Par Le Figaro avec AFP
Publié
15 janvier à 8h48,
mis à jour 15 janvier à 17h37
La Française, qui revient sur la route après dix ans consacrés au VTT où elle est devenue championne olympique à Paris, se confie dans un entretien à l’AFP.
Vous revenez au cyclisme sur route onze ans après avoir remporté votre titre mondial. Quelles sont vos premières impressions ?
Pauline Ferrand-Prévot: Quand je suis arrivé au camp de décembre, le coach m’a dit : « tu as l’air surpris ». Je ne pensais pas que le niveau était si élevé. Avant, c’était beaucoup plus hétérogène. La nutrition a également beaucoup évolué et joue un rôle essentiel dans la performance. Les tactiques d’équipe sont devenues cruciales. C’est véritablement devenu un sport d’équipe.
Cela vous semble-t-il étrange de vous retrouver en équipe après avoir travaillé seul sur un VTT ?
C’est vrai que j’ai été plutôt isolé pendant des années. Quand on a cinq heures de vélo à faire, c’est plus sympa quand on est en groupe et qu’on peut discuter, ça passe un peu plus vite. Avant, j’étais seul dans une chambre, maintenant je dois partager la chambre avec quelqu’un. C’est un sport complètement différent.
Le cyclisme féminin a-t-il beaucoup évolué ?
Il évolue d’une manière qui pourrait ne plus jamais évoluer. Je me souviendrai toujours d’une phrase que je disais à ma mère quand j’avais huit ans : « J’aurais aimé être un garçon pour faire le Tour de France ». Aujourd’hui, les jeunes filles ont une opportunité incroyable de faire du Tour de France leur rêve. C’est aussi pour cela que je ne voulais pas arrêter ma carrière. Je voulais vivre ça.
Avec un objectif fort, le Tour de France que vous souhaitez remporter d’ici trois ans ?
C’est mon rêve. Avoir gagné les Jeux à domicile était incroyable. Gagner le Tour de France serait, je pense, un sentiment encore plus grand. Mais cela ne viendra pas tout de suite. Je reste prudent car je n’ai aucune idée de quel est mon niveau par rapport aux meilleurs. Je ne veux pas vendre du rêve et finir je ne sais combien de fois.
Je ne suis pas revenu sur la route pour me faire descendre.
Pauline Ferrand-Prévot
L’objectif est-il toujours de gagner des courses rapidement ?
Clairement. Je ne suis pas revenu sur la route pour me faire descendre. Je pourrais me faire gifler. Finalement, c’est un peu l’histoire de ma vie. Je pense que je suis une personne résiliente.
Vous pensez déjà être compétitif ?
Lors du dernier test en décembre, j’ai battu mon record absolu de cinq minutes, donc je pense que je suis à un niveau correct. Je me suis déjà beaucoup entraîné auparavant donc je n’ai pas besoin de refaire ces connaissances de base. Mais j’ai perdu en explosivité. Et manger autant à vélo est nouveau pour moi. En VTT ce n’est pas forcément nécessaire, c’est une balade d’une heure et demie. Mais lorsque vous courez pendant 3h30 et qu’on vous demande de manger six gels par heure, si vous n’y êtes pas habitué, votre corps ne digère pas. C’est ce qui m’est arrivé aux Mondiaux (abandon en septembre à Zurich).
Quel type de pilote pensez-vous être sur la route aujourd’hui ?
Je pense que je suis bon presque partout mais pas très bon quelque part. Je vais devoir me spécialiser. Ce sera aussi le but des parcours en altitude, avec des montées assez longues. Pour gagner aujourd’hui, il faut donner le meilleur de soi-même pendant cinq minutes à la fin de la course. Ça va être l’objectif : être encore super frais après 3h30 de course pour pouvoir attaquer.
Il y aura beaucoup d’attente. Êtes-vous prêt pour cela ?
Les Jeux m’ont appris que savoir dire non n’est pas mauvais. Je n’ai plus 20 ans. J’ai suffisamment de recul pour me protéger et me mettre en premier.
Belgique