l’essentiel
Avec 85 chanteurs, la chorale du lycée Clément Marot de Cahors n’a jamais eu autant d’inscrits. Régis Daniel, le professeur de chant, est ravi. Les programmes télévisés, notamment Star Academy, ne sont pas étrangers à cet engouement.
Avant, elle ne chantait que dans sa chambre ou lorsque ses parents lui tournaient le dos. Désormais, elle donne sa voix devant 84 autres apprentis chanteurs, comme elle. Anouck, 16 ans, suit des cours de chant au lycée Clément Marot de Cahors depuis la rentrée. Ses amies, Marie-Lou et Capucine, jouent du piano. Anouck n’a jamais joué d’un instrument. Mais elle a toujours aimé la musique. D’autant que depuis deux mois, le lycéen regarde la Star Academy à la télévision. Et ça lui donne aussi envie de chanter. « Surtout quand je vois Ebony, une des finalistes. J’aime beaucoup sa voix et son style», observe-t-elle, la partition de I’m Free, de Stevie Wonder, entre ses mains. Un nouvel engouement pour les cours de chant lié à l’effet « Star Ac’ » ? En tout cas, le phénomène n’a pas échappé à Régis Daniel, le professeur de chant de cette chorale de lycée qui mélange tous les niveaux.
C’est simple : elle n’a jamais eu autant d’élèves que depuis la dernière année scolaire. 85 chanteurs cette année contre 70 l’année dernière et 60 l’année précédente. « On retrouve un effectif important, semblable à celui d’avant Covid. Les concours de talents n’ont rien à voir là-dedans. On sait que les jeunes regardent The Voice et la Star Academy. Ces spectacles suscitent l’enthousiasme et créent de l’émulation », reconnaît-il. Lui donne cours tous les mercredis, de 13h à 14h. Dans la salle de musique, il n’y a pas assez de chaises pour tout le monde.
Elle chante devant Star Ac’
Ce mercredi, debout au synthé, Régis Daniel, encourage le grand pour élever la voix. « Et je suis libre, d’être nulle part, mais partout où j’ai besoin d’être… », commence-t-il en tapant du pied sous le clavier pour clarifier le rythme. C’est alors au tour de ténors, quatre garçons derrière le bureau avec des voix plus graves. Depuis la rentrée, les élèves ont déjà répété le Requiem de Mozart et des chansons d’Aretha Franklin. Un répertoire exigeant qui doit néanmoins être adapté à tous les niveaux. « Certains ont une technique vocale irréprochable car ils suivent déjà des cours de chant au conservatoire, d’autres chantent avec moins de justesse. Mais tous gagnent en concentration, en maîtrise et en mémoire. C’est vraiment gratifiant pour moi d’aborder la musique classique avec un jeune public », souligne encore le professeur. Face à lui, une large majorité de filles âgées de 15 à 18 ans. Parmi eux, Amandine. La lycéenne de 17 ans n’en est pas à son coup d’essai. Elle a pris l’option chorale dès la deuxième année.
Chaque année, elle regarde la Star Academy avec assiduité. « J’ai toujours aimé la musique, je joue aussi de la guitare », précise-t-elle. Samedi soir, la lycéenne se retrouve à chanter devant la télévision. D’ailleurs, elle aimerait en faire son métier. «Disons que c’est dans un coin de ma tête. Mais les chances sont si faibles que j’abandonne progressivement l’idée », confie-t-elle. Dans un autre coin de son esprit, elle imagine devenir chercheuse en santé. En attendant, elle se permet de rêver devant Star Ac’, même si elle estime “qu’un artiste qui arrive à montrer son talent sans avoir été dans une émission télé est plus intéressant”. Elle suit particulièrement l’évolution de deux candidats : Franck et Ebony. Comme eux, elle aime les chansons avec texte et chant. Whitney Houston, par exemple. « Les quatre voix, c’est parti, nous sommes à la mesure 71 », poursuit l’enseignante. Les étudiants doivent être opérationnels : ce jeudi, ils donnent un concert au théâtre Mazades à Toulouse, dans le cadre d’un festival. Le 10 mars, ils seront sur scène à l’Auditorium de Cahors, le 20 mai à Eurythmie, à Montauban et le 22 mai à la Prade de Pradines. Et qui sait. D’Euryhtmie à la Star Academy, il n’y a parfois qu’un pas…