Dans l’imaginaire collectif comme dans la réalité de la Super Ligue, Yverdon reste perçu comme un petit club. Il en est ainsi et le restera sans doute toujours, malgré les efforts déployés par Jamie Welch, son propriétaire américain, pour en modifier progressivement la taille.
Cela peut faire son charme quand le succès est là comme il l’a déjà été ; mais cela peut aussi vite représenter les limites d’un système – celui du trading excessif de joueurs – lorsqu’il s’agit de lutter pour sauver ce qui doit l’être.
Paul Bernardoni (27 ans) est sans doute au courant de tout cela alors que le club nord-vaudois s’apprête à entamer sa périlleuse opération ce dimanche sur les bords de la Limmat, face au FC Zurich (coup d’envoi 14h15 maintenance. Le gardien du Le stade municipal parle de ce qui doit changer pour que l’avenir de YS soit toujours dans l’élite suisse en juillet prochain.
Paul Bernardoni, quel est votre état d’esprit avant cette reprise ? Quel sentiment prédomine ?
Une certaine impatience car on a tous envie d’être là. Notre camp au Portugal nous a permis de nous retrouver tous ensemble. Je sens que l’équipe est prête, je crois en tout le monde. Cela doit être le début d’un nouveau cycle. On est tous partants, c’est super. Maintenant que le terrain va parler, Zurich sera notre première bataille. Face à nos adversaires, nous voulons leur marcher dessus.
Que faudra-t-il changer radicalement pour ne pas revivre une première partie de saison aussi délicate ?
Trouvez la bonne mentalité au fil du temps. Nous l’avions parfois mais nous le perdions aussi parfois. Cela nécessite de se faire davantage de mal et de se convaincre que l’on n’est pas moins bon que les autres. Le vestiaire est sain. Tout le monde n’a pas un vestiaire aussi solidaire que le nôtre. Le positif mène au positif. Ici, je suis entouré de bons gars. Mais peut-être que nous nous comportions parfois comme des garçons trop gentils.
Un vestiaire solidaire, sain comme vous le dites, n’est-ce pas paradoxalement dangereux ? Cela pourrait signifier un manque de leadership, des gens qui parlent fort, n’est-ce pas ?
Oh, ne vous inquiétez pas, nous savons aussi comment nous dire les choses en face lorsque la situation l’exige. C’est sans doute la chose la plus difficile à faire dans ce milieu mais c’est aussi ce qui permet d’avancer. Alors oui, nous savons déjà des choses et certaines vérités qui ont été dites à plusieurs reprises. Et si c’est à refaire, nous le referons !
Un changement d’entraîneur (ndlr : Paolo Tramezzani a remplacé Alessandro Mangiarratti pendant la pause), c’est toujours l’expression d’un échec. Personnellement, comment l’avez-vous vécu ?
Je sais que cela fait partie de la vie du football même si, en tant que joueurs, nous en sommes les premiers responsables. Chaque changement apporte de nouvelles choses. Je me suis battu pour l’ancien coach, je ferai la même chose avec le nouveau. Mais ce pour quoi je me bats le plus, c’est le club. Nous avançons main dans la main, avec un objectif partagé par tous, maintenir Yverdon pour évoluer et grandir.
-Si nous devions évoquer un premier signe de ce changement, quel serait-il ?
Impact dans le travail, qualité dans l’engagement. On a appuyé sur reset, on repart sur une nouvelle page, il y a tout à créer.
Selon vous, quelle sera la clé pour maintenir cela ?
La qualité individuelle existe mais nous devons être plus forts en équipe. Ce que nous faisons bien, nous devrons le réussir davantage avec le temps. On ne peut plus se permettre de rater un match, de laisser bêtement filer des points alors que chaque point compte. Cela dit, je préfère être dans notre situation plutôt qu’à la place de Grasshopper ou de Winterthur qui sont derrière nous. Nous avons déjà montré que nous pouvons battre tout le monde. C’est la preuve que nous sommes capables de réaliser de grandes choses.
La saison dernière, Yverdon a assuré son terrain en obtenant 40 de ses 47 points devant son public. Cependant, ce type d’assurance-vie a depuis complètement disparu. Que s’est-il passé pour y arriver ?
Alors ça, si je savais… J’ai parfois ressenti un moment de découragement quand on a encaissé le premier but, c’est vrai. Nous étions sur une corde raide, acceptant trop facilement ce qui nous arrivait. Il faut croire davantage en nous, vraiment entrer sur le terrain pour gagner. Quand on est dans le couloir qui mène au terrain à côté des gars de l’autre équipe, il ne faut pas avoir peur d’eux. Oui, avec le soutien de nos supporters, il faut retrouver ce qui a fait notre force à domicile.
Cela fait un an que vous êtes arrivé à Yverdon. Qu’avez-vous découvert sur la Suisse et son championnat ?
Je suis surpris par le niveau, y compris les infrastructures, avec de belles équipes. La vie en Suisse est très agréable. Mon partenaire aime ça, et c’est important. C’est un petit pays mais avec beaucoup de choses à visiter. Sur un plan plus personnel, cette première année m’a redonné goût au football, j’ai retrouvé la notion de plaisir que j’avais perdue. C’est d’autant plus vrai que je m’identifie aux valeurs du club.
Paolo Tramezzani : « Sion sera toujours spéciale pour moi »
A 54 ans, Paolo Tramezzani n’a pas changé. Le Monsieur hésite encore à s’exprimer en français ou à l’apprendre. Dans la salle de conférence du YS, c’est en jonglant avec l’italien et l’anglais qu’il a évoqué ce jeudi devant la presse son arrivée dans ce coin du pays. «Je suis heureux d’être ici. Je connais la situation, il n’y a rien de nouveau, ce sont des situations que j’ai déjà vécues ailleurs. Je connais l’importance pour Yverdon de sauver la Ligue. Ce ne sera pas facile mais cette voie existe. Sur quoi a-t-il insisté lors de la préparation, notamment lors du stage au Portugal ? « Engagement, caractère », répond-il. Le talent seul ne suffit pas. L’état d’esprit est plus important que la tactique choisie.
Le nom de Tramezzani, qui s’est fait connaître à Lugano, reste inexorablement lié au FC Sion, qu’il a entraîné quatre fois. « Trois fois, nous nous sommes enfuis. La dernière fois, ça n’a pas marché. L’émotion prend le dessus lorsqu’il évoque ces différentes visites à Tourbillon, la complicité qu’il a su créer avec la famille Constantin. « Sion sera toujours spécial pour moi, c’est plus qu’un club. Je n’oublierai jamais ce que Christian (NDLR : Constantin) l’a fait pour nous lorsque ma femme a eu un cancer.
Le 29 mars, Tramezzani retrouvera Tourbillon avec Yverdon lors de la 29ème journée. “Ce sera forcément un match particulier, plein d’émotions (…) Vous savez, même si Sion se retrouvait un jour en 5e division, je serais prêt à revenir l’entraîner !”