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“Il était temps pour moi d’arrêter, mais…”

C’est le retour de la chronique Cyrille Guimard ! Et oui, s’il décidait de mettre fin à ses activités de conseil sur the L’Équipe channel et CMR« Il y a un moment où on se rend compte qu’il est temps d’arrêter certaines activités. J’aurai 78 ans à partir du mois de janvier et j’ai réalisé que ce qui était très facile pour moi il y a quelques années devenait beaucoup plus compliqué et qu’il était temps pour moi d’arrêter au moins ces deux activités.le druide ne va pas se retirer totalement puisqu’il a décidé, pour notre plus grand bonheur et, nous l’espérons, pour le vôtre aussi, de continuer à donner sa vision du cyclisme et son actualité sur Cyclisme’Actu ! Et ça commence maintenant, avec un Cyrille Guimard qui revient notamment sur Championnats du monde qui viennent de se disputer à Zurich. De la Mondes au cours de laquelle un certain Tadej Pogacar est entré un peu plus dans la légende…

Vidéo – Cyrille Guimard, retraité mais toujours chez Cyclism’Actu

“Je suis très impliqué dans le cyclisme en ce moment, mais dans un autre domaine”

Cyrille Guimard, nous avons lu et entendu que vous preniez votre retraite de votre rôle de consultant sur la chaîne L’Équipe et RMC, mais cela concerne-t-il aussi Cyclism’Actu ?

Je pense qu’il arrive un moment où l’on se rend compte qu’il est temps d’arrêter certaines activités. J’aurai 78 ans à partir de janvier, et j’ai réalisé que ce qui était très facile pour moi il y a quelques années devenait beaucoup plus compliqué et qu’il était temps pour moi d’arrêter au moins ces deux activités, et c’est ce que nous avons fait avec le Chaîne L’Équipe et RMC. Mais cela ne veut pas dire que je quitte le cyclisme, je suis même très impliqué en ce moment, mais dans un autre domaine.

Vous savez qu’il y aura des élections le 14 décembre pour désigner un nouveau président de la Fédération Française de Cyclisme, et bien je l’espère (Cyrille Guimard prend en charge Théodore Bartucciole seul candidat à se présenter contre l’actuel président du FFC, Michel Callotndlr). Les choses ne sont pas si simples, et même si la loi a été un peu modifiée pour rendre les élections plus démocratiques, ce n’est pas aussi évident que cela. Cela reste très compliqué et, à mon avis, ce sera encore très sclérosé. Quant à Cyclism’Actu, je suis prêt à continuer si vous me voulez toujours (rires). Je ne vais pas abandonner mon vélo à 100% aujourd’hui, même si après les élections, je ralentirai un peu plus.

« Merckx a une analyse assez proche de la vérité mais… »

On pourra donc parler de cyclisme, avec cette question : comme le disait Eddy Merckx lui-même, Tadej Pogacar est-il déjà au-dessus de lui ?

Le cyclisme a beaucoup évolué de Merckx à Pogacar, que ce soit au niveau du déroulement des épreuves, de la composition des équipes ou encore de la manière de courir et d’organiser. A partir de là, la seule chose qu’on peut analyser, c’est le potentiel, et je pense que Merckx a une analyse qui est assez proche de la vérité. Ce que dit Eddy est possible, mais je ne vais pas dire que Pogacar est au dessus aujourd’hui, il faut encore attendre un an. Mais si dans un an, Pogacar répète ce genre de performance, on pourra alors dire qu’il est supérieur à Merckx. Et comme je ne pense pas que ça régressera durant l’hiver…

« Quand il faut 600 watts pour suivre… »

Que pensez-vous de la course en ligne réalisée dimanche par l’équipe de France de Thomas Voeckler ?

Sur un tel parcours et avec les coureurs que nous avions, l’équipe de France était à sa place. Elle n’a pas pu jouer avec Tadej Pogacar, Remco Evenepoel ou Mathieu van der Poel. Le seul qui a un peu existé était Pavel Sivakov, mais il a rapidement explosé dans la roue de Pogacar. Romain Bardet a fait une belle course, sérieuse, régulière. Après, il ne faut pas inventer d’excuses, les Français n’étaient pas au niveau quand ils ont attaqué. Quand il faut 600 watts pour suivre, soit vous l’avez, soit vous ne l’avez pas, c’est tout.

« La France a retrouvé la place qu’elle occupait il y a une quinzaine d’années »

Plus généralement, que pense Cyrille Guimard du niveau actuel du cyclisme français ? On a l’impression qu’il y a un écart générationnel entre les aînés, comme Julian Alaphilippe et Romain Bardet, et les jeunes qui vont, on l’espère, arriver.

Nous sommes dominés par un certain nombre de nations, dont certaines ne comptent que quelques millions d’habitants comme la Slovénie. Nous sommes également très loin d’une nation comme la Belgique. Je pense qu’on a eu une très bonne période avec notamment Julian (Alaphilippe), qui a emmené l’équipe de France aux Championnats du monde et qui a aussi réalisé de belles performances sur le Tour de France, mais ceux qui ont été leaders de la France sur les sept ou huit ans n’avanceront pas aujourd’hui, et certains vont même se retirer, comme Romain Bardet.

Nos espoirs ne peuvent désormais se porter que vers les moins de 23 ans. Dans cette catégorie, nous avons de très bons coureurs, qui démontrent qu’ils ont du talent, mais le problème c’est que d’autres pays ont la même chose, voire mieux, et en quantité. On va donc laisser grandir un peu ces jeunes, et on aura peut-être une nouvelle photographie du cyclisme international. Mais là, pour l’instant, je pense que la France a retrouvé la place qu’elle occupait il y a une quinzaine d’années.

La seule médaille d’or française à ces Championnats du monde a été remportée par un jeune de 18 ans, Paul Seixas. Quel est votre avis sur ce coureur ?

Je ne suis pas surpris par ses performances. Je l’avais déjà remarqué il y a deux ans et je savais qu’il pouvait atteindre ce niveau. Sa progression est logique et normale.

« On ne peut plus rouler à vélo aujourd’hui »

Ces Mondes ont malheureusement été marqués par une tragédie, avec la mort accidentelle de Muriel Furrer. Faut-il imputer ce genre de drame au hasard ou les mesures prises ne sont-elles pas suffisantes et ne vont-elles pas dans le bon sens ?

Tout d’abord, concernant cette jeune fille, je n’ai pas vu d’explication à sa chute, je vais donc être très prudent face à cet accident. Après, on sait que le cyclisme est un sport dangereux, il ne faut pas le nier, et il y aura toujours des accidents et probablement des morts. Il y en a toujours eu, et c’est également le cas dans d’autres sports, notamment les sports mécaniques.

Cependant, il existe de gros problèmes en termes de matériel. Savez-vous qu’aujourd’hui, un coureur qui mesure 1,95 mètres comme le champion du monde U23 (l’Allemand Nicolas Behrens) possède le même vélo qu’une personne mesurant 1,65 m. Repérez l’erreur… Les vélos ne sont plus utilisables aujourd’hui. Ce n’est pas le vélo qu’on adapte au pilote, mais c’est le pilote qu’on essaie d’adapter au vélo, quelle que soit sa taille. C’est comme si on disait dans le football que tous les joueurs doivent porter des chaussures de taille 42. Pour des explications, il faut aller voir les fabricants. Ils ont tous des vélos qui vont plus vite les uns que les autres. Personnellement, je n’ai jamais vu une moto gagner une course…

 
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