Autant vous le dire tout de suite, je n’ai jamais été un grand fan de Patrik Laine.
Ce n’est pas mon type de joueur. Un talent certain, un buteur-né, qui reste une redoutable denrée et qui mérite le respect.
Mais j’ai toujours trouvé que Laine était, outre énigmatique, plutôt « soft », pour rester poli…
Je n’ai jamais eu l’impression que ce type était impliqué dans le sens de l’expression « un couteau entre les dents ». Il m’a toujours donné l’impression d’embrasser son talent, d’exercer un métier rémunéré plutôt que de jouer au hockey.
Je n’ai jamais senti Laine investi de la mission de mourir pour la victoire, disons-le ainsi.
Lorsque Kent Hughes l’a acquis cet été, j’ai été choqué. Je n’ai pas compris l’idée du Canadien derrière cette acquisition.
Ne sommes-nous pas au cœur d’un grand projet, au cœur d’une reconstruction désormais assumée jusque dans le titre d’une série documentaire « infopublicité » visant à gérer les attentes et à faire gagner un temps précieux aux supporters ?!
Alors pourquoi diable mettre la main sur un jeune vétéran sous contrat pour deux années supplémentaires avec un salaire annuel de 8,7 millions de dollars ?
Gorton & Hughes & associés avaient-ils décidé d’anticiper le grand projet ? Gorton a-t-il dit : « J’ai l’impression que nous sommes prêts pour le prochain niveau et je veux un ajout important comme Panarin l’a eu avec les Rangers lorsque j’étais leur directeur général » ?
Ce serait simple comme simpliste de croire que…
Le CH a en effet pris un pari calculé avec un jeune vétéran qui n’a pas été à la hauteur des attentes placées en lui jusqu’à présent dans la Ligue nationale… mais qui, en revanche, a disputé ses huit premières saisons en carrière en deux des les pires marchés de la ligue en termes de qualité organisationnelle : Winnipeg et Columbus.
Puis, le temps a passé et je me suis enthousiasmé, je me suis pris au jeu de l’espoir. L’espoir de voir Laine heureux et engagé, renouvelé et radieux… aux côtés de Kirby Dach pour un deuxième trio de choc.
Je me suis laissé bercer par l’illusion de les voir disputer un total de 164 matches, récoltant un duo total de 65 buts et une centaine de passes décisives…
Voir le top 10 canadien de la ligue nationale en avantage numérique et « dans le mix » au point d’accéder, contre toute attente, aux séries éliminatoires en avril prochain…
Quand Laine semblait désemparé en constatant le nombre de journalistes devant son casier après son premier match préparatoire, je restais perplexe…
Quand il a commencé à frapper la vitre avec son bâton après quelques tirs ratés à Brossard, je me suis dit « euh, ne fais pas ce gamin, le monde n’aimera pas ça… »
Il y a une aura autour du Canadien… Les « spin doctor » font un travail exceptionnel. Les fans boivent le Kool-Aid car ils croient fermement qu’il n’a d’égal que la potion magique du Panoramix et qu’en le buvant, le Canadien remportera sans aucun doute la coupe Stanley.
Il y a donc une aura autour du Canadien. Cette aura permet une lune de miel avec Patrik Laine… sans sa terrible blessure de samedi soir, combien de temps cela aurait-il duré ? Combien de matchs sans but avant que beaucoup ne remettent en question son acquisition, ne se plaignent de son salaire astronomique et, en plus, se moquent de ses vêtements ?!
Le pari bien mesuré de Kent Hughes et Jeff Gorton a pris une tournure inattendue samedi soir avec la blessure au genou de Cédric Paré des « Leafs »…
Le ballon de confiance des partisans du Canadien leur a explosé au visage sur-le-champ, comme ça, avec encore deux matchs de préparation à jouer…
C’est sans compter la perte de David Reinbacher, destiné au Rocket de Laval pour débuter sa carrière en Amérique, mais quand même…
Justement, Reinbacher et notre relation avec le Kool-Aid de l’espoir, notre potion magique de Panoramix…
Qui a consciemment décidé que ce type serait l’un des deux premiers choix d’une bonne équipe de la Ligue nationale ? Et qui, parmi ceux qui semblent en être convaincus, voudrait mettre sa maison et son REER en garantie de sa prédiction ?
Car si, au repêchage 2023, le Canadien fait ce que tout le monde s’attendait à ce qu’il fasse, affirme Matvei Michkov, Québec ne pleure pas aujourd’hui la perte de Patrik Laine sur blessure. Le Québec jubile avec le duo Kirby Dach et Matvei Michkov sur le deuxième trio… en attendant l’arrivée d’Ivan Demidov pour compléter le trio la saison suivante.
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