« Nous étions un groupe d’amis qui n’avaient peur de rien. Avec cette équipe, nous avons vécu une période folle…» – rts.ch

A l’heure où la Super League reprend ses droits, RTSsport.ch s’est entretenu avec Guillaume Katz (bientôt 36 ans), ancien capitaine de Lausanne notamment, pour un nouvel épisode “Dans le rétro”. L’ancien défenseur, dernier buteur du LS en Coupe d’Europe, s’est exprimé sans filet, laissant échapper plusieurs belles anecdotes. Savoureux.

Retour sur le parcours de Guillaume Katz (Lausanne) / / 2 min. / aujourd’hui à 07h26

RTSsport.ch : Guillaume Katz, commençons par parler du plus grand moment de votre carrière…

GUILLAUME KATZ : Alors parlons de l’aventure européenne avec Lausanne-Sport (ndlr : saison 2010/2011)quand nous étions en Challenge League. Il y a d’abord eu la qualification homérique aux tirs au but à Moscou (ndlr : contre le Lokomotiv)puis les matchs contre Palerme, le Sparta Prague, le CSKA Moscou… Pendant 6-8 mois, avec ensuite la promotion dans l’élite, ça a été très fort. Ça a été une période folle.

RTSsport.ch : Vous avez marqué contre les Tchèques, à Pontaise…

GUILLAUME KATZ : Oui, de la tête. Je suis aussi le dernier buteur lausannois en Coupe d’Europe. J’espère que ça changera vite ! Mais ce succès n’est pas le meilleur de cette campagne. Pour moi, c’était tout ce qu’il y avait autour et dans l’équipe. Nous étions un groupe d’amis qui n’avaient peur de rien. Il y avait une cohésion incroyable entre les jeunes Suisses de l’effectif et les autres joueurs, y compris les quelques Brésiliens qui jouaient avec nous. Nous sortions d’une saison moyenne en Challenge League mais avions vécu une finale de Coupe qui nous a permis de vivre ce rêve européen. Nous étions tous dans la même humeur. Nous passions notre temps ensemble, y compris en dehors des entraînements. Nous sommes allés même à Prague ou à Moscou, mais nous avons ensuite fait le travail sur le terrain. Nous avons supposé, même s’il y avait quelques vétérans, comme Fabio Celestini, nous rappeler certaines choses (rires).

RTSsport.ch : Maintenant qu’il y a une prescription, quelle a été la plus grande fête de votre « vie sportive » ?

GUILLAUME KATZ : Il y a eu une soirée incroyable à Moscou, après notre match de Ligue Europa contre le CSKA. (ndlr : perdu 5-1 le 2 décembre 2010). Ancien joueur du YB, Seydou Doumbia est venu nous dire que si on sortait après le match, on pourrait se retrouver à un certain endroit. Nous avons suivi son conseil et nous sommes retrouvés dans une discothèque de la Place Rouge. En fait, nous nous sommes présentés à la fête de Noël du CSKA. Chaque joueur avait son traducteur, son chauffeur. C’était légendaire, fou !

Seydou Doumbia, alors joueur du CSKA Moscou, emmenait les Lausannois dans une folle fête près de la Place Rouge après un match de Ligue Europa. [KEYSTONE – MISHA JAPARIDZE]

RTSsport.ch : À quel moment de votre carrière vous êtes-vous senti le plus seul ?

GUILLAUME KATZ : Quand Marco Simone est arrivé à la tête du LS (ndlr : saison 2014/2015). Avec lui, le courant n’est jamais passé. Il m’a enlevé le brassard, puis m’a repoussé au fond du banc. Il m’a aussi attaqué dans la presse… Je me sentais inutile. Nos résultats ont été catastrophiques et c’était encore plus dur pour moi, car Lausanne est mon club préféré. Je connaissais tout le monde et je l’ai vu couler…

RTSsport.ch : Et à l’inverse, quand vous êtes-vous senti le plus fort ?

GUILLAUME KATZ : Précisément pendant la période Challenge League/Europa League. Nous nous sentions forts en équipe, en tant que collectif et, à partir de là, je me sentais fort aussi. Nous pourrions regarder tout le monde dans les yeux ; les Wagner Loves, le Javier Pastore, le Fabrizio Miccoli, le Salvatore Sirigu, etc. Nous savions que même contre eux nous n’allions pas être ridicules.

RTSsport.ch : Parmi tous les joueurs que vous avez affrontés, lequel vous a le plus marqué ?

GUILLAUME KATZ : Yassine Chikhaoui, FC Zurich (ndlr : Arnaud Bühler nous a dit la même chose). Le gars survolait le championnat. Malheureusement, il était souvent blessé. Mais honnêtement, il était tellement fort ! Il y avait aussi Mohamed Salah, bien sûr, qui était vraiment impressionnant en termes de vitesse. A partir de 5 mètres, il était tout simplement injouable. Après, de là à imaginer la trajectoire qui a été la sienne…

RTSsport.ch : Selon vous, qui était votre coéquipier le plus fort ou le plus sous-estimé ?

GUILLAUME KATZ : Pascal Feindouno (ndlr : ancien joueur des Girondins de Bordeaux et de Saint-Etienne notamment, passé par Lausanne en 2013/2014). Il était très doué techniquement, très juste. En plus, c’était un super acteur, une super ambiance, un gars idéal dans un vestiaire. A la fois le plus fort et le plus fou (rires).

Guillaume Katz, brassard au bras, fait la fête avec Pascal Feindouno (à sa droite), un joueur qui a marqué sur et en dehors du terrain. [freshfocus – Christian Boss/freshfocus]

RTSsport.ch : Vous avez notamment côtoyé Kwadwo Duah, Christian Fassnacht et Andi Zeqiri, alors inconnus…

GUILLAUME KATZ : Oui, et j’ai remarqué que Kwadwo avait quelque chose en plus. Il a peu joué à Winterthour, mais au niveau de l’explosivité et vu la puissance qu’il dégageait, on ne pouvait s’empêcher de le remarquer. Je l’avais également recommandé à l’époque à Lausanne. Fassnacht et David von Ballmoos étaient également parmi nous. C’était vraiment un bon moment à « Winti » ; nous avions une équipe formidable et intéressante, mais malheureusement nous n’avons jamais obtenu les résultats escomptés.

Nous étions un troupeau de Vaudois contre un troupeau de Genevois. On a défendu nos clubs, la rivalité était énorme et, sur le terrain, c’était la guerre. Mais entre nous tous, cela n’a jamais dépassé le rectangle vert.

Guillaume Katz, ancien défenseur et capitaine du Lausanne-Sport

RTSsport.ch : Qui était l’adversaire le plus méchant ?

GUILLAUME KATZ : Il y avait des adversaires qui pouvaient faire du mal, qui voulaient faire du mal. J’ai été agressif, mais dans le bon sens du terme, sans avoir l’intention de blesser la personne en face. Apparemment, d’autres n’étaient pas de cet avis. Je pense notamment à Ndiassé Ndiaye, qui jouait au Servette (ndlr : Vullnet Basha avait abandonné le même nom). Il est clairement venu pour faire mal à son adversaire…

RTSsport.ch : Matias Vitkieviez nous a dit, début 2023, que vous aviez été son adversaire le moins amicalmais vous avez fini par devenir amis…

GUILLAUME KATZ : J’avais lu ça et je considère que « Mati » m’a fait un joli compliment. Nous nous affrontions souvent dans des derbys lémaniques qui étaient chauds. Nous étions un troupeau de Vaudois contre un troupeau de Genevois. On a défendu nos clubs, la rivalité était énorme et, sur le terrain, c’était la guerre. C’est aussi ce qui a plu aux supporters. Mais entre nous tous, cela n’a jamais dépassé le rectangle vert. Je pense qu’on a toujours su relativiser les choses. Avec Vitkieviez, Tibert Pont et d’autres, on s’amuse désormais à se voir, à discuter.

RTSsport.ch : Et quels adversaires vous ont posé trop de problèmes ?

GUILLAUME KATZ : Hormis Chikhaoui et Salah, il faut parler du duo Alexander Frei/Marco Streller. Quand ils étaient ensemble à Bâle, c’était terrible. Non pas que ce soit impressionnant, mais tout allait si bien ; dans les déviations, les captures de balle, les mouvements. A chaque fois, c’était un défi de jouer contre eux… et ça finissait souvent mal.

RTSsport.ch : Quel entraîneur vous a le plus marqué ?

GUILLAUME KATZ : Laurent Roussey. Il m’a promu capitaine à Lausanne, alors que j’avais moins de 20 ans. C’était une énorme marque de confiance, quelque chose de très fort pour moi. Je mentionnerais également l’excellent entraîneur Fabio Celestini. En termes de football pur, c’était celui qui avait les idées les plus claires et les plus justes. On sentait que tout était pensé, calculé, presque comme du basket. Il était en avance sur tout le monde. Lorsqu’il était notre coéquipier, il était plus qu’un relais pour l’entraîneur Martin Rueda, presque son assistant. Difficile de ne pas le voir comme un futur excellent homme de banc.

RTSsport.ch : Y a-t-il un choix de carrière que vous regrettez ?

GUILLAUME KATZ : L’Hapoel Tel-Aviv m’a fait une offre très intéressante. J’étais allé en Israël. Sauf qu’entre le moment où je suis monté dans l’avion et mon arrivée, le coach avait été licencié. Son remplaçant m’a tout de suite dit qu’il n’avait aucune idée du club, qu’il ne me connaissait pas et que ça allait être compliqué. Je n’ai pas insisté. Mais ça aurait été formidable de vivre une aventure dans un club avec une grande culture footballistique.

Aujourd'hui, Guillaume Katz est coordinateur marketing pour Lausanne-Sport. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Aujourd’hui, Guillaume Katz est coordinateur marketing pour Lausanne-Sport. [KEYSTONE – JEAN-CHRISTOPHE BOTT]

RTSsport.ch : Quelle histoire n’as-tu jamais racontée ?

GUILLAUME KATZ : Il s’est passé quelque chose lors de la saison 2012/2013, celle où on s’est enfui en Super League sous le nez du Servette. Avant l’ultime trêve internationale, Laurent Roussey nous accorde 2 jours de repos alors qu’il a failli faire 3 matches/9 points pour se sauver. J’ai dit au groupe : «Nous ne sommes pas obligés de partir, nous devons essayer quelque chose…« Nous avons donc réservé une sorte d’écurie dans la Vallée de Joux. Certains étaient mécontents, car ils auraient préféré passer 2 jours en famille ou quelque chose comme ça, mais nous sommes tous partis quand même. Il faisait froid, il n’y avait pas de toilettes uniques pour tout le personnel, nous devions préparer à manger. Au début, je ne me suis pas lié d’amitié avec mon idée, mais nous avons passé deux jours incroyables. On a commencé par faire un « pet ». ensemble.

RTSsport.ch : Et ?

GUILLAUME KATZ : Et tout cela a fait fonctionner le truc. Nous avons découvert des liens particuliers alors qu’il semblait y avoir une véritable scission au sein de l’équipe. Ces deux journées ont créé un déclic et on a enchaîné notamment avec une victoire à Lucerne avec un but du milieu Nicolas Marazzi et une erreur de David Zibung, puis on en a marqué 3 au Servette. Tout s’est déroulé à merveille. Parfois, on reparle de ce week-end. Ces moments, je crois, n’arrivent plus aujourd’hui et je le déplore. L’autre jour, Alain Nef (ndlr: ex-joueur zurichois et ancien international suisse) m’a dit qu’avant, le football était plus cool. C’est sans aucun doute vrai. Aujourd’hui, il y a les analyses GPS, puis les réseaux sociaux. Alors oui, c’est plus professionnel qu’avant, mais j’ai adoré mon temps. Nous étions certes plus libres, mais nous assumions nos responsabilités sur le terrain.

Arnaud Cerutti / Video subject: Jérémie Henriod

 
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