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Thomas Häberli se considérait-il un peu trop bon ?

Thomas Häberli, ici en discussion avec Steve Rouiller, a fait des choix discutables face à Lucerne.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Peut-être que Servette n’est pas encore vraiment prêt pour cela, pour dominer le football suisse. Les grenats doivent espérer que cette habitude viendra avec le temps. Mais en attendant, perdre un rang ne semble déranger personne. Thomas Häberli en tête. « Perdre cette première place ? Ce n’est pas du tout un problème», souriait presque soulagé l’entraîneur grenat après le match nul 2-2 contre Lucerne jeudi.

Comme si cette pression l’avait inhibé. C’est une théorie en développement. Comme si Häberli s’était vu un peu trop bon après la victoire 3-1 à Zurich dimanche, avec cette position de leader glanée. Ce qui compte : les choix faits par le technicien pour ce rendez-vous de milieu de semaine.

Car on peut reconnaître Häberli pour l’audace de ses décisions ces dernières semaines tout en considérant qu’il ne visait pas que jeudi. Là, on se demanderait presque ce que le coach voulait jouer, car le bâtiment grenat était un peu chamboulé par les options prises.

Séverin latéral gauche

Pour la première fois depuis plusieurs saisons, Yoan Séverin se retrouve sur le côté gauche de la défense. Et pas Théo Magnin, malgré l’auteur d’une excellente prestation à Zurich. “Il y avait une raison tactique, avec le 4-4-2 losange de Lucerne”, explique le jeune latéral. Cela nous a permis de rester à trois avec le ballon.

Le schéma à trois à la reprise, avec Séverin à gauche de la défense.

C’est aussi ce que justifie Häberli : « Nous faisons cela depuis le début de la saison. Là, je voulais avoir Séverin à gauche, avoir un gaucher et aussi être fort dans le jeu aérien.

Il a raison : ce n’est pas tout à fait nouveau que Servette adopte cette base de trois dans la construction. Même si l’approche est souvent différente. Avant sa blessure, Bradley Mazikou était un habitué du poste de milieu de terrain, Keigo Tsunemoto ou Gaël Ondoua complétant les trois.

En changeant la situation, Häberli a touché l’équilibre et la structure servettienne. Le fait d’aligner Anthony Baron, plutôt que Gaël Ondoua, a également surpris : « Anthony a très bien débuté contre Zurich, au milieu de terrain, note son entraîneur. Il trouve les espaces, il sait bien décaler le jeu. C’était l’idée, et peut-être que je recommencerai.

Une Servette avec moins d’équilibre

Soit. Sauf que ce n’est pas seulement le choix des joueurs qui s’interrogent. C’est aussi ainsi qu’a joué Servette, à savoir avec beaucoup de fluidité dans les mouvements. C’était intéressant. Le changement constant de positions rendait la lecture difficile à Lucerne.

Mais cette complexité a également engendré une structure fragile. Avec moins de marqueurs pour perdre le ballon. Même si Häberli était satisfait de ses choix : « Ce que nous avons fait a fonctionné », a-t-il insisté. Nous avons été dominants, nous avons bien contrôlé le match.

Un Servette déstructuré, comme ici sur la perte de balle avant le corner qui amènera les Lucernais 1-1.

Nous avons le droit de ne pas être tout à fait d’accord. Parce que Servette a été meilleur que Lucerne, et le contrôle qu’il a eu sur le match (plus de 65% de possession) en parle. Mais les Grenats n’ont pas gagné, car ils ont manqué de contrôle dans les moments clés.

Et même si Häberli a corrigé le tir en seconde période, optant plutôt pour un 4-4-2 plus classique, il faut considérer que Servette aurait dû plier ce match plus tôt. Pour mettre cela sur le compte de l’inexpérience : être le premier est quelque chose qui s’apprend.

 
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