Le Football genevois –
Le CS Chênois secoué par les guerres de pouvoir
Un groupe de joueurs accuse le comité directeur d’avoir outrepassé ses droits et violé les statuts du club. Leur équipe a été retirée du championnat.
Publié aujourd’hui à 14h52
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- Le CS Chênois est secoué par des conflits internes et une lutte de pouvoir.
- Les joueurs seniors accusent le comité directeur de ne pas respecter les statuts du club.
- L’assemblée générale ordinaire qui s’est tenue le 23 décembre est vivement contestée par ces acteurs qui réclament son annulation.
- Le conseiller administratif de Chêne-Bourg Jean-Luc Boesiger indique qu’il rencontrera prochainement la direction du club.
Retrait immédiat d’une équipe du championnat des vétérans, assemblée générale supervisée par des agents de sécurité, courriers à l’Association suisse de football… Mais que se passe-t-il au CS Chênois ?
Depuis plusieurs mois, le club de football de la Rive Gauche est divisé par des conflits internes sur fond de luttes de pouvoir. Une situation qui oppose la direction actuelle, en place depuis quinze ans, à un groupe qui pourrait bien se voir lui succéder.
Tout commence en octobre 2024, lorsque des joueurs d’une des équipes seniors (c’est à dire celles de plus de 30 ans) demandent au CS Chênois d’organiser une assemblée générale extraordinaire. La lettre est signée par 21 joueurs, comme le stipulent les statuts du club qui exigent au moins 20 initiales de membres pour convoquer une telle réunion.
« Selon ses statuts, le club doit organiser une assemblée générale par an, dans les six mois qui suivent la fin du championnat », rappelle Arsène*, joueur de l’équipe senior et signataire.
Or la dernière assemblée générale arrêtant les comptes de la saison 2021-2022 datait de mars 2023. Les exercices des deux dernières saisons n’avaient donc pas encore été validés. “Nous avons trouvé scandaleux qu’un comité se permette d’aller au-delà des règles statutaires de base alors que la quasi-totalité des revenus du club provient de subventions communales et des cotisations des membres.”
Equipe retirée du championnat
Un mois plus tard, par courrier, le comité CS Chênois informe le groupe que leur demande est refusée. Son explication : de nombreux signataires n’auraient pas le statut de membre. Le président, Ivano Bisetto, leur indique cependant qu’une assemblée générale ordinaire sera organisée prochainement.
Dans la même missive, les joueurs apprennent que le club a également décidé de retirer leur équipe du championnat « avec effet immédiat ». Une décision communiquée début décembre 2024 par l’Association cantonale de football de Genève (ACGF) qui aura coûté 500 francs d’amende au CS Chênois.
La raison ? Trop de cotisations impayées. «Il n’y en avait que dix sur 27 qui n’avaient pas encore payé», s’agace Arsène. Par ailleurs, plusieurs personnes avaient reçu une confirmation par mail du directeur technique, Patrick Schmid, qui stipulait que nous avions jusqu’au 31 décembre pour payer les cotisations.
Une version que le club – qui ne s’exprime que par l’intermédiaire de son avocat et uniquement sur ce point – dément. “Au contraire, seuls neuf joueurs avaient réglé leurs cotisations”, rétorque Me Claudio Fedélé. Et ce, alors même que les factures à payer dans les trente jours avaient été envoyées le 8 août. Les délais de paiement du 31 décembre n’avaient été accordés qu’à deux joueurs qui en avaient fait la demande.
Si le club nie qu’il s’agisse d’une sanction, pour certains joueurs, le timing n’est pas un hasard. « J’ai payé de ma poche toutes les cotisations manquantes le jour même », raconte Arsène. Cependant, notre équipe n’a toujours pas été réintégrée.
AG sous-surveillance
Parallèlement, la direction fixe enfin la date de sa prochaine assemblée générale ordinaire le lundi 23 décembre à 14 heures. Selon Arsène, aucun joueur du club n’aurait reçu de convocation. «Je suis tombé sur la date par hasard», raconte-t-il. Toutefois, selon les statuts, les membres cotisants sont normalement invités et disposent du droit de vote.
Cet après-midi précédant les vacances, 22 coéquipiers s’y sont rendus. Quelques jours plus tôt, cinq d’entre eux, dont Arsène, avaient adressé au club une lettre indiquant leur volonté de présenter leur candidature au comité directeur du CS Chênois, qui doit être réélu lors de l’assemblée générale.
Mais lorsqu’ils entrent dans la salle, deux agents de sécurité les en empêchent, sous prétexte qu’ils ne sont « pas sur la liste ». « Pourtant, ils ont laissé deux coachs, le gérant de la buvette ainsi que sa femme et son fils, alors qu’aucun d’entre eux n’était adhérent au sens des règles statutaires ! Nous avons interrogé l’Association Suisse de Football (ASF) ainsi qu’un avocat qui nous a assuré que nous étions membres jusqu’au 30 juin 2025 car nous avions payé nos cotisations. Et ce, même si notre équipe a été retirée du championnat, relate Arsène. Évidemment, le comité et l’actuel président ont été réélus par une poignée de personnes sélectionnées par eux.
La direction du club indique, par la voix de son conseil, qu’elle ne fera aucun commentaire concernant cette assemblée générale et les conditions dans lesquelles elle s’est tenue. « Pour moi, c’est clair que le président et le directeur technique avaient peur qu’on présente un nouveau comité donc ils nous ont évincés », raconte Arsène.
Le « vrai visage du management »
Si le CS Chênois refuse de s’exprimer davantage, certaines voix font état d’une manœuvre menée par un « putschiste » dépité qui voudrait prendre le pouvoir du club après avoir vu ses demandes d’entrée au comité refusées.
« Lorsque j’ai exprimé mon souhait de rejoindre le comité pour développer un projet de formation, le président et le directeur technique m’ont bien fait comprendre que le comité, en fait, c’était eux deux », se souvient Arsène. Notre demande de réunion extraordinaire aura certainement révélé le vrai visage d’une direction en place depuis plus de quinze ans et qui semble s’approprier le club, oubliant les principes fondamentaux du droit associatif et le rôle central de ses adhérents.
Les acteurs concernés réclament désormais que l’assemblée générale du 23 décembre soit déclarée nulle et qu’une nouvelle date soit rapidement proposée. Ils espèrent également que leur équipe retrouvera le championnat le plus rapidement possible.
Les membres de l’équipe senior attendent également une réaction des communes. Ils ont notamment contacté Jean-Luc Boesiger, président du conseil intercommunal regroupant Thônex, Chêne-Bourg et Chêne-Bougeries.
« Ce qui nous importe, c’est avant tout que le club ait des finances saines, que l’assemblée générale ait eu lieu et qu’elle ait été organisée dans le respect des statuts du CS Chênois », commente Jean-Luc Boesiger, également conseiller. bureau administratif de Chêne-Bourg. Il semble que ce soit le cas mais je rencontrerai prochainement la direction du club pour en discuter.
Léa Frischknecht est journaliste PR à la section Genève. Après un baccalauréat en sciences politiques à l’Université de Genève, elle a obtenu son master à l’Académie des médias et du journalisme de l’Université de Neuchâtel.Plus d’informations
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