Par
Adrien Deschepper
Publié le
17 janvier 2025 à 17h26
«Je n’ai pas peur d’aller au lycée. Mais j’ai peur de les retrouver devant et de me faire reprendre.» C’est avec une attelle au poignet, sous laquelle est cachée une main pleine de bleus, que Célia* témoigneActualités Oise après avoir été fait brutalement lynché à la fin des cours.
La jeune fille de 17 ans, élève de dernière année au lycée privé catholique Saint-Vincent de Paul, à Beauvaisdans l’Oise, a été violemment agressée à quelques pas de son école, par une bande de filles mineures, le 9 janvier.
Des coups de pied dans la tête
Propulsée au sol, elle essuya une trentaine de coups de poing et de piedsurtout dans la tête. Transportée à l’hôpital de Beauvais pour des douleurs au poignet et à la tête, elle s’en est sortie sans blessure physique grave, mais avec deux jours d’ITT et un poignet très endommagé.
Une attaque particulièrement choquante, filmée par un mineur, se prêtant aussi aux coups envoyés. La scène alors diffusé sur les réseaux sociauxy compris Snapchat et Telegram.
Des plaintes ont depuis été déposées au commissariat pour violences en réunion et menaces.
La vidéo de mon attaque est toujours diffusée aujourd’hui. Depuis, j’ai du mal à dormir. Les images de l’attaque me traversent encore la tête.
Vengeance après une plainte pour viol
La raison de cette explosion : une précédente plainte pour viol déposé par le lycéen à la gendarmerie Méru en novembre 2024. « Ils n’ont pas apprécié que nous déposions plainte et nous font pression pour que nous la retirions », explique Christophe, le père de la jeune fille.
Selon leur témoignage, les filles que l’on voit se faire tabasser sur la vidéo ont un lien plus ou moins étroit avec l’auteur présumé du viol, l’ancien petit ami de Célia, également mineur. « Même si nous retirons notre plainte, je pense que les violences continueraient quand même », se plaint le père.
C’est devenu implacable. Je veux juste protéger mon enfant parce que cela aurait pu être bien pire. Heureusement, elle a pu protéger sa tête.
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Elle ne va plus au lycée
Dans son malheur, la lycéenne raconte alors avoir été menacé par un gang d’une dizaine de personnes à la gare routière de Beauvais le 13 janvier, quelques jours après son agression. Depuis, par peur, elle ne va plus au lycée. « Elle ne pourra pas passer son diplôme », craint son père.
Malgré les dépôts de plainte, « personne ne bouge », s’indigne-t-il. « Ce que je souhaite, c’est que la Justice fasse son travail. Laissez ces filles se calmer. J’essaie de voir si ma fille peut changer de lycée… »
Il a également peur que le groupe attaque quelqu’un d’autre. « La police doit au moins des tours à la sortie du lycée.
L’école dit faire « tout son possible » pour le soutenir
Contactée par nos soins, la directrice du lycée privé catholique Saint-Vincent de Paul, Mme Legrand, confirme avoir échangé avec l’élève et sa famille. “Nous avons pris soin de la jeune fille pour l’accueillir de retour de cette agression et la soutenir du mieux que nous pouvions.”
Nous faisons tout notre possible pour accompagner cet étudiant d’un point de vue psychologique et académique (…). Les étudiants sont sensibilisés au harcèlement et au cyberharcèlement au sein de l’établissement. Concernant la vidéo, nous avons réagi en informant les élèves de la classe de cet élève et en leur disant de ne pas la diffuser.
Mais alors, comment éviter à l’avenir de telles attaques à proximité du lycée ? « L’établissement est ouvert jusqu’à 17h45 pour que les jeunes puissent attendre à l’intérieur leur transport, pour éviter de rester en ville tout en restant en sécurité », répond le directeur.
Selon le chef de l’établissement, les auteurs des attentats ne sont pas scolarisés dans ce lycée. Une enquête aurait été ouverte. Sollicité, le procureur de la République de Beauvais n’a, à ce jour, pas encore répondu à nos questions.
* : le prénom a été modifié
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