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Un semi-marathon à 82 ans

L’important, c’est de participer. Voilà une phrase qu’on réserve souvent en guise de consolation après une contre-performance. Mais dans le cas de Lucie Laroche, la maxime prend tout son sens.

À l’âge vénérable de 82 ans, M.moi Laroche était la plus âgée des participantes du week-end du Marathon de Montréal. Lorsqu’elle a appris cet exploit, elle n’a presque pas cillé. « J’en étais sûre et, pour être honnête, ça ne me dérange pas trop », a-t-elle répondu.

Au fur et à mesure que la discussion progresse, nous finirons par nous rendre compte qu’il n’y a pas grand-chose qui puisse déranger M.moi Laroche. Lorsqu’elle franchit la ligne d’arrivée du semi-marathon, après 3 heures 24 minutes, elle nous regarde et sourit.

D’autres participants se plaignent de douleurs, se recroquevillent sur le sol. Pourtant, sur le front de Mmoi Laroche, pas une seule goutte de sueur ne coule.

« Ce n’était pas trop difficile », dit-elle, l’air décontracté. « Mais je ne suis pas satisfaite de mon temps. L’année dernière, j’ai réussi en 15 minutes de moins. »

En temps normal, l’athlète de l’âge d’or alterne entre la course et la marche rapide. Cette édition, elle s’est contentée de la marche. Ses performances ont été limitées par une gêne au mollet gauche. Au point où une amie qui suivait ses performances sur le circuit lui a suggéré d’abandonner.

« Il n’en était pas question ! Je suis bien trop fière pour ça. J’aurais fini la moitié, quoi qu’il arrive », dit-elle en riant.

Beaucoup auraient été déçus si Mmoi Laroche avait abandonné. Plus précisément, les 57 personnes qui avaient terminé le demi-marathon plus lentement qu’elle l’auraient probablement fait. Pendant de longues portions de la course, des participants – plus jeunes qu’elle – ont décidé de la suivre pour se forcer à accélérer.

« C’est comme ça quand on marche : il y a toujours quelqu’un qui vous regarde », explique M.moi Laroche. Il y avait des gens qui me reconnaissaient des années précédentes.

Parmi les 4 486 femmes qui ont participé au semi-marathon, Mmoi Laroche a terminé à 4448et rang. Mais ce n’est pas ce chiffre qu’il faut retenir. Lucie Laroche a surtout terminé première chez les femmes de 80 ans et plus. Un groupe dont elle était la seule membre.

La marche, la fontaine de jouvence

Ce n’est qu’à 70 ans que Lucie Laroche a commencé à participer à des compétitions de course à pied. Avant cela, elle s’occupait de sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer. L’accompagner était stressant et, petit à petit, la marche rapide est devenue un exutoire, tout comme l’aquaforme et le golf.

À la mort de sa mère, Mmoi Laroche décide de s’adonner pleinement à la course à pied en participant à des épreuves de différentes distances, dans plusieurs villes différentes.

Depuis, elle marche d’un bon pas tous les jours. Sans exception. « Parfois, je suis fatiguée. Je n’ai pas envie. Mais je vais marcher, et après, tout va bien. Ça me change les idées, ça me donne de l’énergie », explique celle qui a travaillé comme vendeuse chez Énergir.

Elle admet que ses amis ne semblent pas vraiment comprendre l’ampleur des événements auxquels elle participe. Sa fille et sa petite-fille vivent sur l’île de Vancouver.moi Laroche compte donc sur un petit cercle à Montréal pour l’appuyer.

Si ce n’est pour la reconnaissance des autres, qu’est-ce qui la pousse à performer, à 82 ans ?

« Les médailles ! », dit-elle en souriant, en brandissant celle qu’elle porte autour du cou. La onzième, qu’elle gardera précieusement chez elle avec les autres.

Le sentiment qu’elle éprouve lorsqu’elle franchit la ligne d’arrivée demeure son moment préféré. « C’est vraiment quelque chose quand tu finis, quand tu vois les gens t’encourager. Le moment où tu réalises que tu as réussi est toujours spécial », partage la résidente de Rivière-des-Prairies.

Compte tenu de son inconfort aux jambes et de son âge, M.moi Laroche envisage de se retirer de la compétition. Mais si vous y prêtez attention, vous pourriez la voir marcher à toute allure dans les rues de votre quartier pendant « encore longtemps ».

« Quand on est plus vieux, il faut sortir de la maison. On n’est pas obligé de faire des semi-marathons comme moi : mais sortir est tellement important. Il ne faut jamais s’arrêter », insiste-t-elle.

« On ne sait jamais combien de temps il nous reste à vivre. C’est encore plus vrai pour moi. Il faut donc essayer d’en profiter au maximum. Ne jamais cesser d’avancer. »

Sur ce, il faut laisser M. partir.moi Laroche : elle doit encore parcourir le kilomètre qui la sépare de la station de métro pour rentrer chez elle.

Un trio de gagnants canadiens

Chez les femmes, trois Canadiennes ont grimpé sur les marches du podium du Marathon de Montréal. Mélanie DesAutels (2:46:16) a pris la première place, suivie de Janie Grand’Maison (2:48:22) et Catherine Paul (2:59:17).

Malgré son statut de gagnante, Mélanie DesAutels semblait quelque peu déçue de sa performance. Son objectif initial était de « passer sous les 2 heures 40 minutes ».

« Mon objectif initial était de battre mon record personnel », a déclaré le Franco-Manitobain, dans une entrevue accordée à La presse. J’ai eu une opposition féroce au début, alors j’ai changé de stratégie et je me suis contenté de viser la victoire.

Il s’agissait d’une deuxième victoire au Marathon de Montréal pour DesAutels, après un premier triomphe en 2022. Elle avait pris une pause en 2023, pour se concentrer pleinement sur sa saison de cross-country à l’Université de Sherbrooke.

« Je savais que ce n’était pas gagné d’avance, ni acquis. J’ai dû travailler dur, mais je suis content, mes jambes et ma force mentale ont tenu le coup », a analysé le candidat à la profession d’ingénieur.

Le Kenyan Philemon Kibet Kiptanui a remporté l’épreuve masculine en 2 heures 7 minutes et 15 secondes.

 
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