Un exploit majeur. Dernier Français engagé au Rolex Paris Masters, Ugo Humbert s’est qualifié, vendredi 1er novembre, pour sa première demi-finale du Masters 1000, la catégorie juste en dessous du Grand Chelem. Conquérant d’entrée, le Messin, 18e mondial et numéro un français, a d’abord tenu sa place face aux Américains Brandon Nakashima (35e) et Marcos Giron (49e).
Ensuite, il n’a pas tremblé face au numéro 2 mondial, Carlos Alcaraz, qu’il a maîtrisé pour la première fois de sa carrière, lors de ses huitièmes de finale (6-1, 3-6, 7-5), devenant ainsi le premier Français à remporter une victoire sur un Top 3 dans ce tournoi depuis 2010 (Gaël Monfils a battu Roger Federer en demi-finale). “C’est la plus grande victoire de ma carrière et le meilleur moment que j’ai vécu sur un court de tennis”, » a réagi le joueur après sa victoire contre l’Espagnol jeudi 31 octobre. « J’étais heureux parce que je voulais qu’il entre dans le match, non pas comme un outsider, mais prêt à aller au combat. Il s’est montré immédiatement agressif. Il est allé chercher ce match. Ce sont des victoires qui peuvent faire un pas en avant », s’est réjoui son entraîneur Jérémy Chardy, à franceinfo : sport.
Le lendemain, il récidive avec l’Australien Jordan Thompson, qu’il a maîtrisé en quarts de finale (6-2, 7-6), vendredi 1er novembre. Ce nouveau cap lui permet de devenir le premier Français à atteindre les demi-finales d’un Masters 1000 depuis Richard Gasquet à Cincinnati en 2019. Un résultat qui ne surprend pas Arnaud Clément, ex-top 10 mondial, et consultant pour franceinfo : sport. « Il revient à un niveau de jeu qu’il a déjà atteint au cours de la saison. En termes de niveau de jeu et sur des surfaces très rapides [comme celle du Rolex Paris Masters]ce résultat [face à Alcaraz] n’était pas quelque chose d’inimaginable”, souligne-t-il.
« C’est la surface sur laquelle il performe le mieux. Son tennis est bien réglé, il n’a pas besoin de forcer. Il prend le ballon tôt, ses ballons vont rester assez bas. Il a réuni toutes les conditions pour réussir. ‘imposer.”
Arnaud Clément, ex-joueur du top 10sur franceinfo : le sport
De son côté, le principal concerné estime avoir retrouvé une certaine sérénité, qui lui permet de se détacher de la partition. Le résultat parle de lui-même : « Ce dont je suis le plus fier, c’est que dès que je suis sur le terrain, je suis prêt à tout. Je ne suis jamais trop inquiet. Et je joue en m’écoutant, avec un super ressenti et c’est tout. c’est pour cela qu’au final, je suis capable de réaliser des shoots incroyables pour remporter la victoire”, a expliqué Ugo Humbert en conférence de presse après la qualification pour les demi-finales.
Cette qualification dans le dernier carré d’un Masters 1000 est le fruit d’un long travail, entrepris notamment avec Jérémy Chardy, son entraîneur depuis juillet 2022. C’est à ses côtés qu’il réalise sa meilleure saison en 2024, avec deux titres en rapide. succession à Marseille et Dubaï (ATP 500), un quart de finale à Monte-Carlo (Masters 1000), un huitième de finale à Wimbledon, une finale à Tokyo (ATP 500) et une demi-finale à Paris-Bercy. « L’année a été très positive, analyse de Jérémy Charda. C’est la saison au cours de laquelle il a remporté le plus de victoires. C’est le signe qu’il a progressé dans tous les domaines du jeu : physique, technique et mental.
Malgré une baisse de performance en milieu de saison, Ugo Humbert a néanmoins réussi à trouver les ressources nécessaires pour terminer l’année revigoré, et a appris de 2024 pour mieux gérer son calendrier 2025.. « Quand il y avait des semaines où je jouais bien, j’avais tout de suite envie de continuer. Tu te sens bien, à la limite, tu te sens invincible, mais […] Au bout d’un moment, on se rend compte qu’on est épuisé car quand on arrive à la fin des tournois, cela demande encore beaucoup d’énergie mentale. » confiait Ugo Humbert avant d’entrer en lice à Paris. L’heure de la sagesse et de la maturité est donc venue.
Mentalement, Ugo Humbert a également atteint un nouveau niveau. Lors de son match contre Carlos Alcaraz, il a beaucoup parlé fort sur le terrain pour s’encourager. “Tu peux le faire, tu es grand, tu es fort, tu travailles dur chaque jour pour ces matches”, a-t-il répété sur le terrain. « Il est parfois un peu possédé, avant ou pendant les matches, laughs Jérémy Chardy. Il a vraiment franchi un cap dans sa tête. Il croit davantage en lui, ce qui n’a pas toujours été le cas auparavant.
« Cette année, pour la première fois, il s’est rendu compte qu’il pouvait entrer dans le 10. Ses objectifs ont changé. Cela lui a aussi mis plus de pression, mais c’est une étape nécessaire pour entrer dans les 10. »
Jérémy Chardy, entraîneur d’Ugo Humbertsur franceinfo : le sport
« On voit le travail accompli mois après mois, sur la construction de son jeu, son état d’esprit et sa confiance en lui, qui est essentielle. Son jeu est tellement risqué qu’il a besoin de cette confiance”, confirms Arnaud Clément. « Il a aussi besoin d’une confiance totale en son entraîneur. On voit qu’il le cherche beaucoup. On sent qu’il y a un vrai lien entre eux et on a l’impression que tout part de là. Ils se sont bien trouvés», insiste-t-il.
L’émulation des joueurs français, notamment Arthur Fils (20e à l’ATP) et Giovanni Mpetshi Perricard (31e), contribue encore à la performance d’Ugo Humbert. « Quand on voit les autres Français qui jouent bien et qui ont des résultats, on a envie de bien jouer aussi. Ils se poussent vers le sommet. En tant que numéro 1 français et joueur le plus âgé, Ugo souhaite conserver ce rang. « C’est une compétition saine. » continues Jérémy Chardy.
Grâce à cette confiance, le Français a appris à puiser dans l’énergie du public pour en faire une force, plutôt que d’en ressentir une quelconque forme de pression. “Le fait qu’il ait plus de contrôle sur son jeu lui permet de s’exprimer davantage sur le terrain, d’y apporter sa personnalité et de partager avec le public ce qu’il aime le plus.” glisse son entraîneur.
Transcendé une nouvelle fois par l’ambiance électrique de l’Accor Arena, Ugo Humbert a su parfaitement gérer son rôle de favori face à Jordan Thompson. « Il est en mission. Jeudi, après sa victoire, il n’était pas euphorique. Il s’est immédiatement concentré sur son prochain match. Son entraîneur nous avait glissé. La mission continue donc face au Russe Karen Khachanov, samedi, pour le numéro 1 français, qui vise sa première finale à Paris, et pourquoi pas son premier titre en Masters 1000.
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