque complexe accueille plus de 1 200 magasins sur 1 million de mètres carrés. C’est l’un des centres commerciaux les plus fréquentés au monde, voire le plus fréquenté. L’un des plus grands aussi.
« Ce n’étaient pas vraiment des entraîneurs », dit William en riant. Ils ne savaient pas vraiment ce qu’ils faisaient ! »
« Ce n’était pas une certification, mais il était super content », se souvient Marie-Christine Thibault.
Yeux étoilés
William Yared avait presque 4 ans lorsque la famille revient vivre au Québec. C’est là que son développement, au sein de la structure de Hockey Québec, a véritablement commencé.
“J’étais tellement heureux”, se souvient le joueur de centre. Chaque fois que j’allais sur la glace, mes parents me disaient : « Pourquoi tu souris toujours ? Je souriais sur la glace, je ne sais pas pourquoi ! »
Comme les techniques de patinage apprises à Dubaï n’étaient pas tout à fait idéales, Yared a rapidement commencé à prendre des cours particuliers à l’Académie Anna Sherbatov.
Le petit joueur de hockey avait 5 ans lorsque sa mère l’a emmené pour la première fois au Centre Bell pour un match des Canadiens. C’est ce soir-là que la graine fut plantée pour de bon…
“Les yeux qu’il m’a donnés… […] L’échauffement n’avait pas commencé, nous sommes arrivés bien plus tôt. Quand il a vu le Centre Bell, ouf. Je l’ai vu sur son visage : ah, c’est ça ! » se souvient Marie-Christine Thibault.
Yared a joué son hockey mineur au sein de l’organisation des Lions du Lac Saint-Louis. Au cours de sa deuxième année atomique, il a été reclassé au niveau pee-wee AAA. C’est une fois en Bantam AAA, dit-il, qu’il a vraiment commencé à comprendre son potentiel.
« Quand j’étais bantam, voire pipi, je me disais : je suis à fond. C’est ce que je veux faire dans ma vie. »
L’an dernier, dans la Ligue de hockey U18 AAA du Québec, Yared a marqué 42 points en 41 matchs. Sur la liste Centrale de Recrutement publiée en mai, en vue du repêchage de la LHJMQ, il figurait à 7e rang. Les Sea Dogs l’ont finalement sélectionné à 5 anse grade, en juin dernier.
Coeliaque, et alors ?
Yared a fait son entrée dans l’équipe des Sea Dogs cette saison, à l’âge de 16 ans. En 14 matchs, il totalise 5 buts et 2 passes décisives.
L’adaptation à la vie dans les Maritimes se passe bien pour le Montréalais. Sa seule préoccupation concernait l’alimentation, puisqu’on lui a diagnostiqué la maladie coeliaque à l’âge de 8 ans. Enfin, sa pension cuisine sans gluten et l’organisation Sea Dogs prend cela très au sérieux.
Sa mère a également souligné la discipline et la résilience du jeune homme tout au long de sa jeune carrière. « La nourriture est souvent un moment de joie. Il y a une fête de fin d’année pour l’équipe, on commande une pizza. C’est comme ça tout le temps. Il n’a jamais mangé de pizza ; nous avons apporté une pizza à côté. »
La mère se souvient d’une époque où son fils s’inquiétait de son avenir sans ses parents pour l’aider à gérer sa nourriture. Il y a quelques années, pour rassurer son fils, elle a fait des recherches pour voir si les athlètes professionnels étaient confrontés au même obstacle.
« Max Domi est coeliaque, Kaapo Kakko aussi. Pour moi, c’étaient deux noms assez grands pour lui dire : oui, c’est possible, ça ne va pas t’arrêter, il faut juste trouver des solutions. […] Cela lui permet de voir qu’il n’y a pas de limites. »
Aujourd’hui, Yared espère un jour « inspirer les jeunes » qui doivent faire face à la même maladie que lui.
“Pas d’autre choix”
Mine de rien, William Yared sera éligible au repêchage de la LNH en 2026. Il va sans dire que le jeune homme, joueur « avec beaucoup de créativité offensive » et « responsable défensivement », rêve de fouler un jour les patinoires du circuit Bettmann. .
Pour être honnête, c’est son seul objectif. Même si les études sont, pour lui et tous les membres de sa famille, non négociables et « super importantes » car « il y a toujours quelque chose après », il sait très bien ce qu’il veut.
« Dans ma tête, le hockey, c’est ce que je veux faire », dit-il avec confiance. Il n’y a pas d’autre option. »
Mais ne lui parlez pas de pression. Le bruit extérieur, les attentes nées de son rang dans la draft, Yared n’y prête aucune attention.
« Moi, vraiment, le hockey, j’y vais, je joue, je travaille fort et c’est tout. »
Le plaisir d’abord. Un peu comme autrefois, sur la patinoire du Dubai Mall…
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