Posant enfin ses cartons dans son nouvel appartement de Biarritz le week-end dernier, Kylian Jaminet a dû souffler un peu. « J’ai eu un peu de mal à le trouver », sourit celui qui vivait jusqu’ici à Arbonne, faute de mieux, ou du moins faute d’un toit plus proche d’Aguilera. Dernier couac d’un déplacement à Biarritz plus qu’ébranlé. Même si depuis, le chemin qu’il s’est tracé, notamment au pied, est bien plus clair.
En quittant son cocon à Nevers, le natif de Toulon a dû imaginer un parcours moins tortueux. Là, les Jaminet, Dylan le petit frère et Kylian l’aîné, sont comme chez eux, adorés du public et soignés par l’entraîneur des trois-quarts Guillaume Jan. « C’est un joueur qu’on a éduqué, vraiment encadré », confirme son ancien manager Xavier Péméja qui l’a vu s’épanouir et grandir.
Mais un cocon que l’aîné des Jaminet a choisi de quitter après cinq années de bons et loyaux services. “Kiki voulait voir autre chose, je comprends tout à fait”, exprime Dylan. Une décision prise assez tôt, pour une signature en novembre au BO. Avec Jean-Baptiste Aldigé donc, avant de suivre les envies de départ de ce dernier, les négociations pour le rachat du club, etc.
« J’ai appris sur les réseaux que l’ancienne direction souhaitait partir. Avec Clément Martinez, on se demandait comment ça allait se passer »
«C’était très compliqué. Je me suis mêlé à l’ancienne direction, puis j’ai appris sur les réseaux qu’ils voulaient partir, remonter. J’étais en contact avec mon agent qui me disait que lui (Aldigé, NDLR) faisait souvent ça, que ça lui arrivait… Je l’ai vécu de loin. Je ne connaissais quasiment personne à Biarritz. On s’est envoyé quelques messages avec Clément Martinez, avec qui j’ai joué comme espoir à Toulon. On se demandait comment ça allait se passer. »
Un été compliqué
Une telle incertitude que Xavier Péméja lui propose de rester au club si la situation ne se règle pas d’elle-même. Avant la livraison et la récupération par Shaun Hegarty et son équipe, fin mai, presque sur le gong. Puis un nouveau coup dur pour « Kiki » et toute la famille Jaminet. Le 7 juillet, son autre frère, Melvyn, alors en tournée estivale avec le XV de France, publie par hasard une vidéo sur Instagram dans laquelle il tient des propos racistes. Le scandale est national, avec des conséquences dramatiques pour les frères et leurs parents.
« L’été a été très compliqué. Nous avons reçu beaucoup de menaces, de la part de mon père, de ma mère, de mon petit frère et de moi-même. J’ai dû retirer les réseaux pendant un bon mois. J’avais aussi évidemment peur de mon frère… Le plus important c’est qu’il n’ait eu aucun problème. Il a pris conscience de sa bêtise, il purge sa sanction, mais les choses vont bien mieux. »
Mieux pour Melvyn, mais aussi pour Kylian. Son début de saison est là pour le confirmer. Avec 480 minutes jouées, 6 titularisations – 7 dont ce vendredi – « Kiki » s’est imposé comme l’une des pièces maîtresses du dispositif de Boris Bouhraoua en ce début de saison. « Sa qualité de jeu au pied et sa longueur de jeu n’est plus à prouver. Il a aussi du talent dans les airs ou sur ses choix offensifs, apprécie le manager du BO. Il faut faire attention à ne pas dépendre d’un seul joueur. Mais c’est sûr que quand il est avec nous, c’est mieux. »
Même son de cloche du côté de son ancien entraîneur Xavier Péméja, qui a également pu suivre l’évolution avant le produit fini : « Il avait un jeu au pied qui était puissant, mais qui n’était pas du tout précis. Le nombre de clés qu’il ne trouvait pas… Je devenais fou ! Petit à petit, avec son travail, il garde sa puissance et acquiert de la précision. Il maîtrise tout, c’est un très bon joueur sous le ballon, il a une bonne lecture de l’espace et de la puissance. C’est vraiment un arrière complet. »
« Jaminetico »
Un seul regret pour Péméja : que Kylian Jaminet n’ait pas attiré des équipes de Top 14 après son excellente saison 2022-2023, lorsque Nevers était allé jusqu’aux barrages de Pro D2. Tant mieux pour Biarritz, tant pis pour l’élite et les éventuelles retrouvailles avec Melvyn, qui mène aux points dans leurs confrontations lorsqu’il jouait à Perpignan (deux victoires à zéro).
Tant mieux pour un autre « Jaminetico », avec le benjamin, Dylan (22 ans), qui a éclos dans la Nièvre en 15, poste laissé vacant par le grand frère. « C’est toujours agréable de revoir son frère, de jouer contre lui, même si j’aurais préféré jouer avec, mais c’est comme ça. Il y aura un peu d’émotion, donc c’est cool. » Une autre manière, bien plus joyeuse, de faire parler les Jaminet.
Avant une pendaison de crémaillère dans sa nouvelle maison ? « Vu les artistes qu’on a dans l’équipe, c’est mieux d’aller dans les bars ! » Ce serait en effet dommage de l’abîmer maintenant qu’il est enfin et si bien installé.
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